À la fin juin 2025, le dinar algérien remonte face au dollar américain pour atteindre son meilleur niveau depuis plus de deux ans sur le marché officiel. Une remontée progressive, presque silencieuse, mais significative, reflet d’un ensemble de mesures internes bien orchestrées… et d’un contexte international favorable.
Alors que beaucoup scrutent la chute du dollar sur les marchés mondiaux, peu s’attendaient à voir le dinar algérien regagner du terrain avec autant de régularité. Et pourtant, à la date du 30 juin 2025, la monnaie nationale s’est appréciée à 129,39 dinars pour un dollar, selon les données officielles de la Banque d’Algérie. Un chiffre technique pour certains, mais lourd de sens pour l’économie réelle, les importateurs, et même les citoyens. Le dinar n’avait pas atteint un tel niveau face au billet vert depuis plus de 24 mois. Un retournement qui n’est pas dû au hasard.
Un dollar qui recule, un dinar qui tient bon
Dès le mois de janvier 2025, le dollar américain se négociait autour de 135,70 DZD. Mois après mois, le taux de change a reculé, jusqu’à 129,38 DZD au 27 juin, puis 129,39 DZD le 30 juin. Un recul qui s’inscrit dans une dynamique entamée depuis avril, avec des fluctuations maîtrisées entre 134,11 DZD et 132,70 DZD, avant la consolidation de juin.
Mais la baisse du dollar seule ne suffit pas à expliquer cette évolution. Car pendant que le billet vert faiblit sur les marchés internationaux sous l’effet d’un contexte monétaire américain moins agressif, avec des taux d’intérêt plus stables, le dinar, lui, s’est stabilisé puis renforcé, preuve d’une gestion interne plus rigoureuse.
Le dinar algérien remonte face au dollar américain
Derrière cette remontée du dinar, on retrouve une série de mesures internes bien coordonnées :
- Un contrôle renforcé de la masse monétaire par la Banque d’Algérie,
- Une maîtrise prudente de l’inflation,
- Et une politique de change plus cohérente avec les fondamentaux économiques.
Contrairement à d’autres années où le dinar subissait les variations externes, 2025 marque un changement de posture, il ne s’agit plus seulement de subir les flux, mais de piloter leur impact. Le resserrement des liquidités, combiné à la réduction volontaire de certaines importations (produits non prioritaires, biens de luxe), a aussi contribué à alléger la pression sur la demande en devises, donc sur le dollar.
Moins d’importations, plus de production : effet mécanique sur le change
Côté gouvernemental, le mot d’ordre est clair, limiter les achats en devises inutiles et relancer la production locale. Résultat :
- Une baisse des importations ciblées,
- Une réduction du besoin en devises pour couvrir certaines factures, Et donc moins de pression sur le dinar.
Des secteurs comme l’agroalimentaire, la pharmacie ou l’électroménager bénéficient d’un soutien renforcé, ce qui limite le recours aux produits importés et stabilise la balance commerciale.

Un environnement international qui joue (un peu) en faveur du dinar
Même si le redressement est en grande partie dû aux choix internes, les vents extérieurs ont également tourné. Depuis quelques mois, le dollar perd de sa vigueur sur la scène mondiale. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance :
- Le ralentissement de la hausse des taux d’intérêt par la Fed,
- Un rebond de l’euro et d’autres monnaies majeures,
- Et des signaux de fragilité économique aux États-Unis.
Dans ce contexte, le dinar n’est pas seul à gagner du terrain face au dollar, mais il fait partie des rares monnaies émergentes à le faire de manière régulière et maîtrisée, sans intervention brutale ni chute de confiance.
Un signal monétaire à surveiller, mais pas à surestimer
Pour beaucoup d’Algériens, l’évolution du taux de change dinar-dollar reste une notion lointaine… jusqu’à ce qu’elle commence à toucher leur quotidien. Concrètement, la hausse du dinar algérien en 2025 face au dollar peut entraîner une baisse relative du coût des produits importés, notamment les biens payés en devises fortes comme les équipements électroniques, certains médicaments ou pièces automobiles.
Si cette tendance se maintient, cela pourrait se traduire par une légère amélioration du pouvoir d’achat, même si d’autres facteurs (inflation locale, disponibilité des produits) entrent aussi en jeu. Par ailleurs, une monnaie nationale plus stable donne un signal positif aux investisseurs étrangers et facilite les transactions internationales, ce qui peut renforcer la confiance économique dans un contexte où l’Algérie cherche à relancer ses exportations non pétrolières.
Pour les citoyens, ce redressement progressif du dinar n’efface pas les difficultés économiques, mais il offre une perspective de stabilité monétaire plus rassurante que les années précédentes. Cela ne signifie pas que l’inflation disparaît ou que tout va mieux. Mais le climat monétaire est moins instable, ce qui facilite la prévision, la gestion des budgets publics… et un peu de confiance retrouvée.
Période | Dollar (DZD) | Tendance du dinar |
---|---|---|
Janvier 2025 | 135,70 | Faible |
Avril 2025 (moyenne) | 132,70 | Stabilisation |
Mai 2025 (fin) | 131,58 | Amélioration |
Juin 2025 (30/06) | 129,39 | Meilleur niveau depuis 2 ans |
Le dinar algérien n’est pas devenu une monnaie forte, mais il n’est plus la devise affaiblie qu’elle était il y a deux ans. Cette progression montre qu’avec de la rigueur, de la cohérence politique et un minimum de stabilité extérieure, une monnaie nationale peut retrouver de l’allure sans fausses promesses ni dévaluation masquée. C’est un signal, pas une révolution. Mais dans une économie souvent tendue, c’est déjà un symbole d’équilibre, à défaut d’un miracle.