Fin de l’argent liquide en France ? Alors que les paiements dématérialisés progressent, la Banque de France réaffirme son engagement à garantir l’accès aux espèces sur l’ensemble du territoire. Face à la baisse de l’usage du cash, la B.F. affirme que l’argent liquide doit rester accessible à tous sur l’ensemble du territoire.
Alors que les paiements dématérialisés progressent et que les distributeurs automatiques diminuent en nombre, la question du maintien de l’accès à l’argent liquide en France suscite de nombreuses inquiétudes. Raymond de Pastor, chef du service des études fiduciaires à la Banque de France, réaffirme dans un entretien la mission essentielle de l’institution garantir la disponibilisée des espèces pour tous les citoyens.
La Banque de France, pilier de l’émission des billets
À l’heure où les paiements par carte, mobile et applications bancaires dominent les usages quotidiens, la disparition annoncée de l’argent liquide en France fait débat. Pourtant, loin de céder à l’ère du tout-numérique, la Banque de France défend une position ferme, les espèces doivent rester disponibles pour tous, sans distinction géographique ou sociale. En tant que principal émetteur de billets de la zone euro, l’institution joue un rôle central dans la préservation de ce mode de paiement encore vital pour des millions de Français.
Chaque année, la Banque de France supervise la production et la mise en circulation de plus d’un milliard de billets en euros. Basée à Chamalières, bientôt transférée à Vic-le-Comte, son imprimerie fabrique non seulement pour la France, mais aussi pour d’autres pays de l’Eurosystème. Les billets en circulation proviennent à la fois de nouvelles productions et du recyclage de coupures usagées, vérifiées, triées et, si besoin, détruites. Ce cycle garantit une qualité constante de la monnaie fiduciaire dans le pays.
L’usage du cash diminue, mais ne disparaît pas
Le recours aux espèces dans les transactions diminue progressivement depuis plusieurs années. Ce recul, dû à la digitalisation croissante des paiements, influe logiquement sur les infrastructures liées à la gestion du cash : moins de commandes de billets, moins de stock, et une baisse du nombre de distributeurs automatiques. Toutefois, cette baisse reste progressive et contrôlée. Selon la Banque de France, aucun effondrement brutal de l’usage des espèces n’est à prévoir dans un futur proche.

Fin de l’argent liquide en France ?
Pour la Banque de France, la question n’est pas seulement économique, mais aussi sociale. Tous les citoyens doivent pouvoir accéder à des points de retrait d’argent liquide, qu’ils habitent en zone urbaine ou en milieu rural. La Banque s’appuie sur les travaux du Comité national des moyens de paiement (CNMP), qui publie chaque année un rapport sur l’accessibilité aux espèces. Ce rapport, à paraître en juillet, analyse les territoires pour s’assurer que le maillage est suffisant.
Il est essentiel de comprendre que l’accessibilité ne dépend pas uniquement du nombre de distributeurs, mais de leur implantation stratégique. La concentration de plusieurs DAB dans une même rue ne signifie pas nécessairement une meilleure accessibilité. À l’inverse, la disparition d’un DAB dans un village isolé peut compromettre le quotidien de nombreux habitants. D’où l’importance, pour la Banque de France, de suivre ces évolutions de près et d’agir lorsque des « déserts bancaires » apparaissent.
Contrairement à certaines idées reçues, la Banque de France ne pousse pas à l’abandon des espèces. Elle maintient une stricte neutralité entre les différents moyens de paiement, qu’ils soient électroniques ou physiques. Le but ? Garantir que chaque citoyen puisse choisir librement comment il souhaite régler ses achats ou gérer son argent.
Dans les faits, cela signifie que la Banque collabore étroitement avec les banques commerciales, les transporteurs de fonds, les commerçants et les associations de consommateurs pour que l’option « cash » reste viable, même dans un environnement où le sans-contact devient la norme. Cette coordination s’inscrit dans la nouvelle stratégie nationale 2025-2030 approuvée par le CNMP, qui place l’accessibilité aux espèces parmi ses priorités majeures.
Une disparition complète de l’argent liquide est-elle envisageable ?
Rien n’indique aujourd’hui que la France abandonnera totalement l’argent liquide dans les prochaines décennies. Bien que les comportements évoluent notamment chez les jeunes générations plus enclines à utiliser le numérique, les espèces demeurent un repère pour une large frange de la population. Environ 50 % des transactions de proximité, notamment dans les marchés, les boulangeries ou les zones rurales, s’effectuent encore en cash.
L’éventualité d’une société sans argent liquide poserait aussi des questions de souveraineté monétaire, d’inclusion sociale et de sécurité. Pour ces raisons, la Banque de France se veut rassurante? elle continuera d’assurer l’émission, la gestion et la qualité des billets, et de garantir leur disponibilité partout en France.
Malgré la transformation numérique des paiements, l’argent liquide en France n’est pas en voie de disparition. La Banque de France confirme sa volonté de préserver son accessibilité, en collaboration avec tous les acteurs du système monétaire. Ce positionnement garantit aux Français la liberté de choisir, à chaque transaction, le mode de paiement qui leur convient le mieux, y compris le cash. Dans un contexte de changement, la stabilité de cette option reste un repère fondamental.