C’est un tournant discret mais lourd de sens pour l’un des plus grands groupes privés d’Algérie. Omar Rebrab, fils aîné d’Issad Rebrab et figure familière de la sphère économique nationale, ne peut plus exercer d’activité commerciale à la suite d’une décision judiciaire. Après le père, c’est donc un autre maillon fort de la dynastie Cevital qui se voit écarté des affaires, dans un contexte de réorganisation en coulisses.
L’information est tombée comme une confirmation attendue, Omar Rebrab, longtemps pressenti pour prendre un rôle de premier plan à la tête du groupe Cevital, est désormais écarté de toute fonction commerciale. La décision, rendue publique via une note adressée aux banques algériennes le 9 juillet 2025, s’inscrit dans une suite de mesures qui ont déjà touché son père, Issad Rebrab, fondateur historique du conglomérat.
Cette interdiction judiciaire, qui limite ses actions dans l’univers des affaires, intervient alors que le groupe traverse une phase de mutation interne. Si aucun bouleversement brutal n’est à signaler pour le moment, la question de la succession, de la gouvernance et de l’équilibre familial est plus que jamais posée.
Une mesure judiciaire, aux implications immédiates
Le conglomérat Cevital, l’un des piliers historiques du secteur privé en Algérie, s’apprête à connaître une nouvelle reconfiguration de son leadership. Après Issad Rebrab, fondateur emblématique du groupe, c’est désormais son fils aîné, Omar Rebrab, qui se retrouve éloigné de toute responsabilité commerciale, à la suite d’une injonction judiciaire transmise officiellement aux banques algériennes le 9 juillet 2025. Une décision qui marque un tournant structurel majeur dans l’histoire de cette entreprise familiale, sans pour autant remettre en cause sa continuité.
Conformément à un document émis par la Banque d’Algérie et adressé aux directeurs généraux des établissements bancaires, Omar Rebrab fait désormais l’objet d’une interdiction d’exercer toute activité commerciale ou de gestion, quel qu’en soit le cadre : gérance, direction ou conseil d’administration. Cette mesure judiciaire, transmise le 3 juillet et exécutée le 9 juillet, s’appuie sur une injonction du juge d’instruction du Pôle économique et financier.
L’ensemble du système bancaire algérien est sommé de geler toute opération initiée par Omar Rebrab, jusqu’à nouvel ordre. Cela implique une mise à l’écart immédiate et totale de ses fonctions exécutives et stratégiques au sein des structures économiques dans lesquelles il était impliqué.
Omar Rebrab, un acteur clé du groupe
Diplômé en ingénierie industrielle et ayant longtemps œuvré dans les activités stratégiques de Cevital, Omar Rebrab faisait partie de la première génération à prendre progressivement le relais de son père. Son parcours interne au sein du groupe l’avait positionné comme acteur central de la diversification dans des secteurs comme la logistique, l’automobile et la distribution.
Sa mise à l’écart intervient dans une phase où le groupe, dirigé désormais par Malik Rebrab, cherche à stabiliser son modèle de gouvernance, à renforcer ses capacités de production et à étendre ses parts de marché, notamment en Afrique subsaharienne.
Ce changement n’est pas un événement isolé. Il s’inscrit dans une tendance plus large de restructuration des grandes entreprises familiales en Algérie, souvent amenées à réévaluer leur gouvernance face à de nouveaux défis internes et externes. Depuis 2023, la direction opérationnelle de Cevital a progressivement été redistribuée entre plusieurs membres de la famille Rebrab, dans un souci de continuité.

La dynamique actuelle témoigne d’une volonté de professionnalisation du modèle de gestion, avec des directions plus sectorisées, et une meilleure séparation entre actionnariat familial et management exécutif.
Si la mise à l’écart d’Omar Rebrab soulève des questions sur la gouvernance du groupe, elle ouvre aussi la voie à une réorganisation stratégique de long terme. Avec plus de 20 000 employés et des activités couvrant l’agroalimentaire, l’industrie, la logistique et l’électroménager, Cevital demeure une entreprise d’intérêt national.
Le groupe pourrait dans les mois à venir amorcer un tournant vers un modèle plus institutionnalisé, avec l’entrée de profils indépendants au sein de ses instances de direction. Une façon de rassurer les partenaires financiers et commerciaux tout en consolidant les acquis de près de 25 ans de croissance.
Quel impact pour cévital et l’économie nationale ?
Malgré les récentes mutations internes, Cevital reste un acteur clé du tissu industriel algérien, notamment dans la production de sucre, d’huile, de verre plat et d’appareils électroménagers. Son poids dans l’économie, hors hydrocarbures, reste significatif.
Toute évolution dans sa structure dirigeante a donc une résonance au-delà de la seule sphère familiale. Pour l’instant, aucun bouleversement opérationnel majeur n’est annoncé, mais les observateurs suivront avec attention la stabilité de la chaîne de décisions et les signaux envoyés aux marchés.
Le départ d’Omar Rebrab de la sphère décisionnelle pourrait aussi relancer la question de la succession durable au sein du groupe. Malik Rebrab, aux commandes depuis le retrait officiel du fondateur Issad Rebrab, devra sans doute clarifier la nouvelle architecture de direction afin d’éviter tout flottement stratégique.
Dans un contexte de pression concurrentielle croissante – avec l’émergence de nouveaux groupes industriels algériens – l’unité familiale et la cohérence des choix managériaux deviennent des leviers essentiels pour assurer la pérennité de Cevital.