Une réduction de 30 % du nombre de visas France accordés aux Algériens en 2025,, La délivrance a chuté de près d’un quart en 2025, conséquence directe d’une décision politique de Paris. Derrière les chiffres, c’est toute la complexité de la relation franco-algérienne qui transparaît.
Forte baisse du nombre de visas France accordés aux Algériens en 2025
Selon les données relayées par Le Monde, la France a accordé 103 000 visas aux ressortissants algériens au premier semestre 2025, soit une moyenne de 17 000 visas par mois. En comparaison, la moyenne mensuelle atteignait 22 000 en 2024.
En d’autres termes, les délivrances ont chuté de 23 % en un an, traduisant un resserrement clair de la politique consulaire française à l’égard de l’Algérie. Cette baisse ne résulte pas d’un ralentissement administratif accidentel, mais d’une décision politique assumée.
Macron annonce une réduction de 30 %
Le président français Emmanuel Macron a confirmé cette orientation dans une lettre datée du 6 août 2025, adressée à François Bayrou. Il y précise que la délivrance de visas pour les Algériens sera réduite de 30 %.
Officiellement, cette restriction est justifiée par les « difficultés rencontrées par l’activité consulaire française en Algérie ». Mais pour nombre d’observateurs, il s’agit avant tout d’un moyen de pression diplomatique dans un contexte marqué par des tensions récurrentes entre Alger et Paris.
Un levier diplomatique classique
Les visas sont depuis longtemps utilisés comme un instrument diplomatique dans les relations franco-maghrébines. Déjà en 2021, Paris avait décidé de réduire drastiquement le nombre de visas accordés aux Algériens, aux Marocains et aux Tunisiens, invoquant le refus de ces pays de délivrer des laissez-passer consulaires pour le retour de leurs ressortissants en situation irrégulière.
Cette nouvelle réduction s’inscrit dans la même logique : faire des visas un levier de négociation, au risque de tendre davantage des relations bilatérales déjà fragiles.
La suspension des accords antérieurs
La décision de Paris survient également dans un contexte de gel des accords bilatéraux.
En 2013, un accord entre la France et l’Algérie exemptait les détenteurs de passeports diplomatiques et officiels de l’obligation de visa. Cet accord a d’abord été suspendu par Paris. L’Algérie a répliqué en l’annulant définitivement le 8 août 2025. Privée de ce canal diplomatique privilégié, la France se retrouve désormais avec les visas réguliers comme seul levier de pression.
Cette décision se ressent avant tout dans le quotidien de nombreux Algériens. Pour des milliers de familles ayant des attaches en France, la réduction des visas représente :
- une limitation des voyages familiaux,
- des difficultés pour assister à des événements importants (mariages, décès, naissances),
- un frein à la mobilité étudiante et professionnelle,
- et un sentiment de frustration et d’injustice, les visas devenant plus rares et plus difficiles à obtenir.
Pour la communauté algérienne de France, la plus importante diaspora algérienne au monde, ce resserrement complique les échanges humains qui constituent pourtant un lien essentiel entre les deux rives.
Une efficacité diplomatique contestée
Si l’objectif de Paris est d’exercer une pression politique, l’efficacité de cette stratégie reste incertaine. Plusieurs analystes rappellent que les relations franco-algériennes sont profondément imbriquées, sur le plan économique, la France demeure un partenaire commercial et investisseur important, sur le plan sécuritaire, les deux pays coopèrent dans la lutte contre le terrorisme et les flux migratoires,
Quant au plan historique et mémoriel, les dossiers sensibles continuent de peser dans la relation bilatérale. Dans ce contexte, réduire le nombre de visas touche davantage les familles et les étudiants que les décideurs politiques algériens.
Vers un rééquilibrage international de l’Algérie ?
Parallèlement, l’Algérie cherche à diversifier ses partenariats internationaux, renforçant ses liens avec, la Chine, à travers des investissements massifs dans les infrastructures, la Russie, avec qui elle a accru sa coopération militaire, la Turquie, devenue un acteur économique incontournable, et des partenaires africains dans le cadre de l’Union africaine.
Cette stratégie d’ouverture réduit mécaniquement le poids diplomatique de la France en Algérie, rendant le levier des visas moins déterminant qu’il ne l’était par le passé.
La réduction des visas illustre une nouvelle fois les fragilités structurelles de la relation franco-algérienne. Derrière les statistiques, c’est toute une histoire commune faite de dépendance, de rivalité et d’interdépendance qui ressurgit.
Pour beaucoup, ce bras de fer autour des visas n’est qu’un épisode supplémentaire d’une relation oscillant en permanence entre rapprochements tactiques et crises diplomatiques ponctuelles.
La chute du nombre de visas français accordés aux Algériens en 2025 dépasse le simple cadre consulaire. Elle est le reflet d’une relation bilatérale où la diplomatie se conjugue souvent avec la mémoire, la politique intérieure et la géopolitique régionale.
Si Paris espère peser sur Alger par ce levier, il n’est pas certain que la stratégie produise les effets escomptés. En revanche, ce sont bien les familles et les étudiants algériens qui en paieront le prix immédiat, dans un climat de crispation diplomatique qui risque de durer.