À partir de 2025-2026, plusieurs dizaines de milliers de retraités vivant à l’étranger devront prouver qu’ils vivent toujours pour continuer à toucher leurs pensions Agirc-Arrco. Une mesure de lutte contre la fraude avec des convocations émises via les banques partenaires, qui suscite inquiétude et questionnements au sein de la diaspora.
En pleine réforme des retraites et dans un contexte de suspicion grandissante autour des prestations versées à l’étranger, l’institution complémentaire Agirc-Arrco va instaurer un dispositif de vérification renforcé. Le but est clair : détecter les cas de fraudes, notamment les décès non déclarés ou l’usurpation d’identité, parmi les pensionnés domiciliés hors de France.
Selon le rapport de la Cour des comptes, ce sont des centaines de milliers de retraités – notamment en Algérie, mais aussi au Maroc, en Tunisie et en Turquie – qui seront concernés par ces contrôles. Parmi les méthodes employées : convocations à la banque locale, vérification d’existence via des pièces d’identité, et possibles suspensions de paiement en cas d’absence de réponse.
Chiffres et calendrier des convocations
- L’Agirc-Arrco prévoit de convoquer 60 000 retraités algériens chaque année à partir de 2026 pour vérifier leur existence. En 2025, environ 50 000 personnes seront concernées en Algérie.
- Sur une durée de six ans, cela pourrait représenter près de 400 000 convocations pour les ressortissants algériens résidant hors de France.
- En Algérie, 16 % des retraités hors de France seront convoqués chaque année pour ce contrôle, dont 97 % via une banque partenaire locale d’Agirc-Arrco.
Pourquoi ces mesures ? Les fraudes visées
Ces contrôles interviennent après des constats de fraude confirmés par la Cour des comptes :
- Décès non déclarés : certaines pensions continuent à être versées alors que le titulaire est décédé.
- Usurpation d’identité : des tiers se faisant passer pour des pensionnés, notamment dans des pays où les documents d’état civil ou les identités peuvent être plus difficiles à contrôler à distance.
- Documents falsifiés ou non conformes pour certaines formalités administratives, y compris la justification de la situation ou des changements de coordonnées.
Mode de mise en œuvre : convocations, banques, procédures
- Les convocations proviendront de banques partenaires locales : en Algérie, près de 97 % des convocations se feront via des banques travaillant avec Agirc-Arrco.
- Les personnes convoquées devront se présenter physiquement pour attester de leur existence, présenter des pièces d’identité et, le cas échéant, permettre une vérification plus poussée.
- En cas de non-comparution ou de refus de se rendre à la convocation, la pension peut être suspendue. Cela vaut pour tout retraité concerné.
Enjeux et réactions : pour la diaspora, quel impact ?
Ces mesures soulèvent plusieurs questions et craintes chez les retraités algériens expatriés :
- Incertitude sur les délais : les convocations annuelles risquent d’imposer des déplacements ou des démarches coûteuses pour certains.
- Obligation de transparence : les pièces d’identité, la preuve de vie, et parfois des éléments relatifs à la situation administrative devront être bien conformes, ce qui peut poser problème selon le lieu de résidence ou la documentation disponible.
- Risques de suspension réelle : ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas se conformer verront leur pension suspendue — ce qui peut poser des difficultés financières importantes.
Par ailleurs, pour l’administration, il s’agit de restaurer la confiance du public dans la bonne gestion des retraites, et de réduire les pertes financières liées aux fraudes estimées à plusieurs dizaines de millions d’euros pour l’Algérie.
L’Agirc-Arrco engage un calibrage inédit de ses vérifications à l’étranger, une réponse aux fraudes mais aussi un défi pour les retraités concernés. En Algérie, environ 60 000 personnes seront convoquées chaque année dès 2026 — un processus qui s’étendra sur six ans.
Pour les retraités algériens hors France, il devient crucial de vérifier que leurs documents d’état civil sont à jour, de répondre à toute convocation, et de garder leurs coordonnées bancaires exactes. Ne pas le faire pourrait entraîner la suspension de droits durement acquis.