Le dinar algérien poursuit son déclin face aux principales devises. L’euro s’approche dangereusement des 160 dinars sur le marché officiel, tandis que le taux parallèle frise les 260 DZD. Cette montée nocturne pose de vraies questions économiques et sociales que nous allons élucider.
Depuis plusieurs mois, la monnaie nationale enregistre une dépréciation régulière face à l’euro, au dollar et à la livre sterling. Les cotations commerciales de la Banque d’Algérie pour ce mois d’août 2025 montrent une tendance persistante, l’euro s’échange à 149,21 dinars à l’achat et 158,34 dinars à la vente. Cette baisse du dinar, malgré de légères fluctuations, confirme les difficultés structurelles de l’économie algérienne à stabiliser sa devise.
L’euro monte en flèche… même sur les cours officiels
Depuis le début de l’année, l’euro progresse régulièrement contre le dinar. Sur le marché officiel, les taux enregistrés par la Banque d’Algérie montrent une inclinaison nette :
- Début janvier, autour de 140 DZD pour 1 EUR.
- En juin, la moyenne est passée à 150,36 DZD, avec un pic à 150,77 DZD le 11 juin
- En août, les taux fluctuent entre 149 et 151 DZD selon les jours
- La valeur la plus élevée constatée jusqu’à présent en 2025 gravite autour de 152,81 DZD

Le marché parallèle : un gouffre entre deux réalités
La réalité du marché noir contraste fortement avec les chiffres officiels. À Square Port Saïd, à Alger, l’euro est proposé entre 254 et 256 DZD, soit 60 % de plus que la cotation de la Banque
Cette différence n’est pas purement spéculative : en été, la hausse de la demande (voyages, scolarité à l’étranger, diaspora) exerce une véritable pression sur l’offre . En conséquence, il devient risqué voire impossible pour beaucoup de recourir aux canaux officiels.
Plusieurs causes expliquent cette volatilité, La dépendance aux hydrocarbures est la raison principale, les recettes étrangères restent fragiles et influencent directement la valeur du dinar. l’autre cause est la Pression sur la demande de devises, les voyages estivaux, frais universitaires à l’étranger, importations… tout pousse les familles à puiser dans leurs réserves en devises.
Conséquences concrètes pour les Algériens
Cette situation a des répercussions tangibles :
- Pouvoir d’achat érodé : produits importés, études ou soins à l’étranger deviennent coûteux avec un dinar affaibli.
- Tension sociale accrue : face aux pénuries et à l’inflation, les ménages graduellement évitent d’utiliser les réseaux officiels qu’ils jugent peu fiables.
- Inégalités renforcées : seuls les plus avertis peuvent accéder aux devises au meilleur prix, accentuant les écarts sociaux.
Vers un futur incertain
La stabilité du dinar paraît compromise à moyen terme si aucune réforme ne limite le marché parallèle, n’assouplit l’accès aux devises officielles ou ne diversifie les sources d’importations.
L’Algérie devra travailler à restaurer la confiance des citoyens dans les circuits bancaires officiels. Sinon, la dépréciation du dinar pourrait s’ancrer plus profondément, avec des conséquences amplifiées sur l’économie réelle
La montée de l’euro à près de 160 dinars sur le marché officiel, aux côtés d’un taux parallèle autour de 260 DZD, reflète une distorsion profonde entre la réalité économique et les chiffres administratifs. Pour endiguer cette dérive, il faudra plus que des discours : réformes structurelles, transparence et efforts concertés sont indispensables. Le dinar mérite une trajectoire plus stable, pour les Algériens qui en dépendent au quotidien.