Trois voyageurs arrêtés à l’aéroport d’Alger pour tentative de trafic de devises, les passagers à destination de Dubaï et Istanbul ont été interceptés avec plus de 20 000 euros dissimulés dans leurs effets personnels. Présentés devant le tribunal de Dar El Beïda, ils sont poursuivis pour infraction à la législation sur les mouvements de capitaux. Ces affaires relancent le débat sur l’ampleur du trafic de devises en Algérie et les moyens déployés pour endiguer ce phénomène.
Une opération menée par la police de l’aéroport d’Alger
Les faits se sont déroulés au sein de l’aéroport international Houari Boumediene. Lors de contrôles de routine, les scanners de sécurité ont permis de détecter des sommes importantes en devises, soigneusement dissimulées. Les trois voyageurs avaient chacun recours à des méthodes différentes pour tromper la vigilance des agents :
- un sexagénaire a caché près de 8 700 € sous sa ceinture,
- un père de famille avait dissimulé 6 500 € dans ses vêtements,
- un troisième passager tentait de faire sortir 6 500 € dans une boîte de médicaments.
Ces montants, non déclarés et dépourvus de justificatifs bancaires, ont immédiatement été saisis.
Devant le tribunal de Dar El Beïda
Les trois dossiers ont été examinés séparément par le tribunal de Dar El Beïda.
- Le premier mis en cause, affirmant avoir oublié son document bancaire dans un taxi, a tenté de plaider la négligence.
- Le deuxième a soutenu qu’il comptait déclarer son argent aux services des douanes, avant d’être découvert.
- Le dernier a nié avoir caché les fonds dans une boîte de médicaments, accusant les procès-verbaux de contenir des erreurs.
Malgré leurs explications, le parquet a requis deux ans de prison ferme et des amendes équivalentes au double des sommes saisies.
Le trafic de devises, un fléau récurrent en Algérie
Ces affaires illustrent un problème persistant en Algérie : la sortie illégale de devises. Depuis plusieurs années, les autorités multiplient les saisies à l’aéroport d’Alger, mais aussi dans d’autres aéroports du pays.
Les principales destinations concernées sont la Turquie, les Émirats arabes unis et parfois l’Europe, où ces fonds servent à divers achats ou investissements non déclarés. Selon des experts, ce type de pratiques contribue à fragiliser l’économie nationale, déjà mise sous pression par un marché parallèle des devises particulièrement actif.

Des sanctions sévères mais insuffisantes ?
La loi algérienne encadre strictement la sortie de devises. Chaque voyageur ne peut légalement emporter que 1 000 € en espèces sans justificatif, ou davantage à condition de présenter un document bancaire. En cas de fraude, les sanctions vont de la saisie immédiate des fonds à des peines d’emprisonnement et de lourdes amendes.
Cependant, malgré les arrestations régulières, le phénomène persiste. Certains observateurs estiment que ces tentatives traduisent un malaise plus profond : manque de confiance dans le système bancaire local, écart entre le taux officiel et celui du marché parallèle, et difficultés d’accès aux devises pour voyager ou investir à l’étranger.
En mettant en avant ces arrestations, la justice algérienne cherche à envoyer un message, la lutte contre le trafic de devises reste une priorité. Mais les interrogations demeurent : ces mesures suffiront-elles à tarir un marché parallèle qui brasse chaque année des milliards d’euros ?