En Algérie, le harcèlement de rue est une réalité pour de nombreuses femmes. Face à ce phénomène, certaines femmes filment pour lutter pour dénoncer publiquement ces actes. Cette pratique s’inscrit dans une dynamique plus large de lutte contre les violences faites aux femmes, où le numérique joue un rôle central.
Le mouvement #MeToo (ou Moi Aussi en français) est un mouvement social contre le harcèlement et les agressions. Il a été créé en 2006 par Tarana Burke, une militante américaine, pour soutenir les survivantes de violences, en particulier les femmes racisées et issues de milieux marginalisés.
Le mouvement a pris une ampleur mondiale en octobre 2017, lorsqu’il est devenu viral sur les réseaux sociaux après que l’actrice Alyssa Milano a invité les victimes de harcèlement ou d’agression à écrire « Me Too » sur les réseaux, afin de montrer l’ampleur du problème. Cela faisait suite aux révélations sur le producteur de cinéma Harvey Weinstein, accusé par de nombreuses femmes de comportements abusifs.
En France, le mouvement a trouvé un écho, lancé par la journaliste Sandra Muller, qui appelait les femmes à dénoncer publiquement leurs agresseurs. Cela a provoqué un débat intense sur les violences faites aux femmes dans la société française.
Les femmes filment pour lutter qui serait une pratique inspirée de #MeToo
À l’instar du mouvement #MeToo qui a encouragé les femmes à partager leurs expériences pour briser le silence, certaines Algériennes ont choisi de filmer leurs harceleurs dans la rue. Ces vidéos, souvent partagées sur les réseaux sociaux, visent à exposer publiquement les comportements inappropriés et à sensibiliser l’opinion publique. Par exemple, une jeune femme d’Alger, après avoir été harcelée, a publié une vidéo de l’incident, qui est rapidement devenue virale, suscitant des réactions de soutien et de solidarité. Elle a ensuite créé un compte Instagram et une page Facebook intitulés « Jaffiche_Dz » pour sensibiliser davantage le public sur le harcèlement de rue.
Le « name and shame », littéralement « nommer et faire honte », est une pratique qui s’est largement diffusée dans le sillage du mouvement #MeToo. Elle consiste à exposer publiquement les agresseurs présumés, notamment en les filmant ou en partageant leurs noms et comportements sur les réseaux sociaux. L’objectif est simple : retourner la honte contre celui qui en est véritablement l’auteur, l’agresseur, et briser le silence qui entoure souvent les violences ou le harcèlement.
Un espace de mobilisation via les réseaux sociaux
Les plateformes numériques sont devenues des espaces de mobilisation pour les femmes victimes de harcèlement. Des hashtags tels que لا_للتحرش_في_الجزائر # ont émergé, permettant aux victimes de partager leurs expériences et de dénoncer publiquement leurs agresseurs. Ces initiatives visent à sensibiliser la société et à inciter les autorités à prendre des mesures contre le harcèlement de rue.
Des associations comme le Réseau Wassila offrent un soutien aux femmes victimes de violences. Elles proposent des services d’écoute, d’accompagnement juridique et de sensibilisation. Parallèlement, des applications mobiles telles que The Sorority permettent aux utilisatrices de signaler des situations de harcèlement en temps réel et d’alerter un réseau de solidarité. Ces outils renforcent l’autonomie des femmes et facilitent leur accès à l’aide.