Le gouvernement algérien amorce un tournant stratégique avec le projet de création d’une véritable Banque Postale. Objectif, élargir l’accès aux services financiers, faciliter l’inclusion bancaire et dynamiser l’économie nationale grâce à l’exploitation du vaste réseau d’Algérie Poste.
Pendant longtemps, l’idée d’une Banque Postale a circulé sans qu’aucune initiative concrète ne voie réellement le jour. Aujourd’hui, la dynamique semble enclenchée. Le gouvernement a officiellement examiné la création d’une véritable Banque Postale sous la forme d’une filiale d’Algérie Poste. Ce projet, désormais inscrit à l’agenda exécutif, repose sur une vision stratégique qui combine inclusion financière, modernisation du secteur bancaire et mobilisation des infrastructures existantes.
Ce modèle n’est pas une nouveauté à l’échelle internationale, mais il pourrait marquer une rupture dans le paysage bancaire algérien. Contrairement aux banques commerciales classiques, cette entité se positionnera comme un service public financier de proximité, moins tourné vers le profit immédiat et davantage orienté vers les besoins essentiels des citoyens.
Création d’une véritable Banque Postale pour renforcer l’inclusion financière
L’une des motivations majeures derrière ce projet réside dans la nécessité d’améliorer le taux de bancarisation, qui reste encore en deçà des standards internationaux. Selon les chiffres de la Banque d’Algérie, le pays comptait en 2023 environ 3,41 comptes bancaires ou postaux par personne en âge de travailler, contre 3,26 l’année précédente. Cette progression reste timide, notamment dans les zones rurales et les régions isolées.
La création d’une véritable Banque Postale permettrait d’intégrer une population plus large dans le système financier formel. Grâce aux 4 332 bureaux de poste répartis à travers le territoire national, cette nouvelle entité bénéficierait immédiatement d’un réseau dense et opérationnel. À cela s’ajoute un parc de guichets automatiques en pleine expansion et plus de 16 millions de cartes Edahabia déjà en circulation, facilitant les opérations de paiement, retrait et transfert.

Une alternative crédible aux banques classiques
À la différence des banques traditionnelles, cette Banque Postale proposera des services bancaires fondamentaux adaptés aux attentes de citoyens parfois éloignés des circuits financiers classiques. Les comptes postaux courants seront gérés sous forme de véritables comptes bancaires, offrant des prestations telles que l’épargne, le crédit, les virements et autres services monétiques.
La particularité de cette structure réside dans sa capacité à capter l’épargne informelle, une part encore significative de la masse monétaire qui circule hors du système bancaire. En attirant ces ressources vers des circuits officiels, la future Banque Postale contribuerait à une meilleure régulation de la liquidité et au financement de projets économiques locaux, notamment dans les régions moins développées.
Modernisation des services financiers en appui au développement local
Ce projet s’inscrit dans une logique de transformation globale du secteur bancaire algérien. Le gouvernement souhaite moderniser les services financiers tout en appuyant les dynamiques économiques régionales. La Banque Postale pourrait ainsi jouer un rôle clé dans le soutien à l’agriculture stratégique, au commerce de proximité et aux petites entreprises, en facilitant leur accès au financement et aux services de paiement sécurisés.
Le maillage territorial d’Algérie Poste, combiné à des solutions numériques déjà déployées, offre une base idéale pour développer des services bancaires mobiles, adaptés aux nouveaux usages. Ce levier technologique, allié à l’approche de proximité, permettrait de répondre efficacement aux besoins des populations éloignées ou sous-bancarisées, sans avoir à construire un nouveau réseau à partir de zéro.
Une réforme structurelle au service de l’équité territoriale
Ce projet ne se limite pas à une innovation institutionnelle. Il fait partie d’un ensemble plus large de réformes visant à réduire les inégalités de développement entre les wilayas. En connectant les citoyens aux services financiers, la future Banque Postale s’inscrit dans la stratégie présidentielle de lutte contre les zones d’ombre, tout en favorisant l’emploi local par le biais d’activités bancaires de proximité.
Ce type de structure pourrait également améliorer la gestion des aides sociales, des retraites et des allocations diverses, grâce à des mécanismes de transfert plus efficaces et sécurisés. Il s’agirait là d’un outil complémentaire de gouvernance économique et sociale, capable de répondre à la double exigence de performance et d’accessibilité.
Le lancement de ce projet donne un nouvel élan à la réforme du secteur financier en Algérie. En s’appuyant sur les atouts d’Algérie Poste, l’État pourrait bien réussir à rapprocher durablement les citoyens des services bancaires. Une réforme attendue à suivre de près.