L’Algérie, malgré ses restrictions, fait face à un engouement croissant pour les cryptomonnaies – Blockchain . Alors que le Maroc prend un chemin plus ouvert avec des projets réglementés, les deux pays suivent des trajectoires divergentes face à l’émergence de cette technologie révolutionnaire.
L’Algérie se trouve à un carrefour où se rencontrent des défis traditionnels et les transformations numériques en pleine effervescence. En dépit de la législation stricte interdisant les cryptomonnaies, l’intérêt pour les actifs numériques, notamment le Bitcoin et les autres cryptos, ne cesse de croître. L’Algérie est-elle prête à embrasser pleinement l’univers des cryptomonnaies et de la blockchain, ou choisira-t-elle de simplement encadrer ce phénomène tout en suivant son chemin traditionnel ?
La blockchain, technologie fondamentale des cryptomonnaies, propose une transparence et une sécurité inégalées, ce qui la rend particulièrement séduisante. Cependant, face à une législation stricte et un contrôle accru sur les transactions financières, l’Algérie hésite encore. Ce paradoxe soulève une question clé : comment concilier innovation et régulation dans un contexte où la jeunesse algérienne se montre de plus en plus friande de cryptomonnaies, malgré leur interdiction formelle ?
Cryptomonnaies – Blockchain : une jeunesse algérienne captivée par le numérique
L’Algérie, à l’instar de plusieurs pays en voie de développement, fait face à une jeunesse active, de plus en plus connectée et désireuse de s’investir dans tout ce qui est lié à l’univers des cryptomonnaies. Si le mouvement n’est pas tout à fait nouveau, il a pris une nouvelle ampleur en l’absence d’un cadre législatif adapté. D’après les experts du secteur, une partie non négligeable des jeunes Algériens, diplômés pour une bonne part, travailleurs indépendants parfois, s’intéresse à la crypto pour mieux diversifier leurs sources de revenus ou même au titre d’épargne dans un contexte d’instabilité économique.
Dans le cas de l’Algérie, l’attrait des jeunes pour la cryptomonnaie peut être expliqué par plusieurs éléments, tels que l’accès difficile aux services bancaires traditionnels, l’inefficacité du circuit bancaire pour le versement de paiements internationaux et l’instabilité du dinar algérien. Ainsi, la blockchain et la cryptomonnaie apparaissent à certains jeunes comme un moyen de sortir du cadre du système financier traditionnel et d’investir dans un marché mondial en pleine expansion.
L’Algérie face à la cryptomonnaie Bitcoin : un marché informel et la quête des contournements
En dépit de l’interdiction affirmée imposée au Bitcoin et à toutes autres cryptomonnaies en Algérie depuis 2018, le marché informel fonctionne toujours. Les Algériens en particulier, notamment les jeunes, ont su ici comme ailleurs trouver les moyens pour accéder aux cryptos, notamment via des plateformes étrangères telles que Binance, Kraken, où, très largement, ils effectuent des transactions, souvent en utilisant des VPN pour éviter les limitations géographiques.
Pour cette jeune génération, les cryptomonnaies constituent un moyen d’accéder à une forme de liberté financière, notamment dans un contexte de fluctuation sur lequel le dinar algérien est loin d’être stable. La crypto est un recours pour beaucoup face à la hausse des prix, ou pour des transactions rapides et à faible coût avec l’international.
Ce phénomène s’est accompagné d’un environnement de communautés en ligne, constituées notamment sur des plateformes comme Telegram ou WhatsApp, favorisant les échanges de cryptomonnaies entre personnes. Ces communautés fonctionnent dans un espace assez informel, mais leur impact est indéniable. En dépit des risques juridiques, la demande pour des solutions comme le Bitcoin reste élevée.
Cryptomonnaies – Blockchain : que prévoit l’État algérien avec le dinar numérique ?
Alors que le marché noir des cryptomonnaies s’épanouit en Algérie, l’État élabore de son côté des réponses sous la forme du dinar numérique, un projet officialisé en 2022. Il s’agit de créer une version numérique de la monnaie nationale, émise et régulée par la Banque d’Algérie. Contrairement aux cryptomonnaies décentralisées comme le Bitcoin, le dinar numérique serait intégralement sous contrôle de l’État et permettrait de traçabiliser pleinement les transactions dans un système centralisé.
Le projet de dinar numérique s’inscrit dans le processus de modernisation du système financier national qu’il est censé faciliter, également en matière de paiements mobiles, mais aussi dans le cadre de la lutte contre le cash et l’économie informelle, contribuer à renforcer la souveraineté monétaire du pays et ne vise pas à prendre la place des cryptomonnaies telles que le Bitcoin, mais à proposer une solution numérique sous le contrôle de l’État.
Maroc vs Algérie : Des positions antagoniques sur les cryptomonnaies et la blockchain
Bien que le Maroc et l’Algérie soient deux voisins du Maghreb avec des enjeux économiques et technologiques comparables dans l’espace maghrébin, ces deux pays n’ont pourtant pas la même appartenance ou approche des cryptomonnaies ou de la blockchain. Alors que le Maroc est relativement ouvert, en suscitant des discussions sur la régulation des cryptomonnaies et l’intégration de la blockchain dans son économie, l’Algérie, elle, est totalement fermée sur ce sujet, notamment par une législation interdisant les cryptomonnaies.
Au Maroc, l’attrait pour la cryptomonnaie a été fulgurant chez certains membres de la population, et plus particulièrement chez les jeunes, les jeunes adultes ainsi qu’un certain nombre de travailleurs indépendants, et ce, bien que la réglementation du secteur demeure précaire. Les experts marocains ont souligné le potentiel de la blockchain pour des applications dans plusieurs domaines. En parallèle, l’État semble plus disposé à explorer les implications des monnaies numériques de banques centrales et à réguler l’utilisation des cryptomonnaies de manière progressive.
De l’autre côté, l’Algérie continue de lutter contre l’usage de la crypto, en imposant des interdictions strictes qui n’ont cependant pas empêché son usage en dehors des circuits officiels. La mise en œuvre d’un dinar numérique par le gouvernement algérien traduit une volonté de maîtriser l’usage de la monnaie numérique tout en évitant la décentralisation permise par des cryptomonnaies comme le Bitcoin. Si le Maroc pense un système décentralisé, l’Algérie privilégie un système centralisé et surveillé pour encadrer les paiements numériques et la modernisation de son économie.
Bien que les deux pays aient une jeunesse qui se tourne vers la blockchain et les cryptomonnaies comme alternatives aux systèmes traditionnels, leurs approches réglementaires divergent quelque peu.
Un enjeu à considérer : Régulation ou libéralisation du marché des cryptomonnaies ?
L’Algérie se trouve dans une position délicate entre un marché numérique en plein essor et une législation qui peine à s’adapter aux nouvelles réalités économiques. Les autorités algériennes semblent conscientes de la popularité croissante des cryptomonnaies, mais leur interdiction pourrait devenir difficile à maintenir face aux demandes croissantes de la population, notamment de la part des jeunes. Le gouvernement devra bientôt trouver un équilibre entre la régulation stricte des cryptos et la gestion d’une transformation numérique qui ne cesse de se développer dans le pays.
Le pays pourrait opter pour une régulation de l’utilisation des cryptomonnaies tout en offrant aux acteurs du secteur la possibilité de croître dans un cadre légal clair et sécurisé. Dans un contexte où le marché des cryptomonnaies en Algérie continue d’évoluer dans une zone grise, la question demeure : l’Etat évoluera-t-il vers la régulation ou, au contraire, tentera-t-il de contrôler davantage un secteur en pleine mutation ? Ce qui est sûr en revanche, c’est que l’Algérie se retrouve à un carrefour.