La Suisse a besoin de 460 000 travailleurs étrangers selon les dernières projections de l’Office fédéral de la statistique. Dans un contexte de vieillissement accéléré de la population, le pays doit repenser son attractivité et sa stratégie migratoire pour préserver l’équilibre de son marché du travail.
Parmi les puissances économiques européennes, la Suisse n’échappe pas au défi du vieillissement de sa population active. Les chiffres publiés le 15 avril 2025 par l’Office fédéral de la statistique (OFS) dressent un constat sans appel, les départs à la retraite vont continuer à dépasser largement les entrées de jeunes actifs sur le marché du travail. Dans un scénario prolongé élaboré avec economiesuisse et l’Union patronale suisse (UPS), il est estimé que le pays fera face à un déficit de plus de 450 000 postes à temps plein d’ici dix ans. Un déséquilibre structurel, qui pousse Berne à regarder au-delà de ses frontières.
La Suisse a besoin de 460 000 travailleurs étrangers, voici les profils recherchés
L’annonce est tombée comme une confirmation redoutée, la Suisse a besoin de 460 000 travailleurs étrangers pour faire face à l’une des plus importantes pénuries de main-d’œuvre de son histoire. C’est ce qui ressort des dernières projections démographiques publiées par l’Office fédéral de la statistique (OFS), qui soulignent l’ampleur des défis à venir dans un contexte de vieillissement accéléré de la population active.
Une pénurie structurelle aggravée par la démographie
Le déséquilibre entre les départs à la retraite et l’arrivée des jeunes actifs sur le marché du travail s’accentue. economiesuisse et l’Union patronale suisse (UPS) l’avaient déjà anticipé dans un scénario étendu : d’ici 2035, environ 460 000 postes à temps plein ne pourront pas être pourvus si aucune mesure majeure n’est prise. Cette projection ne tient même pas compte de possibles chocs économiques ou géopolitiques.
En cause, un taux de natalité plus bas que prévu, une espérance de vie légèrement inférieure aux précédentes estimations, et surtout une immigration nette plus élevée ces dernières années, notamment à cause de crises internationales comme la guerre en Ukraine. Mais malgré cette immigration en hausse, la pression sur le marché du travail reste forte.
L’indispensable apport de la main-d’œuvre étrangère
Les autorités helvétiques en conviennent : la seule main-d’œuvre indigène, même mieux exploitée, ne suffira pas. Mieux intégrer les femmes dans les secteurs sous tension, prolonger l’activité des seniors, améliorer la formation continue… Ces leviers nationaux doivent être activés, mais ils sont loin d’être suffisants à eux seuls.
L’immigration apparaît donc comme un volet incontournable de la stratégie économique suisse. « Dans certaines régions d’Europe, la population active est elle aussi en déclin. La concurrence internationale pour attirer les talents est féroce, et elle ne fera que s’intensifier », prévient economiesuisse. Pour rester compétitive, la Suisse devra se montrer séduisante – sur les plans salarial, fiscal, social, mais aussi en matière de logement et de conditions de vie.
Les secteurs et profils en tension
Alors, quels sont les profils que la Suisse recherche ? Les secteurs les plus touchés par la pénurie de main-d’œuvre sont déjà bien identifiés :
- La santé et les soins à la personne, avec un besoin croissant d’infirmiers, d’aides-soignants et de médecins, notamment en gériatrie.
- Le bâtiment et les travaux publics, qui peinent à recruter des ouvriers qualifiés, conducteurs de machines et ingénieurs civils.
- L’hôtellerie-restauration, où le taux de roulement est élevé, et où les besoins explosent dans les zones touristiques.
- Les technologies de l’information, avec une forte demande de développeurs, de spécialistes en cybersécurité et en intelligence artificielle.
- Le secteur industriel, qui manque de techniciens, de mécaniciens de précision et d’ingénieurs spécialisés.
À cela s’ajoute le besoin croissant de personnel dans les transports, l’éducation, la petite enfance, l’agriculture saisonnière et les services logistiques.
Un défi économique… et politique
Cette dépendance accrue à la main-d’œuvre étrangère ne va pas sans poser des défis politiques. Certains partis populistes critiquent une immigration qu’ils jugent excessive, alors même que les chiffres révèlent une réalité économique inévitable. Pour éviter une polarisation du débat, l’État devra faire preuve de transparence et d’anticipation.
Dans le même temps, les infrastructures doivent suivre : accès au logement, transports publics, intégration sociale et formation linguistique deviennent des enjeux stratégiques pour que cette immigration soit à la fois bénéfique et durable.
La Suisse bénéficie encore d’une image stable, d’un niveau de vie élevé et d’une économie robuste. Mais ces atouts pourraient s’éroder si le pays n’investit pas dans une politique de l’immigration claire, humaniste et efficace. Car l’Europe vieillit. Et si la Suisse n’attire pas ces travailleurs étrangers, d’autres pays, Italie, Allemagne, Pays-Bas, pays nordiques, le feront à sa place.
Le chiffre est désormais officiel : la Suisse a besoin de 460 000 travailleurs étrangers pour préserver sa croissance et éviter des blocages économiques. Mais cette réalité statistique ne pourra être surmontée qu’en combinant politiques publiques ambitieuses, dialogue social, et anticipation des besoins. Dans un monde où le travail qualifié devient une ressource rare, la Suisse devra redoubler d’efforts pour rester dans la course.