Un jeune étudiant algérien installé au Canada a été arrêté à l’aéroport d’Alger après avoir introduit clandestinement l’un des stupéfiants les plus puissants au monde. L’affaire, jugée récemment, révèle des détails troublants sur un trafic inédit de LSD sous forme de timbres colorés.
Son retour en Algérie ne devait être qu’une simple parenthèse, entre deux semestres d’études et un travail de rénovation de logements à Montréal. Mais dès sa descente d’avion à l’aéroport international Houari-Boumédiène, la trajectoire de Samir M, 24 ans, a brusquement basculé. Celui que ses proches surnommaient « Shawarma » a été arrêté à l’aéroport d’Alger après avoir transporté dans ses bagages plus de 2 000 timbres imprégnés de LSD, un hallucinogène ultra-puissant interdit dans la majorité des pays.
Originaire d’Alger et diplômé du baccalauréat en 2020, Samir était parti poursuivre ses études au Canada avec l’ambition de faire carrière. En parallèle de ses cours, il exerçait un petit boulot dans la rénovation intérieure. C’est dans ce cadre qu’il rencontre un étudiant étranger qui, selon ses dires, l’aurait initié à la consommation de LSD. Intrigué par les effets de cette drogue psychédélique, il commence par en consommer occasionnellement. Puis, lors de son retour en Algérie, il décide de ramener avec lui une importante quantité de cette substance, dissimulée soigneusement dans ses affaires personnelles.
Un étudiant arrêté à l’aéroport d’Alger avec 2201 timbres de LSD
L’affaire a éclaté début juin 2024, lorsque les gendarmes de la brigade de Bouzareah, agissant sur la base d’un signalement, sont alertés sur un comportement suspect dans le quartier de La Fontaine. Un témoin affirme que son mari, en état de forte agitation, répétait avoir consommé un produit inconnu en compagnie de son ami « Shawarma ». L’enquête s’accélère, et la piste mène directement à Samir.
Rapidement interpellé, il est trouvé en possession de 2 201 timbres de LSD aux dessins variés : champignons hallucinogènes, visages d’émojis, motifs colorés, et mentions comme « MAGIC ». Ces timbres, répartis sur plusieurs feuilles, avaient tous une forte concentration de drogue, capable de provoquer des hallucinations prolongées allant jusqu’à 16 heures. Leur prix sur le marché noir variait entre 1 800 et 3 000 dinars l’unité.
Le jeune homme n’a pas nié les faits. Lors de son audition, il a expliqué avoir transporté la drogue depuis le Canada à bord d’un vol Air France. Il aurait dissimulé les timbres entre ses documents personnels. Aucun contrôle à l’aéroport d’Alger ne permet alors de détecter la marchandise, une faille dans les dispositifs de sécurité pointée par certains observateurs.
Le LSD un psychotrope rare et dangereux en Algérie
La présence de LSD en Algérie est extrêmement marginale comparée à d’autres substances plus courantes. Pourtant, ce cas marque un précédent : c’est la première fois qu’un tel volume de cette drogue est intercepté sur le territoire national. Ces timbres hallucinogènes, consommés en les posant simplement sur la langue, peuvent provoquer de graves troubles mentaux. Selon les services de sécurité, l’ampleur des effets, et la facilité avec laquelle ce produit peut être transporté, font du LSD une menace réelle pour les jeunes générations.
Outre la drogue, les enquêteurs ont mis la main sur une panoplie d’équipements technologiques lors de la perquisition : un drone miniature avec sa télécommande à écran intégré, deux batteries, une carte mémoire, ainsi qu’un smartphone équipé d’une puce canadienne. Ces éléments, bien que périphériques, laissent supposer un éventuel usage pour surveiller ou sécuriser les transactions.
Dérives en milieu étudiant et vulnérabilité à l’étranger
L’histoire de Samir soulève aussi des interrogations plus larges sur la vulnérabilité des jeunes étudiants algériens à l’étranger. Livrés à eux-mêmes, parfois isolés socialement et économiquement, certains peuvent basculer vers des pratiques à risque. Dans ce cas précis, c’est la promesse d’un « voyage intérieur » et la curiosité pour des substances interdites qui semblent avoir séduit l’étudiant.
Devant le tribunal, la défense a plaidé les circonstances atténuantes, insistant sur le repentir sincère du prévenu, son absence de casier judiciaire et l’influence de l’éloignement familial. La cour criminelle a toutefois condamné Samir M. à trois ans de prison ferme pour importation illégale de stupéfiants. Dans les couloirs du tribunal, une phrase revenait en écho : « Il ne savait pas à quel point il jouait avec sa vie. »