À Marseille, quatre collégiennes d’origine algérienne privées d’un voyage scolaire à l’étranger, leur demande de passeport collectif ayant été refusée par la préfecture. Ce refus, lié à la situation administrative de leurs familles, suscite l’indignation des parents d’élèves et relance le débat sur l’égalité des chances au sein de l’école publique française.
Le 28 avril 2025, le collège Edgar-Quinet, situé dans le 3e arrondissement de Marseille, devait organiser un voyage scolaire en Autriche et en Italie, suivi d’un séjour en Espagne prévu pour le 4 mai. Cependant, les quatre élèves ont été exclues de cette sortie en raison du refus de la préfecture des Bouches-du-Rhône de délivrer un passeport collectif. Selon l’association des parents d’élèves, ces collégiennes ont pour point commun leur origine algérienne, ce qui soulève des préoccupations quant à une possible discrimination.
Collégiennes d’origine algérienne privées d’un voyage scolaire, les faits
À quelques jours du départ, le conseil d’administration de l’établissement a annoncé que la demande de passeport collectif avait été refusée pour quatre élèves. Les membres de l’association des parents d’élèves se sont rendus en préfecture, où il leur a été indiqué que ce refus était motivé par la situation irrégulière des parents de ces élèves et par des dossiers de kafala (adoption reconnue dans les pays musulmans) non enregistrés en préfecture.
Hinda Nadjar, membre de l’association des parents d’élèves, a exprimé son indignation face à cette situation, soulignant que « l’école est censée être un lieu sanctuarisé où tous sont égaux ». Une pétition a été lancée sur le site Change.org le 25 avril 2025 pour soutenir ces quatre collégiennes et dénoncer la décision de la préfecture. À ce jour, elle a recueilli plus de 400 signatures.
En France, les voyages scolaires à l’étranger pour les élèves mineurs étrangers non européens nécessitent l’obtention d’un document de voyage collectif, délivré par la préfecture. La demande doit être faite par l’établissement scolaire au moins un mois avant le départ et inclure divers documents, tels que des photocopies des titres de séjour des parents et des documents d’identité des élèves.
Egalité des chances en question
Cette affaire met en lumière les défis auxquels sont confrontés certains élèves en raison de la situation administrative de leurs parents. Elle soulève également des questions sur l’égalité des chances et l’accès aux activités éducatives pour tous les élèves, indépendamment de leur origine ou de la situation de leur famille.
Le refus de la préfecture de délivrer un passeport collectif à ces quatre collégiennes d’origine algérienne a suscité une vive émotion au sein de la communauté éducative et au-delà. Alors que l’école est censée être un lieu d’égalité et d’inclusion, cette situation rappelle l’importance de veiller à ce que tous les élèves puissent bénéficier des mêmes opportunités éducatives, quelles que soient les circonstances administratives de leur famille.
Cette affaire met crûment en lumière une réalité trop souvent ignorée dans les débats sur l’égalité scolaire en France, celle des enfants pénalisés non pas pour ce qu’ils sont, mais pour la situation administrative de leurs parents. Dans le cas des quatre collégiennes d’origine algérienne exclues d’un voyage scolaire à l’étranger, le refus de délivrance d’un passeport collectif ne sanctionne ni leur comportement ni leurs performances scolaires, mais des éléments sur lesquels elles n’ont aucun pouvoir, l’irrégularité du séjour parental.

Ce type de blocage révèle une faille inquiétante dans le principe d’égalité des chances. L’école républicaine, censée offrir les mêmes opportunités à tous les élèves, se heurte ici à des barrières administratives qui, de facto, introduisent une discrimination indirecte. Car derrière la technicité des motifs invoqués – régularité des représentants légaux, absence de formalisation juridique, se cache un message dévastateur, l’accès aux activités éducatives, comme les voyages scolaires à l’étranger, n’est pas garanti pour tous.
Or, ces voyages ne sont pas de simples excursions. Ils font partie intégrante du parcours éducatif, contribuent à l’ouverture culturelle, renforcent le vivre-ensemble et participent à l’égalité des chances. Leur refus, dans un établissement en réseau d’éducation prioritaire, représente un double coup dur pour des élèves déjà confrontées à des conditions socio-économiques difficiles.
Enfin, cette situation interroge la cohérence des politiques publiques, peut-on parler d’inclusion scolaire tout en laissant les réalités migratoires créer des disparités dans l’accès aux droits éducatifs ? L’affaire de Marseille souligne l’urgence d’une clarification légale et d’une approche plus humaine des procédures, afin que l’école reste, comme le veut la promesse républicaine, un sanctuaire de justice et d’égalité.