Le projet de loi de finances 2026 introduit une avancée pour les Algériens de l’étranger, la possibilité, si le texte est adopté d’importer une voiture de moins de 5 ans en Algérie, au titre du Certificat de changement de résidence (CCR). La mesure vise à faciliter le retour définitif des expatriés tout en relançant un marché automobile local en souffrance. Qui peut en bénéficier ? Quelles conditions et quelles conséquences pour le marché automobile algérien ?
Jusqu’ici, la franchise liée au Certificat de changement de résidence permettait aux Algériens immatriculés à l’étranger d’importer un véhicule neuf en exonération de droits. Le projet inscrit dans le PLF 2026 change la règle du jeu, il ouvre la porte aux voitures d’occasion récentes, une révolution pour des dizaines de milliers de membres de la diaspora qui souhaitaient rapatrier un véhicule sans supporter des coûts douaniers prohibitifs. Mais l’opération dépendra de l’adoption finale du texte et de la publication des décrets d’application qui préciseront taxes, plafonds et délais.
Ce qui change concrètement (le cœur du dispositif)
Le PLF 2026 prévoit d’étendre le bénéfice du Certificat de changement de résidence aux « moyens de transport de moins de 5 ans d’âge » pour les nationaux immatriculés auprès des représentations diplomatiques et consulaires, ainsi que pour les agents diplomatiques. Concrètement, si la loi est adoptée et les textes publiés :
- le titulaire d’un CCR pourra dédouaner une voiture d’occasion récente (âge maximal : 5 ans) au titre de son retour définitif en Algérie,
- la mesure s’appliquerait à condition de justifier d’un minimum de trois ans de résidence ininterrompue à l’étranger et de ne pas avoir déjà bénéficié d’un CCR antérieur,
- les conditions précises (plafond de valeur, cylindrée, modalité d’évaluation douanière, délai pour ramener le véhicule) seront fixées par décret.
Qui peut en bénéficier ? (profil et conditions pratiques)
La cible prioritaire est la diaspora immatriculée auprès des consulats, travailleurs, étudiants diplômés, retraités rentrant définitivement ou familles rapatriées — à condition de remplir les critères administratifs (notamment les trois ans à l’étranger). Le dispositif s’adresse au titulaire du CCR, il devra être la personne qui introduit physiquement le véhicule en Algérie. En l’état, l’idée est de moderniser une règle qui favorise jusqu’ici quasi exclusivement l’achat de véhicules neufs.

Tableau importer une voiture de moins de 5 ans en Algérie (Avant / Après)
Rubrique | Avant (règle actuelle) | Après (PLF 2026 prévu) |
---|---|---|
Véhicule éligible | Neuf uniquement | Neuf ou d’occasion < 5 ans |
Bénéficiaire | Titulaire CCR (conditions habituelles) | Titulaire CCR + 3 ans de résidence à l’étranger |
Franchise douanière | Oui (plafond selon statut) | Maintenue mais modalités à préciser (décrets) |
Condition de réalisation | Introduit par le titulaire | Idem, avec justificatifs renforcés |
Entrée en vigueur | N/A | Si PLF adopté — possible 1er Janv. 2026 (à confirmer) |
Répercussions économiques et marchés : ce que ça change
Autoriser des voitures d’occasion récentes peut avoir un double effet, répondre à une demande de la diaspora — souvent prête à rapatrier un véhicule récent pour le confort/famille — et stimuler un marché local qui manque d’offres accessibles. À la clef, on peut anticiper :
- une pression à la hausse sur l’offre de véhicules importés ;
- un effet sur le marché des voitures neuves si la demande se détourne vers l’occasion récente ;
- un regain d’activité pour les garages et services après-vente (maintenance, homologation) ;
- un besoin de contrôle renforcé côté douane pour éviter les fraudes (détournements de CCR, faux documents).
La mesure comporte aussi des risques, contournements, revente rapide sur le marché national, ou transferts frauduleux si les contrôles et conditions (durée minimale de résidence, interdiction de cession avant un délai) ne sont pas stricts. Les décrets d’application devront donc préciser les plafonds, la méthode d’évaluation des bases imposables, et prévoir des sanctions claires en cas d’abus.
Que faire si vous êtes intéressé ? Mode d’emploi pratique
Si vous envisagez d’importer votre voiture via le CCR :
- Vérifiez votre statut consulaire : être immatriculé au consulat est la première condition.
- Rassemblez vos justificatifs de résidence à l’étranger (trois années continues).
- Attendez la publication des décrets : ne payez ni acomptes ni démarches risquées avant.
- Anticipez la logistique : transport, homologation, conformité aux normes locales.
- Prévoyez un plan financier : droits éventuels, immatriculation locale, assurances, frais de transit.
Le projet de loi de finances 2026 a été présenté en Conseil des ministres ; l’application effective dépendra de l’examen parlementaire et des textes réglementaires. Si tout suit le calendrier annoncé, l’entrée en vigueur pourrait être fixée au 1er janvier 2026, mais l’essentiel reste d’obtenir le décret d’application qui précisera les modalités pratiques et les plafonds.
Autoriser l’importation de voitures d’occasion de moins de cinq ans via le CCR marque une inflexion pragmatique, reconnaître les besoins réels d’une diaspora attachée à son pays tout en tentant de canaliser ces flux par un cadre légal. Le diable sera dans les détails, ce sont les décrets, les contrôles douaniers et les règles de revente qui détermineront si cette mesure soulage véritablement familles et rapatriés — ou si elle ouvre une fenêtre aux contournements. Pour l’heure, la diaspora doit rester vigilante, préparer ses dossiers, suivre la publication officielle et attendre les textes avant toute opération.