À quelques jours de l’Aïd el-Adha 2025, une opération conjointe des gendarmes de l’Hérault et des agents de la DDPP a permis de mettre la main sur 171 moutons destinés à l’abattage clandestin. Un cas emblématique des dérives liées au manque d’abattoirs agréés et à la demande accrue des fidèles.
Quand les traditions se heurtent à la réalité, les tensions surgissent en silence. À l’approche de l’Aïd el-Adha, alors que les familles musulmanes s’apprêtent à célébrer l’une des fêtes les plus sacrées de leur foi, une autre réalité s’impose, celle du manque cruel d’abattoirs agréés. En filigrane, des réseaux parallèles s’organisent, parfois à ciel ouvert, parfois en toute discrétion. À Lunel, près de Montpellier, ce sont 171 moutons que les gendarmes ont retrouvés, parqués dans des conditions illégales, prêts à être sacrifiés hors de tout cadre sanitaire. Un fait divers ? Non. Un symptôme.
Aïd el-Adha 2025, moutons saisis en France menacée par l’illégalité
Ce mardi 3 juin, sous un soleil de plomb dans la campagne héraultaise, les gendarmes de Lunel, accompagnés des agents de la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP 34), n’étaient pas en patrouille ordinaire. Informés d’une activité suspecte dans une exploitation agricole de la périphérie de Lunel, ils ont découvert une réalité choquante, 171 moutons entassés dans des conditions douteuses, prêts à être abattus sans aucun cadre légal ou sanitaire.
L’affaire, discrètement surveillée depuis plusieurs jours via les réseaux sociaux et des plateformes de revente, a révélé un abattage clandestin de grande ampleur. Un soi-disant éleveur proposait aux internautes musulmans des services “clé en main” pour l’Aïd el-Adha, incluant vente, livraison et abattage, à des prix bien au-dessus du marché traditionnel.
À l’approche de l’Aïd el-Adha 2025, les autorités redoutaient une recrudescence des pratiques hors la loi. Cette grande fête religieuse, marquée par le sacrifice rituel du mouton, souffre en France d’un déficit chronique d’abattoirs temporaires agréés, capables de répondre à une demande exponentielle et concentrée sur quelques jours. Dans ce contexte, certains n’hésitent pas à contourner la réglementation.
Le problème ne date pas d’hier, mais il prend cette année une ampleur particulière. Faute d’infrastructures adaptées, des dizaines de fidèles se tournent vers des circuits parallèles, souvent non conformes aux normes d’hygiène et de sécurité. Des annonces florissent sur les réseaux, proposant des moutons « certifiés halal » à des tarifs exorbitants, sans garantie de traçabilité ni contrôle vétérinaire.
Sanctions et rappel à la loi
Le contrevenant interpellé près de Lunel n’en est pas à son coup d’essai. Déjà condamné pour des faits similaires dans le passé, il risque jusqu’à six mois de prison et 15.000 euros d’amende. Tous les animaux ont été saisis et placés sous surveillance sanitaire en attendant d’être redirigés vers le circuit légal de vente.
Cette opération démontre l’importance pour les autorités de renforcer la lutte contre les pratiques frauduleuses à l’approche des fêtes religieuses. Elle rappelle aussi la nécessité de proposer davantage de solutions légales, accessibles et respectueuses des convictions religieuses des citoyens.
Les responsables musulmans en France appellent depuis plusieurs années à la création d’un plus grand nombre d’abattoirs temporaires agréés durant l’Aïd el-Kébir. La pénurie actuelle pousse nombre de fidèles à improviser, parfois en toute bonne foi, sans se rendre compte qu’ils enfreignent la loi.
Plusieurs mosquées, notamment dans le sud de la France, ont publié des messages de prévention incitant les fidèles à ne pas acheter leur mouton sans garantie de légalité. Des campagnes d’information sont également en cours pour rappeler les risques sanitaires et les sanctions encourues en cas d’abattage clandestin.
Vers une meilleure organisation pour les années à venir ?
À la veille de l’Aïd el-Adha 2025, l’État se retrouve une nouvelle fois face à un défi récurrent, concilier respect des rites religieux et exigences sanitaires. Tandis que les fidèles se préparent à célébrer l’un des moments les plus sacrés de l’année, la question d’une meilleure organisation logistique et réglementaire reste posée.
Sans une augmentation significative du nombre d’abattoirs agréés, ces scènes risquent de se reproduire, avec tout ce que cela implique en termes de fraude, de souffrance animale et de tension communautaire. Une équation que les autorités devront résoudre, si elles veulent éviter de nouvelles dérives à l’avenir.