Logement introuvable, pression administrative, santé mentale fragilisée, malgré son image de destination rêvée, le visa d’études au Canada laisse apparaître ses failles. De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer un écart grandissant entre les attentes des étudiants étrangers et la réalité sur le terrain.
Ils viennent d’Inde, du Nigeria, du Maroc ou d’Algérie. Leurs familles investissent des économies entières pour leur permettre d’accéder à ce qu’on présente comme le modèle d’enseignement international. Mais une fois sur place, de nombreux étudiants découvrent un tout autre décor, loyers inabordables, files d’attente interminables pour un travail à temps partiel, instabilité émotionnelle, voire isolement extrême. Ce que le visa d’études au Canada ne montre pas dans ses brochures officielles, c’est ce quotidien semé d’embûches, que vivent aujourd’hui des milliers de jeunes dans l’ensemble du pays.
Des attentes vite rattrapées par la réalité
Le Canada continue de séduire par ses universités reconnues, son bilinguisme assumé et la qualité de ses diplômes. Mais dès l’arrivée, c’est la crise du logement qui rattrape la majorité des nouveaux arrivants. Le marché locatif, particulièrement tendu dans des villes comme Toronto ou Vancouver, contraint certains étudiants à dormir chez des amis, dans des sous-sols surpeuplés ou à accepter des logements insalubres à des prix démesurés.
À cela s’ajoutent des coûts de la vie souvent sous-estimés par les candidats au départ. Loyer, transport, nourriture, frais annexes : le budget prévu explose rapidement, poussant certains à cumuler plusieurs emplois, souvent précaires, pour survivre. Des emplois à temps partiel parfois incompatibles avec un emploi du temps universitaire chargé.

Un visa attractif, mais une insertion précaire
Le visa d’études au Canada permet légalement de travailler jusqu’à 20 heures par semaine pendant les périodes de cours. Sur le papier, cela offre une forme d’autonomie. En pratique, l’accès à un emploi est loin d’être garanti. Les postes sont rares, souvent mal rémunérés, et très disputés.
À Scarborough, une étudiante en cybersécurité raconte avoir mis plus de quatre mois à décrocher un contrat à temps partiel dans un café. Une autre, en master de gestion, explique avoir dû passer par une association locale pour obtenir un logement temporaire après plusieurs semaines d’errance. Ces récits, loin d’être isolés, se multiplient.
Logement précaire, stress permanent : une pression psychologique sous-estimée
Derrière les discours officiels sur l’intégration et l’ouverture, les étudiants étrangers font face à un niveau de stress chronique souvent ignoré. Le sentiment de décalage, l’insécurité financière, l’éloignement familial et les exigences académiques créent un cocktail difficile à gérer.
Une étudiante indienne confie avoir consulté un psychologue universitaire après avoir enchaîné des insomnies durant plusieurs semaines. « Je pensais venir chercher un diplôme, mais je me bats chaque jour pour simplement tenir le coup », résume-t-elle. Selon plusieurs travailleurs sociaux, ce mal-être étudiant est en nette augmentation, en particulier depuis la crise du logement de 2023.
Ce que les futurs étudiants doivent savoir
- Le Canada est-il toujours une bonne destination pour les études ? Oui, en termes de qualité académique. Mais il est impératif d’évaluer honnêtement les conditions de vie et les coûts réels sur place.
- Peut-on travailler facilement avec un visa d’études au Canada ? Légalement oui, mais en pratique l’accès au travail dépend fortement de la ville, du secteur, et du niveau de langue.
- Comment se loger sans se ruiner ? Des solutions existent via les résidences universitaires ou les réseaux d’entraide, mais la demande dépasse très largement l’offre.
- Y a-t-il un accompagnement psychologique ? Certaines universités proposent des services gratuits, mais le nombre de professionnels reste limité face à l’ampleur des besoins.

Le visa d’études au Canada face à ses contradictions
Selon des chiffres récents du gouvernement canadien, plus de 681 000 visas d’études ont été délivrés en 2024. Une hausse continue, qui contraste avec l’état des infrastructures d’accueil. Plusieurs universités, débordées, demandent aujourd’hui à Ottawa de limiter temporairement le flux d’étudiants étrangers, le temps d’adapter les capacités d’hébergement et de soutien.
En parallèle, des institutions bancaires comme Desjardins mettent en garde contre le surendettement étudiant. De nombreux jeunes arrivent avec un prêt important et se retrouvent sans ressources suffisantes. Faute d’un emploi stable, ils s’enfoncent dans une spirale de dettes, avec des conséquences parfois lourdes sur leur santé mentale et leur avenir académique.
Loin des images d’un pays accueillant et fluide, le visa d’études au Canada révèle aujourd’hui ses limites structurelles. Si l’enseignement reste reconnu, les conditions de vie, elles, s’effritent. Pour de nombreux étudiants internationaux, le rêve d’étudier au Canada s’accompagne d’un prix élevé ? parfois trop.