Bonne nouvelle pour les milliers d’étudiants étrangers en Espagne, le gouvernement espagnol assouplit ses procédures de changement de statut, ouvrant la voie à une meilleure insertion professionnelle. Ces nouvelles dispositions visent particulièrement les jeunes diplômés, souvent contraints de quitter le pays faute de perspectives légales.
L’Espagne est l’une des principales destinations pour les étudiants étrangers, notamment marocains, attirés par la proximité géographique, les universités prestigieuses et la diversité des filières. Mais jusqu’ici, beaucoup se heurtaient à une barrière administrative, l’impossibilité d’accéder facilement au marché du travail une fois leurs études terminées.
Avec ces nouvelles mesures, dévoilées fin août 2025 par la Dirección General de Migraciones, Madrid cherche à retenir les talents formés sur son sol et à répondre à la demande croissante de main-d’œuvre qualifiée dans certains secteurs.
Les grandes lignes de la réforme du changement de statut
Les ajustements législatifs se concentrent sur plusieurs scénarios permettant aux étudiants de transformer leur titre de séjour en un permis de travail ou d’activité professionnelle.
1. De l’étudiant salarié à l’employé en CDI
La procédure la plus courante reste le passage d’un permis d’études à un permis de travail salarié.
- Conditions :
- Diplôme obtenu avec succès en Espagne.
- Aucun financement via des bourses liées à des programmes de coopération ou de développement.
- Offre d’emploi ferme, assortie d’un contrat à durée indéterminée et d’un salaire au moins égal au SMIC espagnol (Salario Mínimo Interprofesional).
- Durée : autorisation de travail d’un an, renouvelable.
2. Le permis de travail indépendant
Pour les étudiants souhaitant lancer leur projet entrepreneurial, un permis de travail indépendant leur est fourni sous :
- Obligation de présenter une business plan solide.
- Justifier des capitaux nécessaires pour investir et assurer la viabilité du projet.
Cette option favorise l’esprit d’entreprise, très encouragé par le gouvernement espagnol pour dynamiser les régions à faible croissance.
3. Permis pour recherche d’emploi
Les titulaires d’un diplôme universitaire (Licence, Master, Doctorat) peuvent demander une autorisation spécifique de recherche d’emploi.
- Validité : 1 an.
- Ce permis permet de rester légalement en Espagne afin de chercher une opportunité professionnelle ou de préparer un projet d’entreprise.
- Il ne permet pas de travailler immédiatement, mais il constitue une porte d’entrée vers un futur contrat.
4. Permis pour stage post-diplôme
Les jeunes diplômés des deux dernières années peuvent demander un titre de séjour pour formation ou stage en entreprise.
Cette catégorie facilite l’accès aux stages de spécialisation, parfois considérés comme un tremplin vers un futur emploi, et ne dépend pas des quotas nationaux d’embauche.
Une procédure centralisée et simplifiée
Les demandes devront être déposées dans le bureau d’immigration de la province de résidence. L’Espagne promet une simplification des démarches, via des plateformes en ligne et une réduction des délais d’instruction, afin d’encourager les étudiants à rester dans le pays.
Málaga, périphérie de Madrid ou Barcelone, peu importe, une chose est claire en 2025, les étudiants étrangers prêts à convertir leur visa d’études en permis de travail ne sont plus obligés de multiplier les déplacements. Grâce à la récente réforme, l’Espagne met désormais à disposition une plateforme en ligne unifiée, qui permet de télécharger les documents requis, de régler les frais administratifs et de suivre l’état de sa demande à distance.
Résultat? Une gestion plus fluide, des délais raccourcis (3 à 6 mois selon les régions) et une procédure nettement plus transparente pour ceux qui souhaitent prolonger leur séjour légalement

Résumé des chiffres clés (2022–2023)
Indicateur | Chiffre |
---|---|
Étudiants internationaux en 2022–23 | 241 775 (record historique) |
Augmentation annuelle | +8 % par rapport à l’année précédente |
étudiants étrangers en Espagne total avant pandémie | ≈ 208 320 (2019–20) |
Étudiants marocains inscrits | 7 263 (parcours réguliers) |
Inclus les étudiants résidents en Éspagne | Total ≈ 11 244 |
Contribution économique (estimation conservatrice) | ≈ 133 millions € par an |
Cette réforme arrive dans un contexte favorable, l’Espagne a franchi un cap historique en 2022–23 avec 241 775 étudiants internationaux, soit une progression de 8 % en un an et une hausse de 16 % depuis 2019–20. Parmi eux, 7 263 sont des étudiants marocains, auxquels s’ajoutent environ 3 981 résidents marocains poursuivant leurs études, un total d’environ 11 244 apprenants marocains dans les établissements supérieurs espagnols.
Leur présence ne nourrit pas seulement les campus, elle alimente l’économie locale à hauteur de 133 millions € annuels, selon les estimations. En facilitant leur transition vers le monde professionnel, cette réforme capitalise sur cet engouement, transformant un investissement humain et financier considérable en une force durable pour l’Espagne.
En ouvrant la voie à une carrière sur place, Madrid espère séduire davantage d’étudiants internationaux. Pour les Marocains, première communauté étudiante étrangère du pays, cette décision pourrait transformer les parcours, facilitant l’ancrage professionnel et social au-delà des bancs de l’université.
Un tournant pour l’immigration qualifiée
Avec ces assouplissements, l’Espagne s’aligne sur les politiques migratoires des pays européens cherchant à retenir leurs diplômés étrangers. Reste à voir si la mise en œuvre administrative sera à la hauteur des promesses, des délais réduits, des guichets accessibles et une communication claire seront déterminants pour transformer cette réforme en succès.
