Vous l’avez probablement entendu, à compter de 2026, la France renforce le contrôle des retraites à l’étranger, et en particulier en Algérie où 60 000 bénéficiaires devront justifier chaque année qu’ils sont bien en vie.
Un dispositif lancé en réponse aux alertes récurrentes de la Cour des comptes, et dont l’enjeu dépasse la simple vérification administrative. Près de 1,1 milliard d’euros sont versés chaque année d’après la Cour des comptes.
La perte annuelle serait comprise entre 40 et 80 M€ dans le cadre de retraites à l’étrange, des contrôles menés en 2022 ont révélé jusqu’à 5 % de décès non déclarés dans des zones à risque comme l’Algérie, le Maroc et la Turquie.
La France durcit les règles concernant le contrôle des retraites
En 2025, 50 000 retraités algériens seront conviés à ces contrôles ; en 2026, c’est l’ensemble des 60 000 concernés qui sera appelé dans un cycle conduit sur six ans pour tous les résidents hors France . À titre de comparaison, seuls 8 000 Marocains et 2 000 Tunisiens seraient concernés. Deux méthodes principales pour « prouver qu’on est vivant »
Biométrie smartphone
Depuis septembre 2024, la CNAV a mis en place une reconnaissance faciale via smartphone. Un procédé qui demeure déroutant pour les seniors : « c’est parfois un choc pour un retraité de 85 ans de se filmer », explique Renaud Villard, directeur général. L’objectif est de vérifier la cohérence biométrique d’un visage enregistré précédemment.
Vérification bancaire & convocation consulaire
En parallèle, si un retraité ne fait aucune opération bancaire pendant six mois, la Cnav peut activer une vérification via une banque partenaire en Algérie. En cas de doute, une convocation écrite, voire physique au consulat est émise . Au total, les contrôles physiques réalisés entre 2020 et 2023 ont permis de détecter entre 2 et 5 % de décès non déclarés sur échantillon.
Depuis 1962, les conventions garantissent le versement des pensions, quel que soit le lieu de résidence des retraités. Aujourd’hui, environ 347 000 retraités français vivent en Algérie, dont les pensions s’élèvent à 249 € par mois en moyenne, soit plus d’un milliard d’euros par an.
Informatisation et coopération fragile
En Europe, l’échange informatisé de données a tranché, le Portugal, l’Espagne, la Belgique sont déjà bien connectés. Hors UE, pas vraiment : l’Algérie manque encore de système interconnecté pour la détection automatisée de décès. Pour les contrôles en personne, le budget comprend sprays consulaires, agents locaux et outils numériques. Et si trop de convocations tombent en même temps, les consulats risquent la surcharge.
Pour les retraités concernés, les conséquences peuvent être immédiates et lourdes. En cas d’absence de justificatif envoyé dans les délais, la pension est suspendue automatiquement, sans préavis supplémentaire. Il suffit d’un oubli ou d’un retard dans l’envoi du certificat d’existence pour se retrouver sans revenus.
Et une fois la pension arrêtée, les démarches pour la faire rétablir s’avèrent complexes. Le recours se fait en France, avec des délais parfois longs, des documents à fournir, et souvent des frais à la charge du retraité, ce qui n’est pas toujours évident lorsqu’on vit à l’étranger, loin des structures administratives françaises.