Une opération conjointe entre la Police des frontières et les douanes algériennes a permis d’intercepter, à l’aéroport d’Alger, deux voyageurs tentant de faire passer 182 500 euros vers la Turquie. Caché dans des boîtes de dattes, l’argent n’était que la partie visible d’un réseau aux activités illicites multiples.
Il y a des valises qui racontent des vacances, et d’autres qui murmurent des secrets. Ce jour-là, dans les couloirs feutrés de l’aéroport Houari Boumédiène, ce ne sont pas des souvenirs de famille ou des effets personnels que transportaient deux passagers en partance pour Istanbul, mais une histoire bien plus lourde que leurs bagages. Entre dattes soigneusement rangées et enveloppes bien dissimulées, c’est un pan entier de contrebande qui a été déterré, révélant bien plus qu’une simple tentative de fuite de devises. Ce dossier raconte le dessous d’un trafic qui mêle argent, patrimoine historique et imprudence calculée.
Aéroport d’Alger, une interception discrète pour un butin impressionnant
Le terminal international de l’aéroport Houari Boumédiène, d’ordinaire rythmé par les annonces de départs et l’agitation des valises à roulettes, a été le théâtre discret d’une saisie hors normes. Alors que deux passagers s’apprêtaient à embarquer à destination d’Istanbul, les agents de la Police des frontières, en collaboration avec les douanes, flairent une anomalie lors du contrôle des bagages. Dans leurs valises, pas de souvenirs ou de simples effets personnels, mais 182 500 euros en billets soigneusement dissimulés dans des enveloppes camouflées dans des boîtes de dattes.
Le stratagème, digne d’un polar, n’a pas trompé la vigilance des autorités. L’intervention rapide des agents a permis d’éviter un transfert illégal de devises, en violation flagrante de la législation algérienne sur les mouvements de capitaux.
Une enquête qui remonte à l’intérieur du pays
L’affaire ne s’arrête pas aux portes de l’aéroport. Grâce à une enquête menée par la brigade de la police judiciaire, les investigations remontent jusqu’à un troisième complice, localisé dans une wilaya de l’est du pays. Son interpellation permet de lever le voile sur une organisation bien rodée, active dans la contrebande de devises, mais pas seulement.
Lors de la perquisition à son domicile, les enquêteurs découvrent 12 000 euros supplémentaires, preuve que les mouvements financiers du réseau étaient bien plus importants que ne le laissait supposer la seule opération aéroportuaire.
Mais la découverte la plus inattendue reste sans doute les 1 352 pièces de monnaie anciennes retrouvées lors de la fouille des lieux. Des artefacts historiques, vraisemblablement issus de fouilles clandestines, accompagnés d’un poignard en argent (arme blanche de catégorie 6) et d’une arme de poing artisanale de catégorie 7.
Ces éléments indiquent que le réseau ne se limitait pas à la contrebande de devises, mais touchait également au trafic d’antiquités et à la détention illégale d’armes. Des faits particulièrement graves au regard du droit algérien, notamment en matière de patrimoine culturel et de sécurité nationale.
Des poursuites judiciaires pour des infractions multiples
Présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Dar El Beïda, les suspects font face à une série de chefs d’accusation lourds :
- blanchiment d’argent,
- infraction au code des changes et des mouvements de capitaux,
- trafic d’antiquités sans autorisation,
- détention d’armes prohibées,
- et menace grave pour l’économie nationale.
Les montants en jeu, la nature des objets saisis et le caractère organisé de l’opération laissent peu de place à l’improvisation. Ce dossier pourrait ouvrir la voie à d’autres investigations, notamment sur les ramifications internationales de ce type de trafic.
Cette affaire relance le débat sur le renforcement des dispositifs de contrôle aux frontières. Face à des réseaux de plus en plus créatifs dans leurs méthodes, les douanes et les services de sécurité doivent adapter leurs outils et renforcer leur coopération, tant à l’échelle nationale qu’internationale.
Alors que la Turquie reste l’un des hubs les plus fréquentés par les Algériens en partance ou en transit, cette saisie spectaculaire démontre que les trafiquants utilisent les routes touristiques les plus banales pour masquer des activités illicites.
Un simple bagage et des boîtes de dattes ont failli cacher une opération de grande ampleur. Mais c’était sans compter sur la vigilance des forces de l’ordre. Au-delà de la somme saisie, c’est tout un pan du trafic transfrontalier qui a été mis à jour, mêlant argent sale, patrimoine historique volé et réseaux bien organisés.
L’affaire du voyageur arrêté avec 182 500 euros à l’aéroport d’Alger nous rappelle à quel point les frontières ne sont pas qu’un point de passage, mais aussi une ligne de front dans la lutte contre le crime économique et culturel.
