Une vaste opération menée à Chlef a permis aux autorités judiciaires de démanteler un réseau spécialisé dans la contrefaçon d’euros. Près de 1,85 million d’euros en faux billets saisis, et plusieurs suspects arrêtés dans une affaire qui suscite une vive inquiétude sur l’usage frauduleux des réseaux sociaux pour écouler la fausse monnaie.
Le 7 août 2025 à Chlef, la justice algérienne a porté un coup dur à un réseau de faussaires qui opérait dans plusieurs wilayas. À la suite d’informations transmises à la police judiciaire, deux individus ont été appréhendés dans une voiture, en possession de 1 851 100 € de billets contrefaits. L’enquête a ensuite permis d’identifier trois autres complices, dont une femme. Tous ont été mis en examen pour plusieurs délits graves et placés en détention provisoire.
Euros en faux billets saisis, contexte et éléments judiciaires
Suite aux arrestations, les individus ont été présentés devant le procureur de la République du tribunal de Chlef, puis renvoyés devant le juge d’instruction pour répondre aux chefs d’accusation suivants :
- Contrefaçon et mise en circulation de billets falsifiés
- Utilisation des plateformes en ligne pour diffuser ces billets
- Détention d’outils de falsification
- Constitution d’une organisation criminelle
- Blanchiment d’argent habituel
Une opération de grande ampleur à Chlef
L’opération menée par la brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ) de Bensouna, supervisionnée par le procureur local, s’inscrit dans une lutte organisée contre la circulation des faux billets dans plusieurs régions du pays. Au total, ce sont 1,4 million d’euros en fausse monnaie qui ont été saisies, accompagnées de matériel sophistiqué, ordinateurs portables, imprimantes haute définition, encres spéciales, papier contrefait, machines à compter les billets et deux véhicules utilisés pour la distribution.
Les investigations ont révélé une organisation méthodique, utilisant activement les réseaux sociaux pour écouler la fausse monnaie, agissant sur plusieurs wilayas comme Alger, Constantine, Sétif et Tlemcen. Ces techniques illustrent l’adaptation de la criminalité économique aux nouveaux canaux de diffusion.
Détention provisoire pour les cinq membres présumés d’un réseau de faux-monnayeurs
Présentés mercredi devant le procureur de la République, les cinq individus interpellés ont été déférés dans la foulée devant le juge d’instruction. Ils sont poursuivis pour de lourdes charges : fabrication et falsification de billets ayant cours légal en Algérie, mise en circulation de devises contrefaites via des plateformes en ligne, détention d’équipements destinés à la contrefaçon, constitution d’une organisation criminelle et blanchiment d’argent dans le cadre d’un groupe structuré.
Ces faits sont sanctionnés par les articles 44, 46 (paragraphe 3) et 48 de la loi sur la lutte contre la falsification, ainsi que par les articles 176, 176 bis, 177 et 389 bis 2 du Code pénal.
À l’issue de leur première audition, le magistrat instructeur a ordonné leur placement en détention provisoire. Les enquêteurs poursuivent désormais leurs investigations pour identifier d’éventuels complices et mesurer l’étendue réelle du réseau, qui pourrait s’étendre bien au-delà de la wilaya de Chlef.

Comparatif avec d’autres cas récents
L’affaire de Chlef n’est pas isolée, dans la wilaya d’El-Tarf (Nord-Est), une autre opération a mené à l’arrestation de deux personnes détenant 5 000 € en faux billets et 15 000 DZD, produits à l’aide de moyens techniques avancés.
À l’échelle internationale, un réseau de blanchiment algérien utilisant plusieurs pays, dont la France, a récemment été démantelé après la saisie de près de 3 millions d’euros en liquide à l’aéroport Roissy-CDG.
Selon la loi algérienne promulguée en 2024, la contrefaçon de billets ou de titres de la Trésorerie publique est passible de peines sévères, allant jusqu’à la réclusion à perpétuité.

Face à la montée en puissance du marché parallèle des devises (notamment en euros), ces saisies jouent un rôle dissuasif contre la déstabilisation économique et la fraude. Elles montrent aussi l’importance de renforcer les contrôles, réglementer les transferts internationaux et surveiller les canaux numériques dans la lutte contre le blanchiment.
Avec près de deux millions d’euros de faux billets saisis, l’opération à Chlef marque une victoire décisive dans la lutte contre les réseaux financiers illicites. Elle rappelle l’importance de la vigilance des autorités et de la coopération judiciaire pour préserver la fiabilité du système monétaire face à des menaces toujours plus sophistiquées.