Avec un taux de refus de visas atteignant 43 %, l’Algérie figure parmi les pays les plus pénalisés au monde. Derrière ces chiffres se cachent des parcours brisés, des projets bloqués et une jeunesse de plus en plus désabusée face aux restrictions imposées par les puissances occidentales. Le dernier classement d’Imperial Citizenship lève le voile sur une injustice silencieuse.
En 2025, voyager avec un passeport algérien reste un défi de taille. Entre procédures longues, frais coûteux et réponses négatives fréquentes, la demande de visa devient une épreuve pour des milliers de citoyens. Les dernières données publiées par Imperial Citizenship confirment ce malaise, l’Algérie figure désormais parmi les nationalités les plus souvent confrontées au refus de visas dans le monde, un classement qui soulève des questions sur l’équité, la mobilité et la perception de la nationalité dans les relations internationales.
L’Algérie à la 4ᵉ place mondiale des refus de visas
Selon les données d’Imperial Citizenship, organisme spécialisé dans la mobilité internationale, l’Algérie occupe une position peu enviable : quatrième nationalité la plus confrontée au refus de visas en 2025, avec un taux de rejet de 43 %. Seuls l’Afghanistan, la Syrie et le Nigeria précèdent l’Algérie dans ce classement.
Ce chiffre interpelle. Il ne s’agit pas d’un simple indicateur statistique, mais bien d’un symptôme d’un malaise plus profond. Derrière chaque visa refusé, ce sont des projets d’études, de travail ou de retrouvailles familiales qui s’effondrent. Et bien souvent, sans explication claire ou recours équitable.
Pour les citoyens algériens, obtenir un visa vers l’Europe, l’Amérique du Nord ou certains pays d’Asie est un parcours du combattant. Il faut justifier de ressources, d’un hébergement, de garanties de retour, tout en payant des frais non remboursables, même en cas de refus. Les délais sont longs, les documents exigés souvent multiples… et l’issue est fréquemment négative.
Cette situation nourrit un sentiment d’injustice et de frustration croissant, notamment chez les jeunes Algériens qui se voient refuser l’accès à des formations, stages ou opportunités culturelles simplement à cause de leur nationalité.
Malgré des relations bilatérales souvent stables, l’Algérie souffre encore d’une image diplomatique ambivalente auprès de plusieurs chancelleries occidentales. À cela s’ajoutent les tensions migratoires, les stéréotypes persistants et une méfiance institutionnalisée qui affecte les demandes de visas, même les plus légitimes.
Cette géopolitique du passeport, dénoncée par plusieurs ONG et chercheurs, réduit la liberté de circulation de millions de citoyens des pays du Sud, transformant leur passeport en véritable barrière invisible.
Henley Passport Index : le passeport algérien toujours en bas du classement
Le Henley Passport Index 2025, autre référence en matière de mobilité internationale, classe l’Algérie 81ᵉ au rang mondial. Les citoyens algériens peuvent se rendre dans seulement 55 pays sans visa préalable, ou avec un visa délivré à l’arrivée.
Au niveau africain, l’Algérie partage la 34ᵉ position avec le Mali, loin derrière les Seychelles ou l’île Maurice, qui offrent à leurs citoyens une mobilité bien plus large (plus de 150 pays accessibles sans visa).
Les conséquences de ce mur administratif sont concrètes. Étudiants empêchés de rejoindre une université étrangère, familles séparées, professionnels bloqués dans leur carrière, ou encore artistes privés de participation à des événements internationaux.
Face à ces freins, nombreux sont ceux qui finissent par envisager l’émigration définitive, parfois au péril de leur vie, pour échapper à l’isolement international et réaliser leurs ambitions.
Vers des solutions ?
Face à cette réalité alarmante, plusieurs pistes sont évoquées :
- Une diplomatie plus active pour négocier des accords de mobilité.
- Une simplification des procédures pour les étudiants, chercheurs et entrepreneurs.
- Une campagne d’image pour restaurer la confiance envers le passeport algérien.
Ces efforts devront s’inscrire dans une stratégie à long terme, alliant rigueur administrative et respect des droits humains, pour permettre aux Algériens de bénéficier d’un droit fondamental : la liberté de circuler.