Sami 47 ans est un Algérien menacé d’expulsion en France malgré une vie entière d’intégration, Bien qu’il ait passé toute sa vie sur le territoire, sa demande de renouvellement de titre de séjour a été refusée par la préfecture de l’Aveyron Un cas emblématique d’une politique plus dure.
En France depuis l’enfance, Sami n’a connu que l’Hexagone. Pourtant, après 43 ans passés sur le territoire, cet homme d’origine algérienne est aujourd’hui sous le coup d’un arrêté d’expulsion, à la suite du rejet de sa demande de renouvellement de titre de séjour. Un retournement de situation qu’il attribue à la tension diplomatique entre Paris et Alger, mais aussi à une ligne politique devenue plus rigide sur le traitement des étrangers en situation régulière.
Une vie construite en France, effacée en une décision
L’histoire de Sami est celle d’un enfant arrivé à Paris en 1982 à l’âge de 4 ans. Il fait toute sa scolarité en France, obtient un Bac professionnel dans le domaine de la cuisine, puis entame sa vie professionnelle dans la restauration. En 2011, il s’installe à Rodez, en Aveyron, pour y construire une vie de famille. Marié à une Aveyronnaise et père de deux enfants, Sami est intégré dans la société française, tant sur le plan personnel que professionnel.
Son titre de séjour, renouvelé sans difficulté pendant des années, lui garantissait une vie normale, un emploi stable, et un avenir pour ses enfants. Mais cette stabilité a volé en éclats lorsque la préfecture lui a signifié le rejet de sa demande de renouvellement.
Selon les éléments relayés par Centre Presse Aveyron, ce rejet ne semble pas lié à une irrégularité administrative ou à un manquement personnel. Sami lui-même affirme n’avoir jamais eu de problème avec la justice, et avoir toujours respecté les procédures. Il estime donc que sa situation est le reflet d’une politique migratoire devenue arbitraire, voire punitive.
Le durcissement des consignes données aux préfectures, sous l’impulsion du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, a entraîné une vague de refus de titres de séjour, y compris pour des personnes présentes depuis plusieurs décennies. Sami se dit aujourd’hui « otage du conflit franco-algérien », contraint de quitter un pays qu’il considère comme le sien.
Un Algérien menacé d’expulsion vers un pays qu’il ne connaît pas
Le plus inquiétant pour Sami n’est pas seulement l’expulsion en elle-même, mais la destination, l’Algérie. Né en 1978, il a quitté ce pays dès l’âge de 4 ans et n’y a jamais vécu en tant qu’adulte. Il affirme ne pas parler l’arabe et n’avoir aucun lien social ou professionnel avec l’Algérie. Pour lui, c’est comme être renvoyé dans un pays étranger, où il devra tout recommencer.
Cette situation soulève des questions sur la logique et l’éthique de certaines décisions administratives, quand elles s’appliquent à des individus qui ont bâti toute leur existence en France.
Ce cas illustre une tendance plus large dans la politique migratoire actuelle en France. De plus en plus de personnes, même parfaitement intégrées, sont menacées d’expulsion dans un contexte de resserrement sécuritaire et diplomatique. La situation de Sami est donc à la fois personnelle et symptomatique.
Elle relance le débat sur la double peine administrative, être légalement résident pendant 40 ans et se retrouver soudainement sans droit au séjour, sans avertissement, au seul motif d’un changement politique.