L’Aïd el-Adha 2025 en Allemagne aura lieu le vendredi 6 juin, selon les prévisions lunaires et l’annonce de plusieurs fédérations islamiques allemandes. Avec près de 5,5 millions de musulmans, l’Allemagne est l’un des pays d’Europe où la fête prend une ampleur particulière, entre traditions religieuses, cadre légal strict et engagement social grandissant.
À Berlin-Neukölln, à Hambourg-Wilhelmsburg ou encore à Cologne-Ehrenfeld, l’aube du 6 juin 2025 s’ouvrira sur les takbirs du matin. Des milliers de familles musulmanes se réuniront dans les mosquées, les stades ou les parcs pour célébrer l’Aïd el-Adha, la « fête du sacrifice ». Pour les musulmans d’Allemagne, cette date est bien plus qu’un moment religieux : c’est un repère identitaire, un moment de retrouvailles, de partage… et parfois de revendication.
L’Aïd el-Adha 2025 en Allemagne confirmé pour le 6 juin
Les principales fédérations musulmanes allemandes, dont DITIB (Union turco-islamique), ZMD (Conseil central des musulmans) ou encore VIKZ, ont validé la date de l’Aïd pour le vendredi 6 juin 2025, en se basant sur les données astronomiques. Le croissant lunaire marquant le début de Dhoul-Hijja devrait être visible le mardi 27 mai, ce qui place le jour d’Arafat le 5 juin, suivi de la fête.
Dans la pratique, l’Allemagne suit généralement les dates établies par les autorités religieuses turques et marocaines, ce qui aligne son calendrier sur celui de la majorité des pays musulmans.

Combien de musulmans célèbrent l’Aïd en Allemagne ?
En Allemagne, l’Aïd el-Adha réunit chaque année une large part des quelque 5,5 millions de musulmans que compte le pays. Une population diverse, majoritairement d’origine turque (près de 63 %), mais aussi maghrébine, syrienne, bosniaque ou subsaharienne. Ce tissu multiculturel donne à la fête une coloration particulière, selon les régions et les traditions communautaires. Avec plus de 2 800 mosquées et lieux de culte répartis sur tout le territoire, la célébration de l’Aïd s’ancre profondément dans le paysage religieux allemand. À Berlin, par exemple, on estime que plus de 100 000 fidèles participent aux prières de l’Aïd, entre mosquées surchargées, halls municipaux, et rassemblements en plein air.
Face à l’ampleur de la participation, de nombreuses villes adaptent leurs infrastructures pour répondre à l’affluence. À Francfort, Duisbourg ou Stuttgart, des salles polyvalentes sont louées pour accueillir les fidèles, tandis qu’à Berlin, certains quartiers transforment des parcs comme Tempelhofer Feld en lieux de prière à ciel ouvert. À Hambourg, des rassemblements intercommunautaires dans des halls communaux peuvent réunir jusqu’à 5 000 personnes. Dès l’aube, les croyants affluent, souvent en tenue blanche, pour la prière solennelle, récitée entre 7h et 9h, selon les villes. Dans un pays multilingue, les prêches se déclinent en allemand, turc, arabe ou bosnien, témoignant de la diversité et de la cohabitation pacifique des cultures au cœur de cette célébration spirituelle.
Le rituel de l’Aïd el kebir en Allemagne
En Allemagne, le sacrifice rituel de l’Aïd el-Adha est soumis à une réglementation stricte. L’abattage ne peut être réalisé que dans des abattoirs agréés, sous la surveillance de vétérinaires, et l’étourdissement préalable est en principe obligatoire, sauf rares dérogations accordées à certaines boucheries halal. Cette contrainte, qui rend le rite difficile à pratiquer dans les formes traditionnelles, pousse de nombreuses familles à adapter leur manière de célébrer le sacrifice. Beaucoup optent pour la délégation à des ONG actives à l’international, comme en Turquie, au Maroc ou en Palestine, qui assurent le sacrifice et la redistribution de la viande.
D’autres passent par des mosquées partenaires ou des boucheries agréées, qui proposent un service complet et conforme à la loi. Enfin, une part croissante des fidèles choisit de faire un don financier à des associations locales ou internationales, transformant l’acte sacrificiel en geste de solidarité. À titre d’exemple, la fédération DITIB, très implantée en Allemagne, a supervisé en 2023 plus de 160 000 sacrifices délégués dans le monde, preuve que la tradition, même encadrée, continue de vivre et de se réinventer.
Une fête qui s’enracine dans l’espace public allemand
Bien que non reconnue comme jour férié, l’Aïd gagne en visibilité. À Brême, des écoles publiques ont accordé des congés symboliques pour les élèves musulmans. À Hanovre, des crèches organisent même des ateliers autour des fêtes religieuses pour favoriser la cohésion. En 2024, le Land de Berlin a annoncé qu’il étudiait la possibilité de reconnaître deux fêtes musulmanes comme jours fériés, dans le cadre du dialogue interreligieux.
Dans les quartiers populaires comme Neukölln (Berlin), Mülheim (Cologne) ou Moabit, l’Aïd est un moment fort où les rues s’animent : des cafés offrent le thé, des familles organisent des repas collectifs dans les cages d’escaliers, et des associations locales distribuent des colis alimentaires.
Associations et entraide, l’autre visage de l’Aïd en Allemagne
Comme dans d’autres pays européens, l’Aïd al-Adha en Allemagne est aussi une fête solidaire. Des ONG comme :
- Islamic Relief Deutschland
- Muslime Helfen
- HASENE e.V. (organisme humanitaire turc)
- Zakat Deutschland
Organisent des distributions de viande dans les foyers d’hébergement, des colis alimentaires pour les réfugiés, des campagnes de dons pour le Sahel ou la Palestine, des repas communautaires ouverts aux sans-abris, toutes confessions confondues.
L’Aïd el-Adha 2025 en Allemagne sera vécu, comme chaque année, dans un équilibre subtil entre foi personnelle, cadre légal strict et cohésion sociale. Dans les mosquées, dans les cours d’immeubles, dans les bureaux d’associations, la fête ne cesse de se renouveler. Les musulmans allemands, souvent discrets mais profondément ancrés, rappellent que le vivre-ensemble peut se traduire aussi… dans la célébration. Aïd Adha Moubarak a tous