De plus en plus de Français conservent de l’argent liquide chez eux, par précaution ou méfiance. Mais existe-t-il un plafond légal à ne pas dépasser ? Et à partir de quel montant faut-il pouvoir justifier la provenance ? Voici ce que disent la loi, le fisc et la Banque de France en 2025.
Avec les incertitudes économiques, les tensions internationales et la perte de confiance envers les banques, de nombreux foyers français optent pour une solution simple : conserver de l’argent liquide chez soi. Loin des comptes bancaires, des placements et des virements, cette épargne discrète se glisse dans des enveloppes, des coffres ou parfois même… sous un matelas. Mais cette pratique soulève une question récurrente, presque taboue : jusqu’à combien peut-on garder en liquide chez soi sans être inquiété ? Faut-il déclarer l’argent à un certain seuil ? Existe-t-il une loi qui limite cette pratique ? Pour séparer le vrai du faux, voici un tour d’horizon complet des règles en vigueur en 2025.
Peut-on légalement garder de l’argent liquide chez soi ?
Oui, en France, il est parfaitement légal de garder de l’argent liquide chez soi, que ce soit pour une dépense prévue, une sécurité personnelle ou une épargne de précaution. Contrairement à certaines idées reçues, il n’existe aucun plafond officiel fixé par la loi. Vous pouvez donc conserver 500 €, 5 000 € ou même 50 000 € en espèces à votre domicile… en théorie.
Mais ce droit s’accompagne de responsabilités. Selon la Banque de France, ce n’est pas le montant qui pose problème, mais l’origine des fonds. Si vous êtes contrôlé par l’administration fiscale, ou en cas d’enquête judiciaire (perquisition, saisie, accident de succession), vous devrez justifier l’origine de cette somme. Faute de justificatif crédible, elle peut être considérée comme un revenu dissimulé, avec un redressement fiscal à la clé.

Somme maximale en liquide autorisée sans justification
Contrairement à une rumeur persistante, il n’existe pas de seuil clair comme 10 000 € à partir duquel vous êtes automatiquement en faute. Le ministère des Finances l’a confirmé, chaque situation est examinée au cas par cas.
Cela dit, plus la somme en liquide conservée est importante, plus vous devez être en mesure de prouver sa légitimité. En 2025, le fisc peut très bien vous demander des justificatifs pour 6 000 € en cash s’il estime que cela ne correspond pas à vos revenus déclarés. Et si vous êtes en situation de contrôle fiscal, aucune somme n’est anodine, même un retrait régulier de 1 000 € par mois peut éveiller l’attention.
Les paiements en espèces sont eux aussi encadrés
Conserver de l’argent liquide est une chose. L’utiliser dans des transactions importantes en est une autre. En France, les paiements en espèces entre un particulier et un professionnel sont plafonnés à 1 000 € si vous êtes résident fiscal français. Ce plafond monte à 15 000 € pour les non-résidents (comme les touristes).
Pour les transactions entre particuliers, il n’y a pas de plafond officiel, mais au-delà de 1 500 €, un écrit est fortement recommandé (date, noms, objet de la vente, montant, signatures), à la fois pour prouver l’achat et éviter d’être accusé de blanchiment ou de travail dissimulé.
Dans l’Union européenne, une règle commune impose une limite de 10 000 € pour les paiements en espèces, au-delà duquel des contrôles peuvent être déclenchés.
Le rôle des banques dans la détection des mouvements suspects
Même si vous gérez votre argent en toute légalité, les banques surveillent de près les flux d’espèces. Chaque mois, elles doivent signaler à Tracfin (le service anti-blanchiment) les comptes sur lesquels plus de 10 000 € sont déposés ou retirés en espèces, de manière cumulée.
Ces signalements ne déclenchent pas systématiquement un contrôle, mais ils peuvent attirer l’attention du fisc, qui dispose ensuite d’un délai pour demander des explications. D’où l’importance de conserver des preuves de vos retraits, dons, héritages ou ventes, même si vous gérez votre argent de bonne foi.
Que risque-t-on en cas de contrôle fiscal ?
Si l’administration découvre chez vous une grosse somme d’argent liquide non justifiée, cela peut entraîner une requalification en revenu non déclaré, notamment si :
- Vos revenus déclarés ne permettent pas d’expliquer cette épargne
- Vous avez effectué des achats importants en liquide sans cohérence avec vos moyens
- Aucune preuve d’origine légale (retrait, vente, héritage) n’est disponible
Le fisc peut alors imposer des redressements, des amendes et des pénalités de retard. Dans les cas les plus graves, cela peut aller jusqu’à une procédure pénale pour dissimulation de patrimoine.
Il est encore parfaitement autorisé de garder de l’argent liquide chez soi en 2025. Mais la loi vous demande d’être cohérent, transparent et capable de vous justifier en cas de doute. Conserver quelques centaines ou milliers d’euros pour vos urgences ou votre tranquillité d’esprit n’est pas un problème. Mais dès que les montants deviennent importants, la prudence s’impose, documents, reçus, attestations, relevés bancaires… tout ce qui peut prouver l’origine de votre cash est votre meilleure protection en cas de contrôle.