D’après une récente enquête menée entre mai et juin 2025 auprès de plus de 1 200 Algériens à la sortie de quatre consulats français (Paris, Lille, Lyon, Marseille), 73 % envisagent Acheter un logement en Algérie.
Une enquête lancée par Nazim Sini, universitaire et président du conseil scientifique de la COSOB. L’objectif principal était de mieux comprendre les comportements, attentes et aspirations de la diaspora algérienne vis-à-vis de l’Algérie, en particulier autour des questions de séjour, de dépenses, de mobilité… mais surtout d’investissement immobilier.
L’initiateur de l’enquête suggère d’étendre ce travail à d’autres pays accueillant d’importantes communautés algériennes, afin de mieux cerner les profils, les projets et les freins potentiels à l’investissement. Plusieurs voix au sein de la diaspora appellent à renforcer les liens avec les institutions nationales, en mettant en place des dispositifs adaptés aux réalités des Algériens établis à l’étranger.
Thématiques et questions posées dans l’enquête
Entre mai et juin 2025, une vaste enquête a été réalisée auprès de plus de 1 200 ressortissants algériens établis à l’étranger, interrogés à la sortie des consulats d’Algérie situés à Paris, Marseille, Lyon et Lille. Ce travail de terrain a permis de dresser un portrait précis des habitudes et motivations des membres de la diaspora lors de leurs séjours en Algérie.
Les données recueillies indiquent qu’un séjour type dure en moyenne 22 jours, avec une dépense globale estimée à environ 2 350 euros par famille, généralement composée de quatre personnes. Cette somme couvre principalement les frais liés à l’hébergement, au transport, aux repas, ainsi qu’aux activités culturelles et sociales. La majorité des voyageurs — soit 71 % — préfèrent l’avion comme moyen de transport, une large part d’entre eux choisissant la compagnie nationale, Air Algérie, qui semble avoir regagné en attractivité après une période de critiques récurrentes.
En ce qui concerne les raisons de voyage, 82 % des personnes interrogées évoquent des motifs familiaux : retrouvailles, événements privés, soutien aux proches. Toutefois, le type d’hébergement choisi en dit long sur leurs attentes et leur mode de consommation : près de la moitié (48 %) optent pour des logements meublés temporaires, souvent réservés via des plateformes comme Airbnb. Cette préférence traduit une volonté d’autonomie, mais aussi une perception négative de l’offre hôtelière traditionnelle. En effet, près de 9 répondants sur 10 considèrent que les tarifs pratiqués par les hôtels, notamment dans les grandes villes, sont trop élevés au regard du niveau de service proposé.
Le rapport final, qui s’étale sur 63 pages, constitue une source précieuse d’analyse pour de nombreux acteurs, professionnels du tourisme, chercheurs, institutions diplomatiques, opérateurs économiques ou encore décideurs publics. Il révèle une dynamique socio-économique complexe au sein de la diaspora, entre attachement au pays d’origine et exigences de qualité en matière de services.
Parmi les préoccupations récurrentes exprimées, la qualité de l’expérience passager à l’arrivée en Algérie ressort fortement. Plus de 90 % des sondés estiment que des efforts sont nécessaires pour améliorer l’organisation des aéroports, réduire les temps d’attente à l’embarquement et faciliter la récupération des bagages. Ces éléments, bien que logistiques, ont un impact direct sur la perception du pays par ceux qui y reviennent régulièrement.
Autre difficulté signalée, la location de véhicules sur place, un problème pour près de 60 % des répondants, qui évoquent un manque d’agences, des prix excessifs, ou encore l’absence de garanties claires. Ces obstacles alimentent une forme de frustration, renforçant chez certains le souhait de disposer de leur propre logement et de leurs propres moyens de mobilité.
Ce que les immigrés ont répondu à la question d’acheter un logement en Algérie
L’un des enseignements majeurs de l’étude est sans doute ce chiffre, 73 % des Algériens interrogés à l’étranger envisagent sérieusement l’achat d’un bien immobilier dans leur pays d’origine. Cette perspective dépasse le simple projet de vacances, pour beaucoup, il s’agit d’un investissement personnel à long terme, d’un ancrage familial, voire d’un projet de retour définitif. Cette tendance traduit un attachement fort au territoire, mais aussi une volonté de préparer l’avenir, pour eux-mêmes ou pour leurs enfants.
Ce désir de retour ne se limite pas à la période estivale, pour un nombre croissant d’expatriés, il s’agit d’une réflexion de fond, d’une envie de participer activement au développement national, que ce soit à travers l’immobilier, l’entrepreneuriat ou la transmission de compétences. L’expert Mohamed Sassi, basé aux États-Unis, insiste de son côté sur la nécessité de revaloriser les capacités économiques du pays, encore largement sous-exploitées selon lui. Il plaide pour une révision du cadre juridique afin de canaliser l’économie informelle qui représenterait près de 40 % du commerce national, vers un système plus formel, propice à l’investissement et à la croissance durable.