Après plusieurs jours de perturbations sur la ligne maritime Marseille-Alger, une centaine de véhicules et leurs passagers n’ont pas pu embarquer sur le navire El Venizelos, ce dimanche 30 juin. L’annulation de la traversée initiale du Méditerranée et les capacités limitées du bateau de remplacement ont provoqué une situation chaotique sur le port de Marseille. Corsica Linea a annoncé un reclassement, mais la colère des voyageurs reste vive.
Une traversée annulée, un ferry bloqué, un second affrété, puis une nouvelle surcharge, c’est une succession de contretemps qui a conduit ce week-end à une situation tendue au port de Marseille. La compagnie française Corsica Linea, déjà confrontée à l’immobilisation de son navire le Méditerranée, a tenté de réorganiser les départs vers Alger en s’appuyant sur le navire El Venizelos, affrété par Algérie Ferries. Mais ce dernier n’a pas pu accueillir tous les passagers concernés, laissant plus de 100 véhicules sur le carreau, dans un contexte de vacances estivales et de grands retours vers l’Algérie.
Corsica Linea, une chaîne de perturbations entamée le 23 juin
Les difficultés de la compagnie ont débuté avec l’immobilisation du navire Le Méditerranée, retenu à quai à Alger depuis le 23 juin pour inspection technique. En parallèle, le ferry El Venizelos, navire grec affrété par Algérie Ferries pour renforcer les liaisons d’été, a également été immobilisé à Marseille par les autorités portuaires françaises pour un contrôle technique.
Cette double paralysie a provoqué une accumulation de retards sur plusieurs rotations Marseille-Alger, affectant les plans de centaines de passagers, dont beaucoup avaient effectué de longs trajets depuis d’autres régions de France ou d’Europe.

Un départ annulé, un reclassement partiel, et des familles bloquées
Face à l’annulation de la traversée du 29 juin, Corsica Linea a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche un reclassement automatique des voyageurs sur le navire El Venizelos, prévu au départ le 30 juin à 16 h.
Mais à l’embarquement, le navire ne pouvait accueillir tous les véhicules initialement prévus. Selon les témoignages recueillis sur place, environ 100 véhicules sont restés à quai, sans solution immédiate.
Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des passagers tentant de retenir le navire à quai en bloquant les amarres. La tension était palpable, et de nombreux voyageurs ont exprimé leur mécontentement, dénonçant l’absence d’encadrement, de communication claire, et de prise en charge sur place.
La situation a également suscité une réaction officielle. Le député des Algériens de France, Abdelouahab Yagoubi, a dénoncé une « gestion indigne » des passagers, rappelant que certaines familles comptaient des enfants, des personnes âgées, ou des malades, livrés à eux-mêmes sans information ni assistance visible sur le port.
Il a demandé l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur les causes exactes de l’annulation de la traversée et du reclassement partiel, et surtout une communication transparente des compagnies impliquées.
Le rôle d’Algérie Ferries et les limites de la coopération maritime
Face à l’urgence, Corsica Linea a fait appel à Algérie Ferries, qui a mobilisé El Venizelos, un navire affrété temporairement pour la haute saison. Ce ferry devait assurer le remplacement du Méditerranée sur la traversée Marseille-Alger.
Cependant, El Venizelos avait lui-même été immobilisé quelques jours plus tôt à Marseille pour inspection de sécurité, ce qui avait déjà perturbé le calendrier. Sa capacité d’embarquement limitée, combinée à l’afflux massif de voyageurs, a compromis la fluidité du reclassement proposé.
Ce que propose Corsica Linea aux voyageurs non embarqués
Dans un communiqué publié sur ses réseaux sociaux, Corsica Linea a indiqué que les passagers non embarqués pourront bénéficier de :
- Un reclassement sur la prochaine traversée disponible (probablement le 1ᵉʳ juillet),
- Ou un remboursement intégral auprès de l’agence émettrice de leur billet.
La compagnie a rappelé que les passagers doivent se présenter :
- Avec leur véhicule à la porte 3 Beauséjour à partir de 10 h,
- Et les piétons à la gare maritime Cap Janet à partir de 13 h,
- Pour un embarquement prévu à 16 h, avec clôture des enregistrements à 14 h 30.
Mais pour ceux qui n’ont pas pu embarquer ce 30 juin, aucune solution immédiate n’a été activée sur place, ce qui alimente l’indignation.
En pleine saison estivale, un épisode qui pourrait laisser des traces
Ce nouvel incident vient s’ajouter à une série de tensions récurrentes chaque été sur les lignes maritimes entre la France et l’Algérie. L’attente prolongée, le manque de communication, et l’absence d’alternative en temps réel créent un sentiment de désorganisation chronique, notamment chez les familles issues de la diaspora, souvent les plus affectées.
Si les compagnies affrètent davantage de navires pour répondre à la demande, le maillon faible reste souvent la gestion sur le terrain, information des voyageurs, coordination inter-compagnies, capacité portuaire et anticipation des imprévus.