Elon Musk n’en est pas à sa première incursion dans un nouveau territoire, mais cette fois, c’est au Maroc que le milliardaire américain a décidé de poser ses valises, ou plutôt celles de Tesla.
L’annonce est tombée récemment, Tesla Maroc est désormais une entité officiellement constituée, avec siège social à Casablanca. Ce n’est pas un simple point de vente ou un bureau commercial. C’est bien plus ambitieux : un projet structurant, pensé pour durer, qui s’inscrit dans une dynamique régionale et internationale.
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L’entreprise a choisi un emplacement hautement symbolique pour démarrer son aventure, le tour Crystal à Marina Casablanca, au cœur du centre d’affaires le plus moderne du pays. Un signal fort. Ce n’est pas un entrepôt en périphérie ou une implantation discrète. C’est un ancrage stratégique, pensé pour rayonner.
Elon Musk montre des ambitions claires
Le pays est en pleine mutation énergétique et industrielle. Il attire les grands noms du secteur automobile avec ses zones franches, son réseau logistique performant et sa proximité avec l’Europe. En somme, un terrain fertile pour une entreprise comme Tesla, en quête de nouveaux marchés et d’alliés solides dans la transition énergétique mondiale.
En termes juridiques, Tesla Maroc a été créée sous la forme d’une SARL (société à responsabilité limitée), avec un capital initial de 27,5 millions de dirhams. Une somme qui peut paraître modeste à l’échelle d’un géant mondial, mais qui s’inscrit dans une logique de présence opérationnelle avant expansion industrielle.
Et cette présence ne se limite pas à vendre des voitures. Dès le départ, Tesla prévoit une chaîne de valeur complète : importation, distribution, vente, entretien, services après-vente, voire remplacement des véhicules si nécessaire. Un modèle à l’américaine, mais adapté au terrain marocain.
L’un des volets les plus attendus concerne le déploiement d’un réseau de stations de recharge à travers le Maroc. L’électrification des transports ne peut pas se faire sans infrastructures fiables, et Tesla l’a bien compris. Le plan envisagé est ambitieux : couvrir un maximum de zones urbaines et de grands axes routiers pour permettre aux conducteurs de véhicules électriques (pas seulement ceux de la marque) de circuler librement.
Ce réseau pourrait aussi inclure des bornes ouvertes au public, ce qui marquerait un tournant important dans la démocratisation de la mobilité électrique au Maroc. L’intégration avec le réseau électrique national est aussi évoquée, ouvrant la voie à des partenariats possibles avec l’ONEE (Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable).
Tesla ne s’intéresse pas uniquement à l’automobile. Son ADN technologique inclut aussi les systèmes d’énergie renouvelable, notamment les batteries domestiques Powerwall et les panneaux solaires. Le Maroc, qui investit massivement dans l’énergie solaire, devient donc un terrain de jeu idéal.
Le ministère de la Transition énergétique et d’autres institutions du pays voient d’un bon œil l’arrivée d’un acteur capable de booster l’autoproduction énergétique et les systèmes de stockage individuel et collectif. Le but ? Rendre les foyers, les entreprises et même des quartiers entiers autonomes en électricité.
Tesla Maroc a d’ailleurs obtenu un agrément pour le développement et l’exploitation de solutions d’énergie renouvelable. On parle ici de produits à usage domestique, mais aussi industriel, avec un accent sur la production locale à moyen terme. Le tout pourrait alimenter un nouveau pan de l’économie verte marocaine.
Une équipe de direction internationale
Le management de la nouvelle filiale a été confié à des profils de haut niveau. À sa tête, Rafael Arqueza Martín, un Espagnol spécialiste des marchés émergents, et Shahin Oliver Khorshid Panah, un Américain issu de la Silicon Valley. Ce duo incarne la volonté de Tesla d’appliquer ses standards mondiaux tout en comprenant les spécificités locales.
Le recrutement de ces profils montre aussi que Tesla ne traite pas le marché marocain comme un simple relais, mais comme un hub stratégique. Cela signifie que le pays pourrait, à terme, jouer un rôle plus large, notamment en matière de coordination régionale.
Liens existants avec l’industrie marocaine
Ce n’est pas la première fois que Tesla travaille avec le Maroc. Par le passé, la firme s’est déjà fournie auprès de la société STMicroelectronics, présente dans la région de Casablanca, pour certains composants de type semi-conducteurs.
Ce précédent ouvre la porte à d’autres formes de coopération industrielle. L’implantation de Tesla pourrait en effet stimuler tout un écosystème de sous-traitants, de la fabrication de pièces détachées à l’assemblage de composants électroniques. Un scénario qui s’aligne parfaitement avec la stratégie industrielle du Royaume.
Parallèlement à la création de la filiale commerciale à Casablanca, les discussions autour d’une gigafactory Tesla au Maroc avancent. Plusieurs sources évoquent un projet d’usine à Kénitra, dans la zone franche Atlantic Free Zone, déjà connue pour accueillir l’usine Stellantis (Peugeot-Citroën).
Le projet serait estimé à 5 milliards de dollars, avec une capacité de production de 400 000 véhicules par an. Il inclurait la fabrication du Model Y et d’un modèle plus compact, destiné aux marchés émergents, à un tarif avoisinant les 25 000 dollars.
Ce choix de Kénitra n’est pas anodin. La ville est proche de Tanger Med, le plus grand port d’Afrique, ce qui facilite l’exportation vers l’Europe et l’Afrique subsaharienne. Un atout logistique de taille.
