Grosse panique au square d’Alger après la saisie de plus de 100 000 euros en faux billets en euros. Cette découverte a semé la peur chez les cambistes et les épargnants, nombreux à acheter des euros sans vérifier leur authenticité, pensant investir dans une valeur sûre.
Depuis quelques jours, le square Port-Saïd, connu pour être le cœur battant du marché noir des devises à Alger, ne tourne plus tout à fait rond. Cambistes aux visages fermés, clients hésitants, discussions à voix basse… Un vent de méfiance souffle dans les allées du quartier. En raison de la récente saisie de plus de 100 000 euros en faux billets par les forces de police dans la capitale.
Ce coup de filet a permis le démantèlement d’un atelier de fabrication de fausse monnaie, actif en périphérie d’Alger. L’opération a mis au jour un réseau bien structuré et lourdement équipé, avec matériel de contrefaçon, armes blanches et véhicule utilisé pour la distribution. Une découverte choc, mais les effets collatéraux se ressentent surtout en plein centre-ville, là où l’euro circule plus que jamais.
La saisie de plus de 100 000 faux billets en euros crée la panique
Au lendemain de l’opération menée par la brigade mobile de la police judiciaire à Baba Ali, les habitués du square d’Alger ont vu leurs habitudes bouleversées. Cambistes et acheteurs s’inquiètent de savoir comment distinguer un faux billet d’un vrai lorsqu’on achète à la volée, sans passage par une banque ou une institution officielle ?
Le climat est tendu, car, dans ce marché parallèle, l’euro est plus qu’un simple moyen d’échange, c’est une valeur refuge. Beaucoup achètent des billets non pas que pour voyager ou commercer, mais, aussi pour constituer une épargne à long terme, souvent stockée chez soi en liquide. L’euro a cette réputation de monnaie stable, dont la valeur ne s’effondre pas face au dinar, ce qui en fait une forme d’assurance contre l’instabilité économique locale.
En effet, cette confiance est aujourd’hui sérieusement ébranlée. Des témoins affirment que des billets suspects circulaient ces dernières semaines, sans que personne ne réagisse réellement. Car, dans ce circuit informel, la vérification de l’authenticité est généralement négligée, voire impossible. Les acheteurs se fient à leur revendeur, au visuel du billet, à un toucher approximatif. Rarement plus.

Épargne en euros et faux billets forment un cocktail à haut risque
La plupart des individus qui se rendent au square pour acheter des euros n’ont ni détecteur ni méthode fiable de vérification. Beaucoup ne soupçonnaient même pas que des faux billets aussi bien imités puissent circuler en nombre. Ce sentiment de sécurité a volé en éclats après la saisie de 105 300 euros en fausse monnaie, ce qui a renforcé l’idée d’une menace bien réelle pour les petits épargnants.
« Il y a une vraie panique », confie un revendeur. « Certains refusent de vendre, d’autres partent vérifier leur stock. » La peur de se retrouver avec une liasse de papier sans valeur met désormais les cambistes sous pression. La réputation du square d’Alger repose sur un équilibre fragile entre offre et confiance. Or, cette confiance est aujourd’hui mise à l’épreuve.
Ce choc psychologique pourrait avoir des conséquences durables sur les échanges au noir. D’autant plus que les autorités semblent vouloir frapper fort et durablement. En plus du démantèlement du réseau de trafic de faux billets en euros, des poursuites judiciaires pour atteinte à l’économie nationale sont en cours, ce qui envoie un message ferme : la tolérance zéro.
Une économie parallèle en perte de repères
Au-delà de la répression, cette affaire met en lumière un problème structurel en lien avec la dépendance d’une partie de la population au marché informel des devises. Faute de canaux officiels simples d’accès ou suffisants, comme l’allocation touristique actuellement fixée à 750 euros non encore appliqué officiellement, de nombreux citoyens se tournent vers le square d’Alger pour acheter des devises sans formalité.
Mais à quel prix ? En plus de payer l’euro à des taux bien plus élevés (jusqu’à 261 dinars pour 1 euro récemment), ils prennent désormais le risque de tomber sur des billets contrefaits indétectables à l’œil nu. Une double peine pour ceux qui, souvent, investissent leurs économies dans cette devise par crainte de l’inflation ou de la dévaluation du dinar.
Il reste à voir si cette affaire provoquera une chute durable de l’activité au square, ou simplement une période de repli avant un retour à la normale. En attendant, les regards sont plus méfiants, les mains plus hésitantes. Et, les billets, eux, sont désormais scrutés comme jamais auparavant.