Un total de 40 000 euros saisi à l‘aéroport d’Alger sur un ressortissant turc, dirigeant d’une entreprise, alors qu’il s’apprêtait à embarquer vers Istanbul. Dénoncé pour infraction à la législation sur les changes, il a été condamné à trois ans de prison ferme et à une lourde amende.
C’est une affaire exemplaire en matière de lutte contre les infractions financières, 40 000 euros saisis à l’aéroport d’Alger, répartis dans une valise et un manteau, ont conduit un homme d’affaires turc à la case prison. Interpellé par la police des frontières alors qu’il tentait d’embarquer pour Istanbul sans déclaration douanière, il a été jugé pour violation des lois encadrant les mouvements de capitaux. Le tribunal a prononcé une peine sévère à son encontre, illustrant la rigueur croissante des autorités algériennes face à la fuite illicite de devises.
Un contrôle de routine qui vire à l’interpellation
Ce qui devait être un simple départ vers Istanbul s’est transformé en interpellation judiciaire. Le 19 janvier 2025, les agents de la Police des frontières (PAF) à l’aéroport Houari Boumediene ont mis la main sur un ressortissant turc de 37 ans, identifié comme Mehmet Zeydin M., alors qu’il tentait de quitter le territoire algérien avec 40 000 euros non déclarés en devises.
Ce dernier, présenté comme gérant de la société Watt Electrik en Turquie, avait dissimulé la somme en deux parties, 20 000 euros dans un compartiment de sa valise et 20 000 autres dans la doublure de son manteau. Les billets étaient soigneusement dissimulés, ce qui a éveillé les soupçons lors d’un contrôle renforcé.
Présenté devant le tribunal de Dar El Beïda, le mis en cause a reconnu les faits, mais a tenté de justifier l’origine de l’argent comme étant des bénéfices de son activité professionnelle en Algérie. Il a déclaré avoir acquis la somme sur le marché parallèle, faute de possibilité d’ouvrir un compte bancaire au nom de sa société sur le sol algérien.
Il a catégoriquement nié toute tentative de blanchiment d’argent, affirmant qu’il n’avait ni bien immobilier, ni véhicule, ni compte bancaire personnel en Algérie. Il a insisté sur le fait qu’il ne cherchait qu’à rapatrier ses revenus professionnels vers la Turquie.
Euros saisis à l’aéroport d’Alger, une peine exemplaire
Malgré ses arguments, la justice a tranché. Le ressortissant turc a été condamné à 3 ans de prison ferme et à une amende de 10 millions de dinars pour infraction au règlement des changes et à la législation sur les mouvements de capitaux vers l’étranger.
Il a toutefois été relaxé de l’accusation de blanchiment d’argent, faute de preuves directes liant les fonds à une activité illégale. Le tribunal s’est appuyé sur l’article 1 du décret 96-22 relatif à la répression des infractions en matière de change pour justifier cette condamnation.
Cette affaire remet en lumière la rigueur de la réglementation algérienne sur les mouvements de devises. Toute tentative de sortie de capitaux sans déclaration est passible de lourdes peines, même lorsqu’il s’agit d’argent provenant d’une activité déclarée à l’étranger.
Pour rappel, le seuil légal autorisé de devises à exporter est de 7500 euros, à condition qu’ils soient déclarés auprès des services douaniers. Au-delà de ce seuil, ou en l’absence de déclaration, les contrevenants s’exposent à des poursuites pénales pour infraction au code des changes, voire blanchiment d’argent en cas de soupçons aggravés.
Cette condamnation illustre la fermeté des autorités algériennes en matière de contrôle des flux financiers transfrontaliers surtout à l’heure où le pays cherche à stabiliser sa balance de paiements et à lutter contre l’économie informelle. Elle sert aussi d’alerte aux opérateurs économiques étrangers établis en Algérie, tout transfert de fonds doit se faire dans le strict respect du cadre légal.
