La veille de l’Aïd el-Adha, période d’effervescence commerciale en Algérie, la police judiciaire de Blida a intercepté un réseau de fausse monnaie. Une opération de grande ampleur qui a permis la saisie impressionnante de faux billets de plus de 13 milliards de centimes contrefaits.
L’Aïd el-Adha, c’est d’abord la fête du sacrifice, des retrouvailles, et de la solidarité. Mais pour certains, c’est aussi l’opportunité rêvée de tirer profit de la frénésie des achats. C’est dans ce contexte que la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Blida a mené une opération aussi discrète qu’efficace : démanteler un réseau organisé de fabrication et de diffusion de faux billets.
En quelques heures, cinq hommes âgés de 28 à 45 ans ont été arrêtés. Dans leurs coffres, les enquêteurs découvrent 1 346 000 dinars algériens en fausse monnaie, principalement en coupures de 2 000 DA. L’équivalent de près de 13 milliards de centimes s’apprêtait à inonder les marchés à la veille de la fête.
Saisie impressionnante de faux billets, 13 milliards de centimes
La période de l’Aïd el-Adha est propice aux transactions rapides, au cash en main, aux billets qui passent de main en main sans forcément être contrôlés. Les fraudeurs l’ont bien compris. Selon les premiers éléments de l’enquête, le réseau visait clairement les marchés de bétail, les foires et les commerçants ambulants, où la vérification des billets est plus souple.
Le choix des coupures de 2 000 DA n’est pas un hasard, elles sont courantes, peu inspectées, et utilisées massivement lors des achats festifs. « C’est une méthode classique, profiter du rush et noyer le faux dans la masse », explique un policier sous couvert d’anonymat. « Mais cette fois, on avait un signalement et une surveillance active. » explique l’agent.
Matériel saisi, logistique rodée
L’opération a révélé une organisation bien huilée. En plus des billets falsifiés, les forces de l’ordre ont saisi :
- Deux véhicules de tourisme
- Une moto et un vélo électrique
- Plusieurs équipements électroniques et numérique
- 100 000 DA en numéraire non déclaré, possiblement destiné au blanchiment.
Des inculpations lourdes, des risques judiciaires élevés
Présentés devant le parquet du tribunal de Blida, les cinq individus interpellés doivent désormais répondre de chefs d’inculpation graves. Le dossier est dense, contrefaçon de monnaie nationale, mise en circulation de faux billets, blanchiment d’argent et association de malfaiteurs. À ce stade de l’enquête, tout indique une organisation structurée, prête à écouler massivement des billets falsifiés sur les marchés locaux.
Selon les dispositions du code pénal algérien en vigueur, de telles infractions peuvent entraîner des peines de prison allant jusqu’à vingt ans, notamment lorsque la falsification s’opère en réseau et en période de forte activité économique. Un signal fort, alors que les autorités tentent de juguler une criminalité financière en constante mutation.
Les autorités algériennes rappellent que toute suspicion peut être signalée anonymement et encouragent les citoyens à rester prudents, sans céder à la panique. Pour éviter de se faire avoir, il faut vérifier :
- La texture du billet (toucher granuleux),
- Le filigrane et le numéro de série,
- Les marques holographiques et éléments de sécurité au dos.
Les commerçants, bouchers, vendeurs de moutons ou tenanciers de stands temporaires sont invités à contrôler systématiquement les coupures de 1 000 et 2 000 DA, particulièrement quand les paiements sont importants.
Cette saisie impressionnante de est l’une des plus importantes de ces dernières années en matière de fausse monnaie en circulation avant l’Aïd. Elle souligne la nécessité d’un renforcement des contrôles, mais aussi d’une éducation du public sur les moyens de vérification. Pour les familles, les petits commerçants et les éleveurs, un billet falsifié, c’est parfois une partie du sacrifice de l’Aïd qui disparaît.