Le cash services un projet fiable, les distributeurs automatiques de billets (DAB) ont été les symboles familiers de l’autonomie bancaire. Il suffisait de glisser sa carte pour obtenir de l’argent liquide, à toute heure du jour ou de la nuit.
Ces bornes que l’on croisait à tous les coins de rue sont peu à peu remplacées par une nouvelle génération d’automates. À l’heure où les paiements dématérialisés s’imposent, les banques françaises s’adaptent à la baisse des retraits d’espèces en misant sur un modèle mutualisé : Cash Services.
La généralisation des automates mutualisés s’inscrit dans un contexte plus large de transition numérique du secteur bancaire. Les clients réalisent de plus en plus leurs opérations à distance, via les applications mobiles ou les plateformes web. Les agences bancaires sont désormais davantage tournées vers le conseil que vers les opérations courantes.
Pourquoi les DAB traditionnels disparaissent?
Le phénomène n’est pas nouveau, mais il s’accélère. Depuis plusieurs années, le nombre de retraits en espèces diminue de manière constante en France. Selon la Banque de France, près de 60 % des transactions quotidiennes étaient encore réalisées en cash en 2012. En 2022, ce chiffre est tombé sous la barre des 30 %, tandis que les paiements par carte bancaire, téléphone ou virement instantané ont bondi.
En parallèle, le nombre de distributeurs automatiques a lui aussi chuté. Le pays comptait environ 58 000 DAB en 2010 ; ils sont aujourd’hui moins de 47 000. La tendance devrait se poursuivre, puisque les trois principales banques concernées – BNP Paribas, Société Générale et Crédit Mutuel Alliance Fédérale – ont annoncé leur intention de remplacer progressivement ces dispositifs par des automates mutualisés d’ici fin 2025.
Cette stratégie s’explique par des motifs économiques clairs. Entre la maintenance, la sécurité, la logistique d’approvisionnement en billets et l’obsolescence technique, un DAB coûte cher à entretenir. Or, comme le rappelle Éric Petitgand, directeur général de Crédit Mutuel Alliance Fédérale dans une interview accordée au journal Le Monde, « les retraits des Français ne font que baisser année après année ». Maintenir en activité des équipements de moins en moins sollicités devient difficile à justifier, notamment dans les zones à faible densité de population.
Le projet « Cash Services » pour une meilleure offre
Pour répondre à cette mutation, un projet de grande envergure a vu le jour : Cash Services. Cette structure commune, lancée en 2023, regroupe trois groupes bancaires : Société Générale, BNP Paribas et Crédit Mutuel Alliance Fédérale, ce dernier étant également à la tête du réseau CIC. L’objectif est de créer un réseau d’automates bancaires communs, accessibles à tous les clients de ces banques.
Le principe est simple : mutualiser les coûts d’installation et d’entretien en partageant l’usage des bornes entre plusieurs établissements. Mais au-delà des aspects financiers, l’idée est de moderniser l’expérience client en centralisant plusieurs opérations au sein d’un seul terminal.
Le lancement opérationnel est prévu pour juin 2025, mais les premiers automates sont déjà en cours d’installation depuis l’automne 2024. D’ici cette date, 1 000 points devraient être opérationnels. L’objectif affiché est d’atteindre 3 000 sites fin 2025 et 7 000 d’ici fin 2026, dont environ 5 000 en agence et 2 000 hors agence, dans des lieux publics comme les gares, centres commerciaux ou mairies.
Les nouveaux automates Cash Services ne se contentent pas de distribuer des billets. Ils sont conçus comme de véritables guichets électroniques multifonctions. En plus du retrait d’espèces, ils permettront de :
- Déposer des chèques
- Effectuer un versement d’espèces
- Consulter les soldes et opérations récentes
- Obtenir un relevé d’identité bancaire (RIB)
- Réaliser des virements entre comptes
L’interface affichée s’adapte automatiquement à la banque de l’utilisateur dès insertion de sa carte. Le parcours client reste donc familier, bien que l’équipement soit mutualisé. La sécurité est également renforcée, avec des systèmes de surveillance actualisés et des bornes conformes aux normes d’accessibilité pour les personnes en situation de handicap.
Autre avantage mis en avant : les retraits effectués sur ces automates seront gratuits, au même titre que dans les distributeurs de la banque d’origine.
Répondre à la désertification bancaire
L’un des principaux enjeux de ce projet concerne l’accès bancaire dans les zones rurales ou isolées. Ces dernières années, de nombreuses agences ont fermé leurs portes, notamment dans les petites communes. Une tendance qui inquiète les élus locaux et une partie de la population, en particulier les personnes âgées ou non connectées.
En mutualisant les automates, Cash Services espère maintenir un maillage territorial cohérent. Ces bornes sont capables de gérer entre 2 500 et 3 000 retraits par mois, un niveau d’activité suffisant pour justifier leur présence dans des communes où une banque ne pourrait pas s’implanter seule.
L’initiative a donc une portée territoriale : elle permet de maintenir un service bancaire de proximité, même dans les zones peu densément peuplées, tout en garantissant une rentabilité minimale grâce à l’usage partagé des équipements.