Le Visa Canada attire un nombre croissant d’Algériens espérant reconstruire leur vie outre-Atlantique. Mais ce rêve devient un terrain fertile pour des escroqueries bien organisées, qui exploitent la confiance et le manque d’information pour piéger des familles entières.
Sur internet, des dizaines de pages se présentent comme des agences d’immigration fiables. Photos professionnelles, témoignages rassurants, promesses alléchantes : tout est mis en scène pour séduire. Pour les candidats à l’émigration, ces vitrines virtuelles deviennent rapidement des interlocuteurs crédibles.
Mais derrière ces apparences bien huilées, un engrenage frauduleux se met en place. Des sommes importantes sont demandées dès les premiers échanges, avec la promesse d’une résidence rapide et d’un emploi stable. Le piège se referme souvent après le premier virement, laissant les victimes sans recours.
Visa Canada fausses promesses et escroqueries bien rodées
Depuis l’ouverture migratoire annoncée par le Canada en 2023, visant l’accueil de 100 000 nouveaux résidents francophones d’ici 2027, l’intérêt pour le programme explose en Afrique francophone, notamment en Algérie. Cet engouement est malheureusement devenu une opportunité pour des réseaux frauduleux qui ciblent les demandeurs.
Ces structures illicites, actives principalement sur les plateformes sociales, reproduisent les codes des vraies agences : visuels soignés, faux contrats, messages rassurants. Le discours est rôdé : pour que le dossier soit traité rapidement, un paiement immédiat est indispensable. Certains usagers vendent leurs biens ou empruntent pour réunir les fonds, convaincus de la légitimité de la procédure.

Réseaux frauduleux entre Afrique du Nord et Amérique du Nord
Le mode opératoire évolue constamment. Certains fraudeurs se font passer pour des agents accrédités, d’autres se présentent comme membres d’une ambassade. Le discours varie, mais la méthode reste la même : exiger des frais supplémentaires au fil des échanges, souvent sous prétexte de formalités urgentes.
Nicholas Avramis, consultant agréé et fondateur de Beaver Immigration, alerte sur l’ampleur du phénomène. Il recense personnellement plusieurs dizaines de cas depuis janvier, mais estime que la majorité ne sont jamais signalées. Honte, peur d’avoir été complices, ou sentiment d’échec : autant de freins qui empêchent les victimes de dénoncer les faits.
Dans certains cas, des documents très élaborés sont fournis pour simuler l’avancement de la demande : lettre d’embauche, numéro de dossier, certificats d’admissibilité. Des adresses sont même utilisées à Toronto pour crédibiliser le tout. Une illusion parfaitement orchestrée, jusqu’à la coupure brutale de tout contact.
Conseils de vigilance pour les demandeurs algériens
Le gouvernement canadien rappelle que seuls les consultants accrédités par le Collège des consultants en immigration et en citoyenneté (CCIC) sont autorisés à accompagner une demande de Visa Canada. Cette base de données officielle est librement consultable, mais encore trop peu utilisée.
Plusieurs signaux doivent éveiller les soupçons : communication uniquement sur WhatsApp, absence de numéro d’identification, demande de virement rapide, ou encore documents sans référence vérifiable. La précipitation est souvent un indice révélateur d’une tentative d’escroquerie.
Des campagnes de sensibilisation ont été lancées par les autorités canadiennes, mais elles peinent à endiguer le phénomène. Le contexte économique local, la pression familiale et le désir profond de partir rendent certains candidats vulnérables, malgré les mises en garde.
Aujourd’hui, des Algériens, comme cette mère de famille ruinée par une procédure fictive, restent marqués par cette expérience. Elle espère encore trouver une voie légitime pour émigrer, mais surtout, elle insiste : « Il faut prendre le temps de vérifier. Ne pas céder à la pression. Tout ce qui semble trop simple ne l’est jamais. »