Le syndicat majoritaire Jupol appelle Madrid à signer sans délai des accords de réadmission avec l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal. L’objectif, expulser les sans-papiers rapidement, limiter l’effet d’appel et lutter contre les réseaux de trafic migratoire.
En Espagne, la question de l’immigration irrégulière continue de mobiliser les autorités. Le syndicat de police Jupol, majoritaire dans la Police nationale, a formulé jeudi une demande pressante, mettre en place des expulsions express des sans-papiers algériens et des ressortissants transitant par le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal. Selon Jupol, la situation actuelle, fondée sur une accueil sans retour, favorise les réseaux criminels et pèse lourdement sur les forces de l’ordre, en particulier sur les côtes de Ceuta, Melilla, les Canaries et l’Andalousie.
Des accords bilatéraux pour expulser les sans-papiers
Le syndicat s’inspire du modèle d’accord bilatéral Espagne-France en vigueur depuis 2003. Ce dispositif permet la réadmission immédiate de toute personne entrant en France de manière irrégulière après avoir transité par l’Espagne. Jupol réclame la signature de conventions similaires avec l’Algérie et les autres pays africains, afin que chaque sans-papiers soit renvoyé rapidement dans son pays d’origine ou de transit, sans procédures longues ou obstacles bureaucratiques.
Les accords prévus devraient inclure :
- des protocoles rapides de vérification des nationalités,
- l’émission de salvoconductes pour les personnes à expulser,
- et des clauses claires concernant les ressortissants de troisièmes pays ayant transité par les États partenaires.
Lutte contre les réseaux de trafic et pression sur la police
Selon Jupol, l’absence d’un tel dispositif nourrit les mafias spécialisées dans l’immigration illégale. Le syndicat souligne que la pression sur la Police nationale espagnole est maximale lors de l’arrivée de multiples embarcations clandestines sur les côtes.
« La gestion actuelle est insoutenable et constitue un carburant pour les réseaux criminels », affirme le syndicat, dénonçant également la vision condescendante de l’Europe vis-à-vis des pays africains dans ce dossier.
La proposition du syndicat de police Jupol intervient dans un contexte où la politique migratoire espagnole est au centre des débats. La mise en place d’expulsions rapides pourrait réduire l’effet d’appel et améliorer la sécurité nationale. Cependant, elle soulève aussi des questions diplomatiques et humanitaires, comment concilier efficacité, droits des migrants et coopération internationale ?
Les prochaines semaines devraient être décisives, car le gouvernement espagnol est attendu pour entamer les négociations diplomatiques avec l’Algérie et les autres États concernés, afin de formaliser ces accords de réadmission immédiate.
Alors que l’Espagne cherche à renforcer son contrôle sur les flux migratoires et à protéger ses forces de l’ordre, la stratégie de Jupol pourrait transformer profondément la gestion de l’immigration irrégulière. La mise en œuvre d’expulsions express des sans-papiers algériens et le modèle bilatéral proposé seront scrutés de près par les autorités, les citoyens et les organisations humanitaires.