Le taux de change de 100 euros au square d’Alger ne cesse de grimper ces derniers jours. Porté par une forte demande et une offre limitée, le billet européen connaît un pic inédit sur le marché parallèle des devises, creusant encore davantage l’écart avec le taux officiel.
Ce mardi 29 avril 2025, le marché informel des devises confirme une nouvelle progression de l’euro face au dinar. Les cambistes situés au niveau du célèbre square Port-Said à Alger affichent une valeur de 26 100 à 26 150 DA pour la vente de 100 euros. Un niveau qui tranche nettement avec les chiffres pratiqués dans les circuits bancaires officiels.
En seulement 24 heures, la valeur de la monnaie européenne a gagné 50 dinars supplémentaires à la vente, passant de 26 050 DA le 28 avril à 26 100 DA aujourd’hui. Cette hausse s’inscrit dans une tendance installée depuis plusieurs semaines. L’écart entre le taux officiel, fixé à 150,736 DZD, et celui pratiqué au square dépasse ainsi les 10 000 dinars algériens pour 100 euros. Une différence qui reflète la vigueur du marché parallèle, mais aussi les limites persistantes du système officiel de change.
100 euros au square d’Alger en pleine tension
Le billet de 100 euros au square d’Alger est devenu l’un des indicateurs les plus suivis par les voyageurs, commerçants et particuliers. Cette envolée est directement liée à une hausse marquée de la demande en devises, alors que l’offre reste figée, voire en baisse.
Parmi les causes identifiées, le report de l’application effective de la nouvelle allocation touristique estimée à 750 euros par adulte et par an pèse lourd. En l’absence persistante de mise en œuvre claire par les banques, les citoyens se tournent massivement vers les cambistes pour leurs besoins en voyage. Ce phénomène saisonnier est accentué par l’approche du Hadj 2025 : les candidats au pèlerinage, souvent en quête de liquidités pour couvrir leurs frais, achètent des euros au prix fort.
Les autres devises concernées par l’écart entre marché officiel et parallèle

L’euro n’est pas la seule monnaie à flamber dans les échanges non officiels. D’autres devises majeures connaissent également des écarts importants entre leur valeur au square et celle fixée par la Banque d’Algérie. Par exemple, le dollar américain s’échange actuellement à 236 DZD à la vente sur le marché parallèle, contre 132,189 DZD dans les circuits officiels.
La livre sterling, quant à elle, atteint, 302 DZD à la vente au square, très au-dessus des 177,340 DZD du marché formel. Même constat pour le franc suisse, qui se négocie à 277 DZD (vente) en parallèle, contre environ 160,590 DZD au taux officiel.
Les devises régionales telles que le riyal saoudien, le dirham émirati ou encore le dinar tunisien suivent le même mouvement haussier. Le riyal, fortement demandé en cette période pré-Hadj, grimpe à 61 DZD contre 35,238 DZD en banque. Le yuan chinois affiche une valeur parallèle de 31,5 DZD, alors que son cours officiel est à 18,207 DZD.
Une dynamique de marché des devises dopée par l’incertitude
Selon les cambistes interrogés, la tendance haussière devrait se maintenir à court terme. Le déséquilibre persistant entre l’offre et la demande, combiné au manque d’alternatives officielles réellement opérationnelles, alimente cette flambée. À cela s’ajoute une anticipation d’intensification des flux de voyageurs vers l’Europe et l’Arabie Saoudite durant l’été, ce qui accentue la pression sur les devises.
Les autorités tentent, de leur côté, de contrôler le marché parallèle et de dissuader les transactions hors circuit légal. Mais les initiatives restent limitées et souvent peu visibles sur le terrain. L’écart croissant entre les deux marchés favorise les pratiques informelles, sans apporter de solution durable pour les particuliers confrontés à des besoins réels de change.
Au square d’Alger, les cambistes, eux, continuent d’ajuster leurs prix quotidiennement, en fonction de la tension du moment. Et pour beaucoup d’Algériens, ces petits stands improvisés restent aujourd’hui la seule issue pour se procurer des devises à temps.
