Malgré une forte demande de visas Schengen, notamment le visa France, les Algériens se heurtent à des taux de refus élevés. Cette situation engendre des pertes financières importantes et soulève des questions sur l’équité du système de délivrance des visas.
Chaque année, des milliers d’Algériens rêvent de franchir les frontières de l’Europe, que ce soit pour rendre visite à un proche, suivre des études ou simplement découvrir d’autres horizons. Et dans cette quête, le visa Schengen est souvent le sésame tant espéré… mais aussi redouté. Car si l’Algérie arrive en tête des pays demandeurs, elle figure aussi tristement parmi ceux qui essuient le plus de refus. Pour beaucoup, la procédure se transforme en parcours du combattant, entre frais non remboursés, attentes interminables et espoirs déçus. Que révèlent vraiment ces chiffres ? Et pourquoi les portes restent-elles si souvent closes, malgré des dossiers en règle ?
Visa France, une demande croissante, mais des obstacles persistants
En 2024, l’espace Schengen a enregistré une hausse notable des demandes de visa, avec plus de 11,7 millions de dossiers déposés, soit une augmentation de 13,5 % par rapport à l’année précédente. L’Algérie se distingue en tête de ce classement, avec 352 295 demandes, principalement le visa France .
Mais cet engouement ne se traduit pas par une hausse équivalente des visas délivrés. Bien au contraire, les taux de refus restent particulièrement élevés. En 2023, plus d’un tiers des demandes algériennes ont été rejetées soit un taux de 35 %, plus du double de la moyenne observée dans l’espace Schengen, qui s’établissait cette année-là à 14,8 %. les Algériens ont perdu plus de 13 millions d’euros en frais de dossier non remboursables .
Focus France – Demandes de visa et rejets en 2024
Indicateur | Donnée |
---|---|
Nombre de demandes reçues | +3 000 000 |
Nombre de rejets | 481 139 |
Taux de refus (France) | 15,7 % |
Classement des principaux pays demandeurs de visa Schengen en 2024
Rang | Pays demandeur | Nombre de demandes de visa |
---|---|---|
1 | Algérie | 352 295 |
2 | Maroc | 282 153 |
3 | Inde | 197 959 |
Un coût financier lourd pour les demandeurs de visas Schengen
Avec un coût de 80 euros par demande, soit près d’un tiers du salaire moyen en Algérie, ces pertes représentent une charge économique significative pour de nombreuses familles. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les frais de visa ont augmenté à 90 euros depuis juin 2024, accentuant la pression financière sur les demandeurs . Ces écarts persistants suscitent l’incompréhension, voire le découragement, d’une partie des demandeurs qui voient leur mobilité entravée malgré des démarches souvent coûteuses et administrativement rigoureuses.
Les taux de refus varient considérablement selon les pays membres de l’espace Schengen. La France, destination privilégiée des Algériens, affiche le nombre le plus élevé de refus, avec 93 151 dossiers rejetés en 2023 . D’autres pays, comme la Grèce, présentent des taux de refus encore plus élevés, atteignant 59,54 % pour les demandes algériennes . Ces disparités soulèvent des questions sur les critères d’évaluation des demandes et sur l’équité du système de délivrance des visas au sein de l’espace Schengen.
Taux de refus des visas Schengen
Année | Taux global de refus Schengen | Taux de refus France | Moyenne européenne |
---|---|---|---|
2022 | 17,9 % | — | — |
2023 | 16,0 % | — | — |
2024 | 14,8 % | 15,7 % | 14,8 % |
Les étudiants algériens particulièrement touchés
Parmi les demandeurs particulièrement affectés par les refus de visa, les étudiants algériens figurent en première ligne. Chaque année, des milliers de jeunes déposent leur dossier dans l’espoir de rejoindre une université en France ou dans un autre pays européen. Ils investissent du temps, de l’énergie et souvent les économies de toute une famille pour réunir les pièces exigées, admission, logement, garanties financières, assurances.
Pourtant, malgré des dossiers complets et conformes, beaucoup se voient opposer un refus, sans justification détaillée ni possibilité de recours efficace. Ce phénomène, loin d’être anecdotique, génère une frustration profonde, d’autant plus que certains refus surviennent à quelques semaines de la rentrée universitaire. Ces blocages compromettent non seulement des parcours académiques prometteurs, mais jettent aussi un froid sur les relations bilatérales entre l’Algérie et les pays d’accueil. Les échanges universitaires, pourtant valorisés dans les discours officiels, se heurtent ainsi à une réalité administrative rigide, perçue comme injuste et dissuasive.
Ce phénomène, loin d’être anecdotique, génère une frustration profonde, d’autant plus que certains refus surviennent à quelques semaines de la rentrée universitaire. Ces blocages compromettent non seulement des parcours académiques prometteurs, mais jettent aussi un froid sur les relations bilatérales entre l’Algérie et les pays d’accueil. Les échanges universitaires, pourtant valorisés dans les discours officiels, se heurtent ainsi à une réalité administrative rigide, perçue comme injuste et dissuasive.
Face à ces défis, des voix s’élèvent pour réclamer une réforme du système de délivrance du visa France. Les critiques portent sur le manque de transparence, les disparités entre les pays membres et l’impact économique des refus sur les demandeurs. Une réforme visant à harmoniser les critères d’évaluation, à améliorer la transparence du processus et à réduire les coûts pour les demandeurs pourrait contribuer à rétablir la confiance dans le système et à faciliter la mobilité entre l’Algérie et l’Europe.
Bien que les Algériens soient les premiers demandeurs de visas Schengen, notamment pour la France, ils font face à des taux de refus élevés et à des pertes financières importantes. Cette situation souligne la nécessité d’une réforme du système de délivrance des visas pour garantir une plus grande équité et faciliter les échanges entre l’Algérie et l’Europe