À El Kala, à la frontière est de l’Algérie, trois femmes en route vers la Tunisie âgées entre 32 et 36 ans ont été interpellées en possession de 65 000 euros saisis non déclarés. Destinées à franchir la frontière tunisienne, elles sont désormais poursuivies pour infraction à la législation sur le change, après une opération conjointe menée par les services de sécurité.
Alors que les contrôles aux frontières s’intensifient à l’approche de la saison estivale, une saisie spectaculaire vient de marquer le poste frontalier d’El Kala. Trois femmes ont été arrêtées en possession de 65 000 euros non déclarés, qu’elles tentaient de faire passer discrètement en Tunisie. L’opération, menée conjointement par les douanes, la police des frontières et les services judiciaires, relance le débat sur les transferts illégaux de devises, un phénomène qui gangrène l’économie algérienne. Retour sur cette affaire qui illustre la vigilance accrue des autorités face aux violations du code des changes.
El Kala : 65 000 euros saisis et des bijoux découverts
C’est au poste frontière d’El Kala, wilaya d’El Tarf, que l’opération a eu lieu lundi 23 juin. Alertés par un comportement suspect, les agents des douanes, accompagnés de la police de l’air et des frontières ainsi que de la police judiciaire, ont procédé à la fouille d’un véhicule de tourisme en partance vers la Tunisie.
La vérification approfondie du véhicule, puis la fouille individuelle des trois passagères, a permis de mettre au jour 65 000 euros en espèces, répartis de manière inégale entre les trois femmes. L’une transportait 26 500 euros, une autre 18 500 euros, et la troisième, 15 000 euros, dissimulés dans ses effets personnels. Elle détenait également 112 grammes de bijoux en or, non déclarés aux services douaniers

Infraction à la législation sur le change : quelles sanctions ?
Les trois femmes ont été immédiatement présentées devant le tribunal d’El Kala le lendemain, mardi 24 juin. Elles sont poursuivies pour infraction à la législation sur les changes et les mouvements de capitaux, un délit sévèrement puni par le Code des douanes algérien et la réglementation de la Banque d’Algérie.
En Algérie, tout voyageur quittant le territoire avec une somme dépassant 7 500 euros est tenu de fournir un avis de débit bancaire attestant du retrait d’un compte devises ouvert localement. Sans ce justificatif, la somme est saisie, et des poursuites pénales sont engagées. L’article 121 du Code des Douanes stipule que toute tentative d’exportation illégale de devises est passible, d’une confiscation de la somme, d’amendes pouvant aller jusqu’à 5 fois le montant saisi, voire de peines de prison en cas de récidive ou d’aggravation (usage de dissimulation, fausse déclaration, complicité…)
Une frontière sous haute surveillance
La région frontalière d’El Kala, limitrophe de la Tunisie, est depuis plusieurs mois dans le viseur des autorités. Outre le trafic de carburant, de cigarettes et de produits de contrebande, l’exportation illégale de devises constitue l’un des circuits les plus surveillés.
Les autorités ont renforcé la coopération entre les douanes, la police des frontières, la Gendarmerie nationale et même les services de renseignement, notamment pendant la saison estivale, marquée par une hausse des flux touristiques.
L’opération menée ce 23 juin entre dans le cadre d’une campagne nationale de lutte contre la fuite de capitaux, phénomène qui pèse lourdement sur l’économie algérienne et aggrave les tensions sur les réserves en devises.
Ce que dit la loi algérienne sur l’exportation de devises
Selon la législation actuelle :
- Les Algériens résidents ne peuvent sortir du pays avec plus de 7 500 euros, sauf avec justificatif bancaire.
- Les non-résidents (ressortissants algériens établis à l’étranger) sont également soumis à une obligation de déclaration au-delà de 1 000 euros à l’entrée ou à la sortie.
- Toute somme dépassant ce seuil sans déclaration est automatiquement saisie.
- Les bijoux, s’ils dépassent un usage personnel, doivent aussi être déclarés.
Depuis plusieurs années, la Banque d’Algérie et les services douaniers durcissent leur contrôle pour limiter la fuite de devises et renforcer la transparence financière. La tolérance zéro est désormais appliquée aux infractions douanières, notamment en matière de change. Dans un contexte où la devise étrangère est un enjeu national, l’exportation illégale de capitaux constitue une priorité sécuritaire.
Pour les voyageurs algériens, qu’ils soient résidents ou non, la prudence s’impose, toute somme au-delà des seuils fixés doit faire l’objet d’une déclaration officielle. À défaut, le risque est grand, saisie, amende, et poursuites pénales.
Transport de devises en Algérie, vos questions fréquentes
- Quel est le montant maximum autorisé sans déclaration en Algérie ? 1 000 € à l’entrée, 7 500 € à la sortie pour un résident algérien.
- Faut-il un justificatif pour voyager avec plus de 7 500 € ? Oui, un avis de débit bancaire émis par une banque algérienne est obligatoire.
- Peut-on transporter de l’or ou des bijoux ? Oui, mais à usage personnel. Au-delà, une déclaration écrite est exigée.
- Que risque-t-on en cas de non-déclaration de devises ? Saisie immédiate, amende douanière, poursuites judiciaires et, parfois, prison.