Depuis plusieurs mois, les aéroports algériens sont au cœur d’une lutte acharnée contre le transfert illégal de devises. Face à ce phénomène, les autorités ont mis en place des mesures de surveillance renforcées. Notamment avec l’introduction du système numérique des douanes ALCES.
Chaque année, des millions de dinars en devises sortent illégalement du territoire algérien. Si certaines opérations se faisaient autrefois à la vue de tous, d’autres plus discrètes passaient sous les radars douaniers. Mais ces dernières années, les saisies ont explosé, traduisant une volonté claire des autorités : traquer toute tentative de fraude, même la plus discrète.
Dans ce contexte, les aéroports – principaux points de sortie du pays – sont devenus de véritables zones sensibles. Les agents de la douane et de la police aux frontières (PAF) sont désormais équipés pour inspecter plus efficacement les voyageurs et leurs biens, grâce à une panoplie d’outils technologiques et à une réglementation plus claire.
Surveillance accrue dans les aéroports algériens
Les services des douanes et de la police aux frontières (PAF) ont intensifié leurs contrôles dans les aéroports du pays. En 2023, près de 1 milliard de dinars ont été saisis lors de tentatives de transfert illégal de devises, incluant 560.000 euros et 227.000 dollars.
Un système d’information des douanes ALCES, lancé en novembre 2023, représente une avancée significative dans la lutte contre la fraude. Ce système permet le traitement électronique des déclarations douanières, facilitant ainsi la détection des anomalies et renforçant la transparence des opérations. Jusqu’à fin juillet 2024, 120.000 déclarations ont été traitées via ALCES, avec plus de 6.000 opérateurs économiques inscrits.
Ce système comprend plusieurs modules, dont le suivi des opérations de fret, la gestion des risques, le dédouanement électronique et la gestion comptable des recettes. La Direction générale des Douanes prévoit également d’intégrer des fonctionnalités liées au traitement des voyageurs et au dédouanement des véhicules dans une phase ultérieure.
Introduction de la reconnaissance faciale
L’une des innovations phares de ce projet est l’adoption du système de reconnaissance faciale, également connu sous le nom de Face ID. Cette technologie permettra aux passagers de passer les contrôles d’identité sans contact physique avec les agents, réduisant ainsi les temps d’attente et améliorant l’efficacité des procédures. Des portiques intelligents seront également installés pour automatiser les contrôles à l’embarquement, permettant aux voyageurs de scanner leur carte d’embarquement et leur passeport pour accéder à la zone d’enregistrement.
Nouvelles règles sur la déclaration des devises
Depuis novembre 2024, la Banque d’Algérie a modifié la réglementation concernant le transport de devises. Les voyageurs résidents et non-résidents peuvent désormais exporter jusqu’à 7.500 euros par an, sous réserve de présenter une attestation bancaire justifiant l’origine des fonds. Cette mesure vise à encadrer les flux de capitaux et à lutter contre le marché parallèle des changes.
Auparavant, les passagers pouvaient transporter jusqu’à 1.000 euros sans déclaration, et entre 1.000 et 7.500 euros avec une déclaration accompagnée d’une attestation bancaire. Cette révision vise à renforcer le contrôle des mouvements de devises et à prévenir les tentatives de transfert illégal.
Les compagnies aériennes étrangères sous surveillance
Certaines compagnies aériennes étrangères opérant en Algérie ont été accusées de pratiques visant à contourner les réglementations sur le transfert de devises. Ces compagnies auraient vendu des billets en dinars algériens pour des destinations non desservies par Air Algérie, permettant ainsi aux voyageurs de transférer des fonds à l’étranger sans passer par les canaux officiels.
En réponse, la Direction générale des Douanes a mis en place des contrôles stricts sur les transactions effectuées par ces compagnies, notamment en vérifiant la conformité des ventes de billets et en surveillant les flux financiers associés. Ces mesures visent à prévenir le transfert illégal de devises et à protéger l’économie nationale.