La facture s’alourdit pour les voyageurs vers la France, depuis juin 2024, le prix du visa Schengen a grimpé à 90 euros pour les adultes. En 2025, cette hausse continue d’inquiéter les candidats au départ, notamment dans le Maghreb, où les demandes explosent.
La décision était attendue, mais elle n’en reste pas moins mal reçue. Depuis le 11 juin 2024, l’Union européenne a officiellement relevé les frais de visa Schengen, une première depuis 2020. En ce début d’année 2025, cette nouvelle grille tarifaire s’impose pleinement, touchant des centaines de milliers de voyageurs, dont une majorité issue d’Afrique du Nord. Derrière l’apparente rationalisation budgétaire, c’est un parcours administratif encore plus onéreux qui s’ouvre pour les candidats à la France.
Le prix du visa Schengen pour la France en 2025 : la hausse confirmée
Le visa Schengen court séjour, qui permet de voyager dans 27 pays européens pendant 90 jours sur 180, coûte désormais 90 euros pour les adultes et 45 euros pour les enfants âgés de 6 à 12 ans. Une hausse de 12,5 % par rapport au tarif précédent (80 euros), décidée par la Commission européenne pour “compenser l’inflation et les coûts de traitement des demandes”.
Mais ce tarif officiel ne reflète qu’une partie du coût réel. Les frais de service facturés par les centres externalisés (VFS Global ou TLS Contact) s’ajoutent à la facture, oscillant entre 30 et 40 euros, auxquels peuvent se greffer des coûts supplémentaires, traductions, légalisation de documents, prises de rendez-vous accélérées ou frais d’intermédiaires privés.
Ainsi, une demande de visa complète peut rapidement dépasser 130 à 150 euros par personne, sans garantie d’obtention.
Une procédure plus stricte, mais pas plus simple
Obtenir un visa pour la France exige toujours la même rigueur administrative : formulaire en ligne, photo conforme, justificatifs de ressources, attestation d’hébergement, assurance voyage couvrant au moins 30 000 euros de frais médicaux et de rapatriement.
Les consulats insistent sur la cohérence des dossiers. Un simple document manquant, un relevé bancaire incomplet ou une réservation non confirmée, peut entraîner un refus. “Le plus grand piège reste la précipitation. Beaucoup déposent des dossiers incomplets en pensant pouvoir compléter plus tard. Or, le refus est immédiat”, confie un agent consulaire à Alger.
Les demandeurs algériens et maghrébins en première ligne
Selon les données de la Commission européenne, les ressortissants algériens figurent parmi les plus gros demandeurs de visa Schengen au monde, aux côtés du Maroc et de la Turquie.
En 2023, plus de 320 000 demandes avaient été enregistrées depuis l’Algérie, dont près de 45 % concernent la France.
Mais avec la hausse des tarifs, le coût global d’un séjour devient dissuasif pour certaines familles. À titre d’exemple, une famille algérienne composée de deux adultes et deux enfants doit désormais débourser plus de 500 euros pour obtenir ses visas, sans compter les frais de service, les assurances et le transport vers le centre de dépôt.
“C’est devenu un luxe de demander un visa, même sans certitude de l’avoir”, regrette Yacine, ingénieur à Oran, qui prépare sa première demande depuis trois ans.
De leur côté, les agences spécialisées observent une hausse des reports et des annulations de dossiers, notamment pour les voyages touristiques courts.
Frais cachés : le vrai prix du visa Schengen
Au-delà des 90 euros officiels, il faut compter :
- Frais de service (VFS/TLS) : 30 à 40 €
- Assurance voyage obligatoire : 15 à 30 €
- Traductions et copies certifiées : 10 à 25 €
- Frais de transport ou de courrier express : 10 à 20 €
→ Total estimé moyen : 150 à 180 €
Certains candidats optent pour des services d’accompagnement payants, proposés par des agences ou plateformes privées. Ces offres promettent des dossiers “optimisés” ou des rendez-vous rapides, mais leur légalité et leur efficacité restent variables. Le ministère français de l’Intérieur met d’ailleurs en garde contre ces prestataires “non agréés” qui prolifèrent sur les réseaux sociaux.
Où s’informer avant de déposer son dossier
Les seules sources fiables demeurent :
- le site France-Visas.gouv.fr, portail officiel du gouvernement français
- les sites des ambassades et consulats de France
- et les plateformes agréées TLS Contact et VFS Global, qui publient les tarifs et les délais actualisés.
Les autorités rappellent également que toute démarche de visa doit être individuelle : aucune agence, aussi sérieuse soit-elle, ne peut garantir une approbation.
Les pays bénéficiant de réductions ou d’exemptions
Quelques nationalités profitent encore d’accords bilatéraux avantageux. Les ressortissants d’Arménie, d’Azerbaïdjan, de Biélorussie ou d’Ukraine (avant la guerre) bénéficient encore de tarifs réduits à 35 euros, dans le cadre d’accords de facilitation. En revanche, les pays du Maghreb ne bénéficient d’aucune réduction, la France considérant ces relations comme “hors cadre préférentiel”.
Derrière la hausse des frais, se cache une logique politique, dissuader les demandes jugées non essentielles et fluidifier le traitement consulaire. Mais pour nombre de jeunes, de familles ou de professionnels du Maghreb, le rêve d’un séjour en Europe s’éloigne un peu plus. Le visa Schengen, jadis simple formalité pour beaucoup, devient désormais un investissement à part entière, parfois à fonds perdu.






