Après avoir vu sa richesse fondre de moitié en 2024, la fortune de Rebrab connaît une remontée significative en 2025. Estimée à 3 milliards de dollars selon Forbes Middle East, elle replace l’industriel algérien parmi les grandes figures économiques du continent. Analyse d’une reprise attendue
La fortune de Rebrab revient sur le devant de la scène. Après une année noire marquée par un effondrement de plus de 50 % de ses avoirs, l’industriel algérien Issad Rebrab voit ses finances reprendre de la hauteur. En 2025, le fondateur du groupe Cevital retrouve une assise estimée à 3 milliards de dollars selon le dernier classement publié par Forbes Middle East. Ce rebond, modeste mais symbolique, s’explique par la reprise de certains marchés-clés, une nouvelle stratégie de gouvernance et une conjoncture régionale plus favorable. Portrait d’une fortune en reconstruction, entre héritage industriel, résilience personnelle et espoirs économiques.
Une remontée qui confirme la résilience du groupe Cevital
Après avoir perdu près de 2,6 milliards de dollars en 2024, Issad Rebrab voit sa fortune atteindre 3 milliards de dollars au printemps 2025. Ce rebond intervient dans un contexte économique plus favorable pour le groupe Cevital, dont les activités agroalimentaires, en particulier, retrouvent des marges solides. La stabilisation du marché mondial du sucre, conjuguée à une reprise des exportations vers l’Europe et l’Afrique subsaharienne, explique en partie cette remontée.
Cevital, le conglomérat fondé par Rebrab dans les années 1970, reste l’un des piliers de l’industrie privée en Algérie. Il est aujourd’hui dirigé par son fils, Malek Rebrab, ce qui marque un tournant générationnel dans l’histoire du groupe. Ce passage de relais n’a pas freiné la dynamique du groupe, bien au contraire : il semble que la nouvelle direction mise davantage sur l’innovation industrielle et la diversification à l’international.

Rebrab reste le seul milliardaire algérien dans le classement Forbes
Le classement 2025 de Forbes Middle East place Issad Rebrab comme le seul milliardaire Algérien parmi les grandes fortunes africaines. Cette position, qui isole l’Algérie face à des géants économiques comme le Nigeria, l’Afrique du Sud ou l’Égypte, témoigne du déséquilibre profond entre les capacités industrielles algériennes et celles de ses voisins du continent. En 2025, l’Afrique du Sud compte sept milliardaires, le Nigeria en compte quatre, tandis que l’Algérie reste représentée par un seul nom.
Cette situation souligne une réalité économique souvent soulignée par les analystes : le tissu entrepreneurial algérien manque de diversification à grande échelle. Rebrab, avec sa fortune désormais estimée à 3 milliards de dollars, reste une exception. Son succès est à la fois un symbole de résilience individuelle et un rappel du chemin encore à parcourir pour bâtir une économie diversifiée portée par plusieurs grands acteurs privés.
La fortune de Rebrab, un indicateur du climat économique algérien
La trajectoire financière d’Issad Rebrab a toujours été en miroir avec celle de l’économie algérienne. Lorsque les politiques de soutien à l’investissement privé étaient favorables, ses actifs prenaient de la valeur. Lors des périodes de blocage administratif, de ralentissement monétaire ou de tensions sur le marché des devises, ses entreprises en souffraient. En 2024, les restrictions sur les importations, les problèmes d’accès au change officiel et les incertitudes réglementaires ont directement affecté les performances de ses sociétés, notamment dans le secteur de l’agroalimentaire et de l’électroménager.
En 2025, plusieurs signaux économiques sont revenus au vert. Les autorités algériennes ont lancé des réformes fiscales ciblées, facilitant l’exportation de certains produits non pétroliers. Cevital, qui détient notamment le plus grand complexe sucrier d’Afrique, a profité de cette détente. Le retour partiel de la confiance des marchés internationaux a également permis aux filiales européennes du groupe comme Brandt en France ou Alas Iberia en Espagne de mieux performer.
Un héritage industriel qui se prolonge avec Malek Rebrab
Depuis l’annonce de son retrait progressif des affaires, Issad Rebrab a confié les rênes opérationnelles du groupe à son fils Malek. Cette transmission s’est faite en douceur, dans un environnement toutefois exigeant. Malek Rebrab, ingénieur de formation, mise sur la modernisation des outils de production, le numérique industriel et la conquête de nouveaux marchés en Afrique de l’Ouest et en Asie.
L’image du groupe s’est également renouvelée. Là où Issad Rebrab incarnait le bâtisseur, son fils souhaite incarner l’ère de l’efficacité technologique et de la transparence. Le redéploiement des activités dans des secteurs comme les énergies renouvelables ou les solutions agro-industrielles intelligentes est déjà amorcé. Cette nouvelle phase pourrait consolider la place du groupe Cevital comme acteur panafricain de premier plan.
La fortune de Rebrab en 2025, estimée à 3 milliards de dollars, est bien plus qu’un indicateur économique personnel. Elle reflète l’état de la dynamique entrepreneuriale algérienne, ses limites structurelles, mais aussi ses immenses potentiels. Ce rebond, même partiel, montre qu’il est encore possible de faire émerger des champions économiques en Algérie, à condition de leur offrir un environnement stable, des règles claires, et des perspectives ouvertes vers l’extérieur.
Issad Rebrab reste, à ce jour, un modèle singulier. Ni un simple industriel, ni un financier, il incarne une vision du développement qui reste à renouveler. En 2025, son nom figure toujours parmi les figures majeures de la réussite africaine, même si son héritage se construit désormais à travers la génération suivante.