Trop lourdes, peu utiles, souvent perdues ou oubliées, les pièces de monnaie n’ont plus leur place dans nos poches. À l’heure du paiement sans contact et des économies modernes, il faut en finir avec les pièces de monnaie pour alléger notre quotidien et simplifier nos transactions.
Dans les poches, sous les canapés, entre deux coussins ou au fond d’un sac : les pièces de 1, 2 et 5 centimes sont partout sauf là où on en a besoin. Elles s’accumulent, se dispersent, mais ne disparaissent jamais vraiment. En réalité, elles s’imposent comme une charge invisible, un poids symbolique et matériel dans un monde de plus en plus numérique.
Ce n’est pas un simple caprice ou une lubie passagère. Dans plusieurs pays, la suppression des petites pièces a déjà été mise en œuvre sans drame ni conséquences majeures. Le Canada a supprimé sa pièce de 1 cent dès 2013. D’autres pays européens, comme la Finlande et les Pays-Bas, ont cessé de les utiliser au quotidien, optant pour un arrondi automatique à la caisse. Pendant ce temps, en France, ces pièces continuent de circuler, malgré leur désuétude croissante.
Pourquoi il faut en finir avec les pièces de monnaie dans une économie moderne
Les arguments en faveur du maintien des pièces de monnaie s’effritent face à la réalité des usages. Aujourd’hui, près de 70 % des paiements en magasin se font par carte bancaire, souvent sans contact. Et ce chiffre grimpe encore dans les grandes villes. Les pièces, surtout celles de faible valeur, sont de moins en moins utilisées pour régler des achats. Leur fonction économique devient marginale, alors que leur coût reste bien réel.
La fabrication de ces petites pièces coûte souvent plus cher que leur propre valeur. À titre d’exemple, une pièce de 1 centime peut coûter jusqu’à 1,5 centime à produire. Un non-sens économique, d’autant plus difficile à justifier dans un contexte où les États cherchent à rationaliser les dépenses publiques. Le paradoxe, c’est que ces pièces n’enrichissent personne, mais appauvrissent symboliquement tout le monde.

La face cachée des centimes en circulation qui demeurent en sommeil
Ces pièces ne sont pas seulement inefficaces, elles sont aussi rarement remises en circulation. Les commerçants les reçoivent, les clients les laissent, et souvent, elles finissent leur vie au fond d’un bocal, dans une boîte à bijoux ou sur une étagère oubliée. Ce sont des millions d’euros ainsi gelés dans une circulation immobile, qui ne profitent ni à la consommation ni à l’épargne.
Les campagnes telles que les « Pièces Jaunes » peinent à réactiver ce trésor dormant. Elles rappellent ponctuellement l’existence de cette masse monétaire négligée, mais ne parviennent pas à enrayer un phénomène ancré : les pièces de centimes sont perçues comme encombrantes, voire inutiles. À tel point qu’il est désormais courant de les abandonner à la caisse ou de les refuser carrément.

Le paiement au centime près est un frein au commerce et à la fluidité des échanges
L’impact de ces pièces sur le quotidien dépasse leur simple valeur faciale. Le moment du paiement devient parfois une scène burlesque. Le client qui fouille, la file qui s’impatiente, le commerçant qui recompte, la transaction se transforme en une opération chronophage et frustrante. Dans une société qui valorise la rapidité et l’efficacité, ces petites pièces provoquent un décalage de plus en plus flagrant.
De plus, les petits commerces ne sont pas toujours bien équipés pour gérer ces micro-montants. Les banques facturent parfois le traitement des pièces, et les frais de comptage peuvent dissuader leur usage. Cela pousse certains professionnels à refuser les paiements en espèces pour des montants trop faibles, ce qui peut créer de la frustration chez les clients et contribuer à une fracture entre générations ou classes sociales, selon les habitudes de paiement.

La dynamique de transition vers le sans-contact enclenchée
Le développement du paiement mobile, des applications bancaires, des portefeuilles numériques comme Apple Pay ou Google Wallet a déjà transformé les usages. Dans les transports, les cafés, les boutiques, le paiement en liquide devient l’exception. Supprimer les petites pièces ne ferait que suivre une tendance déjà bien amorcée.
Et les réticences ? Elles existent, mais se basent souvent sur des idées reçues. La peur d’une hausse des prix, par exemple, a été démentie dans les pays ayant supprimé les pièces de 1 et 2 centimes. Les arrondis à la caisse sont encadrés par la loi, et ne concernent que les paiements en espèces. Les paiements par carte restent exacts au centime près. Les inquiétudes liées à la fracture numérique sont légitimes, mais n’impliquent pas nécessairement le maintien d’un outil obsolète.
Alors, pourquoi la France tarde-t-elle à agir ? Peut-être par attachement symbolique, peut-être par inertie administrative, peut-être à cause d’intérêts industriels liés à la frappe monétaire. Une chose est sûre : les pièces de monnaie ne sont plus en phase avec les réalités économiques, techniques et sociales. Elles appartiennent à une époque révolue.
Comme ces tiroirs remplis de clés inutiles ou ces câbles USB devenus obsolètes, les centimes traînent encore chez nous, témoins d’un monde qui a changé sans qu’on l’accepte totalement.