En Algérie, l’argent liquide bientôt interdit au-delà de 500 000 dinars dans les transactions courantes. Une décision issue de la nouvelle stratégie numérique visant à réduire l’économie informelle, encourager les paiements électroniques et renforcer l’inclusion financière dans un pays encore très attaché à l’usage du cash.
La transformation numérique prend un tournant concret en Algérie, et cette fois, elle touche directement l’usage quotidien de l’argent. Fini les gros paiements en espèces : au-delà d’un certain seuil, le cash ne sera plus une option. Cette nouvelle réglementation s’inscrit dans un projet plus large, celui d’une économie modernisée, plus transparente et moins dépendante de la circulation fiduciaire hors du circuit bancaire.
La loi de Finances 2025 amorce un changement radical. Les autorités veulent s’attaquer à la racine d’un problème ancien : la place prédominante du liquide dans les échanges économiques, qui freine l’évolution vers un système de paiement plus sécurisé et traçable. La lutte contre l’économie parallèle, qui prospère sur l’anonymat et l’absence de traçabilité du cash, est désormais affichée comme une priorité nationale.
Argent liquide bientôt interdit et développement des paiements électroniques
D’ici à 2030, l’Algérie ambitionne de devenir un acteur numérique crédible. Dans cette optique, la stratégie nationale de digitalisation prévoit d’interdire les paiements en espèces pour toutes les transactions dépassant 500 000 dinars. Ce plafond marque un tournant dans la régulation financière du pays, visant à limiter les pratiques opaques souvent associées à l’utilisation massive de liquidités.
En parallèle, les pouvoirs publics souhaitent accélérer l’adoption des paiements électroniques. Carte bancaire, smartphone, terminaux de paiement (TPE) : les outils sont là, mais leur déploiement reste insuffisant. En mars dernier, seuls 75 550 TPE étaient opérationnels à travers le pays, un chiffre encore très éloigné des besoins pour une adoption généralisée.

Inclusion financière et bancarisation en ligne de mire
La réussite de cette transformation repose largement sur la capacité du pays à renforcer l’inclusion financière. Aujourd’hui, une partie importante de la population reste en marge du système bancaire. Le taux de bancarisation demeure bas, limitant ainsi l’accès aux services modernes de paiement. Pour combler ce retard, les autorités misent sur un double levier : le renforcement de l’infrastructure monétique et la réglementation incitative.
Outre l’interdiction progressive du cash dans certaines transactions, les commerçants sont désormais tenus de proposer des moyens de paiement électronique à leurs clients. Cette obligation, encore peu respectée dans la réalité, devrait être appuyée par des mesures de contrôle plus strictes dans les mois à venir.
Paiement sans contact et modernisation des habitudes de consommation
L’évolution vers le paiement numérique ne concerne pas seulement les grandes surfaces ou les transactions immobilières. Elle s’étend à l’ensemble de la vie quotidienne : commerces de proximité, transport, restauration. Le défi est d’installer des réflexes nouveaux dans une société où l’usage du liquide est culturellement enraciné.
Les consommateurs commencent cependant à s’ouvrir à ces nouvelles pratiques, portés par la généralisation des smartphones et l’essor du commerce en ligne. La pandémie de COVID-19 a également accéléré cette transition en favorisant les paiements sans contact. Mais pour ancrer durablement ces changements, l’État doit garantir un réseau fiable, sécurisé et accessible de solutions de paiement.
Vers une normalisation progressive des échanges économiques
La suppression du cash au-delà de 500 000 dinars s’inscrit dans une volonté de normaliser l’économie. Les notaires, par exemple, ne pourront plus accepter de paiements en espèces pour les transactions immobilières. C’est une avancée symbolique mais aussi stratégique, car ces opérations représentent souvent des montants importants, échappant parfois à toute déclaration fiscale.
La numérisation des échanges permettra non seulement de renforcer la transparence, mais aussi de sécuriser les flux financiers. Moins de cash, c’est aussi moins de risques liés au vol ou à la falsification. C’est également une façon pour l’État de mieux suivre les circuits économiques et d’optimiser la collecte fiscale.
Le calendrier de mise en œuvre reste progressif, avec des ajustements attendus pour accompagner les différents secteurs concernés. Si l’objectif à long terme est clair, sa réalisation dépendra de la capacité des institutions à combler le fossé technologique et social entre la vision numérique et la réalité du terrain.