C’est désormais officiel, la carte internationale MasterCard sera bientôt activée en Algérie, aux côtés de Visa, pour permettre aux commerçants en ligne de recevoir des paiements depuis l’étranger. Une annonce confirmée par la Banque de Développement Local (BDL) lors de la 56ᵉ édition de la Foire Internationale d’Alger.
L’Algérie s’ouvre progressivement à la monétique mondiale. Grâce à cette nouveauté, les e‑commerçants installés localement pourront désormais encaisser des paiements en devises étrangères à travers les réseaux MasterCard et Visa, directement sur leurs plateformes. Ce développement ne concerne pas seulement la technique, mais aussi un changement dans la manière dont l’Algérie compte s’ouvrir économiquement.
Malgré des avancées techniques notables, l’écosystème reste en construction. Le nombre de commerçants affiliés à la plateforme de paiement en ligne reste modeste : un peu plus de 500 fin 2024. Un chiffre encore loin du potentiel réel du marché algérien, où le commerce électronique est en pleine expansion.
En parallèle, plus de 19 millions de cartes bancaires circulent aujourd’hui dans le pays, dont une majorité de cartes Edahabia (poste), avec un nombre de DAB dépassant les 3 800 unités et plus de 58 000 TPE déployés. Toutefois, l’usage en ligne reste limité, ce qui justifie les efforts actuels pour former, équiper et rassurer les utilisateurs.
MasterCard en Algérie est une ouverture vers l’extérieur
Selon Boualem Raguieg, directeur du numérique à la BDL, cette initiative s’inscrit dans une stratégie globale de soutien au commerce électronique algérien. L’objectif est clair : étendre la portée internationale des vendeurs locaux, attirer les clients étrangers, notamment la diaspora, et in fine augmenter les recettes en devise pour l’économie nationale.
La solution technique qui permet cette ouverture vers l’extérieur a été entièrement développée en Algérie, sur trois années, par des ingénieurs et techniciens locaux. Elle s’appuie sur les capacités de la plateforme monétique nationale, en lien avec SATIM (Société d’automatisation des transactions interbancaires et de monétique), l’opérateur central des transactions électroniques du pays.
Actuellement, la passerelle est orientée exclusivement vers les commerçants électroniques, mais selon la BDL, d’autres catégories de professionnels seront intégrées prochainement. L’idée est de démocratiser l’accès aux paiements internationaux pour différents secteurs économiques, tout en assurant un contrôle rigoureux sur la traçabilité et la régulation des flux financiers.

La plateforme ne sert pas uniquement les achats de produits physiques. Elle est également utilisée dans des partenariats avec des institutions nationales, comme la CNAS. Grâce à un accord signé en mai dernier, les membres de la diaspora algérienne peuvent désormais régler leurs cotisations sociales depuis l’étranger via cette même infrastructure.
Autre usage concret : le paiement des services d’opérateurs télécoms comme Djezzy, dont les clients à l’étranger peuvent régler les frais à distance. Ces fonctionnalités représentent un levier d’intégration numérique entre le pays et ses ressortissants dans le monde.
Des outils complémentaires Wimpay et QR Code
Dans la foulée de cette évolution, la BDL a également mis en avant une autre innovation : l’application Wimpay, conçue pour simplifier les paiements électroniques via smartphone. Cet outil permet aux utilisateurs d’effectuer des transactions numériques, notamment par QR Code, une solution déjà adoptée par plusieurs commerçants présents à la Foire.
Le QR Code s’impose peu à peu comme un format de paiement rapide et sécurisé, accessible même aux petits commerçants sans avoir besoin d’un terminal de paiement traditionnel. Associé à la montée en puissance des applications mobiles bancaires, ce type de solution renforce l’inclusion numérique des professionnels du commerce.