Les nouveaux Airbus d’Air Algérie, très attendus pour moderniser la flotte nationale, ne seront pas livrés dans les délais initialement prévus. Des retards structurels liés à la production mondiale d’Airbus repoussent le calendrier et soulèvent des défis logistiques et stratégiques pour la compagnie algérienne.
Alors qu’Air Algérie s’apprête à renouveler une partie significative de sa flotte, la réalité industrielle vient doucher les attentes. Derrière les annonces officielles et les espoirs suscités par les commandes d’avions neufs, la logistique mondiale montre ses limites. Airbus, confronté à une demande record et à des tensions persistantes dans sa chaîne d’approvisionnement, n’est pas en mesure de livrer ses appareils dans les délais habituels.
Le constructeur européen a dû revoir ses priorités et alerter ses clients, y compris Air Algérie, sur des décalages potentiels allant jusqu’à trois ans. Dans l’univers hautement concurrentiel du transport aérien, ce genre de contretemps peut rapidement se transformer en un handicap opérationnel majeur, notamment pour les compagnies qui misent sur un renouvellement rapide pour optimiser leur compétitivité.
Nouveaux Airbus d’Air Algérie livrés avec plusieurs années de retard
Air Algérie, qui avait annoncé l’acquisition de nouveaux appareils pour renforcer et moderniser sa flotte, fait aujourd’hui face à une réalité bien moins enthousiasmante. Airbus a officiellement prévenu que les retards de livraison concerneraient une grande partie de ses clients, y compris ceux avec des échéances prévues pour 2027 et 2028. Ces retards, causés principalement par des goulets d’étranglement sur certaines pièces structurelles et moteurs, touchent de plein fouet les commandes en cours.
Le motoriste CFM International, qui fournit le moteur LEAP destiné aux A320neo commandés par Air Algérie, prévoit une montée en puissance de la production en 2025. Toutefois, cette hausse, estimée entre 15 % et 20 % par rapport à 2024, ne permettra pas à elle seule de rattraper les retards déjà accumulés. Le manque persistant de main-d’œuvre qualifiée, ajouté à une logistique encore perturbée par les effets post-Covid, limite la capacité d’Airbus à respecter son calendrier initial.

Pression sur la flotte actuelle et stratégie d’adaptation d’Air Algérie
Ces retards obligent Air Algérie à revoir temporairement ses plans de croissance et de modernisation. Pour faire face à la demande en période estivale ou lors des pics de fréquentation, la compagnie pourrait prolonger l’exploitation de ses anciens avions, voire envisager des solutions intermédiaires comme la location d’appareils auprès de sociétés spécialisées. Une alternative coûteuse mais parfois nécessaire pour préserver la qualité de service.
Le report des livraisons des nouveaux Airbus d’Air Algérie peut aussi impacter la desserte de nouvelles destinations internationales et retarder la diversification stratégique envisagée par la compagnie. Dans un marché régional où la concurrence s’intensifie, chaque mois de retard peut se traduire par une perte d’opportunité ou un manque à gagner, en particulier sur les routes très fréquentées reliant l’Algérie à l’Europe.
Chaîne de production Airbus et impact global sur le secteur aérien
Airbus, de son côté, s’efforce d’augmenter progressivement sa cadence de production pour atteindre un rythme de 75 avions livrés par mois d’ici 2027. Cet objectif, bien qu’ambitieux, est déjà différé et reste soumis à de nombreuses incertitudes. L’industrie aéronautique mondiale est encore marquée par les conséquences de la pandémie, avec une pénurie prolongée de composants essentiels et un rééquilibrage lent de l’ensemble de la supply chain.
Selon des sources industrielles, le constructeur avertit désormais ses clients des retards plusieurs années à l’avance, une pratique inhabituelle mais devenue nécessaire pour répondre aux attentes croissantes de transparence des compagnies aériennes. La tension est donc palpable, tant du côté des constructeurs que des exploitants, face à un désalignement persistant entre la production espérée et la capacité réelle de livraison.
Ce que cela signifie pour le ciel algérien
Dans ce contexte, les ambitions de transformation d’Air Algérie prennent un coup de frein. L’acquisition des nouveaux Airbus devait symboliser une montée en gamme et une amélioration notable de l’expérience passagers. Elle devait aussi contribuer à repositionner la compagnie sur le marché international avec des avions plus performants et plus économes. Ce scénario s’éloigne temporairement, laissant place à une période de transition incertaine.
Les passagers algériens, eux, continueront de voyager à bord d’une flotte composée pour partie d’appareils vieillissants. Une situation qui, à défaut d’être critique, risque d’alimenter l’impatience, surtout dans un contexte de reprise du trafic aérien et de forte demande saisonnière. Pour l’instant, la modernisation attendra.