À peine lancé dans le cadre du programme estival 2025, le nouveau navire d’Algérie Ferries immobilisé pour la deuxième fois en moins de deux semaines, soulève des inquiétudes croissantes. Après un premier blocage au port de Marseille, le ferry El Venizelos est cette fois retenu à Alicante, en Espagne. Une situation qui fragilise un peu plus la saison d’été d’une compagnie déjà en quête de crédibilité.
Rien n’annonçait que le El Venizelos deviendrait, en quelques jours, l’un des dossiers les plus sensibles de la saison estivale pour Algérie Ferries. Affrété dans l’urgence pour densifier l’offre de traversées entre l’Algérie et l’Europe, le ferry se retrouve aujourd’hui au centre d’un double blocage qui expose les fragilités d’une logistique maritime mise sous pression. Derrière les chiffres affichés et les promesses commerciales, les réalités techniques rattrapent la stratégie.

Le nouveau navire d’Algérie Ferries immobilisé
Le 29 juin 2025, le ferry El Venizelos quittait enfin le port de Marseille, après six jours d’immobilisation par les autorités maritimes françaises. Le contrôle de sécurité mené par la Direction interrégionale de la mer Méditerranée (Dirm Med), entamé le 23 juin, avait retardé sa mise en service. Le 28 juin, c’était au tour du Méditerranée, navire de la Corsica Linea, d’être retenu à Alger.
Mais la libération du El Venizelos n’a pas mis un terme aux difficultés techniques entourant ce navire affrété récemment par Algérie Ferries. Le 4 juillet, soit moins d’une semaine plus tard, il est de nouveau immobilisé, cette fois au port d’Alicante, en Espagne, pour des raisons similaires de conformité maritime, selon la base Thétis de l’Agence européenne de sécurité.
Arrivé discrètement au port d’Alicante le 2 juillet 2025, le navire El Venizelos n’a plus bougé depuis. Affrété pour la haute saison par Algérie Ferries, le ferry, initialement censé renforcer le dispositif estival de la compagnie algérienne, se retrouve de nouveau à quai, immobilisé par les autorités espagnoles. Il s’agit du deuxième blocage en moins de deux semaines, après un précédent arrêt de plusieurs jours au port de Marseille fin juin.
À quelques jours du pic des départs estivaux, cette situation jette un flou sur la capacité d’Algérie Ferries à tenir son ambitieux programme de liaisons maritimes entre l’Algérie et l’Europe.
Il devait être l’atout logistique de la saison. Il devient, en l’espace de deux semaines, un symbole embarrassant. El Venizelos, navire affrété à la hâte par Algérie Ferries pour soutenir son programme estival 2025, est à nouveau immobilisé dans un port européen. Cette fois, c’est Alicante qui le retient. La précédente escale, à Marseille, s’était soldée par six jours de blocage. La scène se répète, mais la patience des passagers, elle, s’effrite.
Deux blocages en deux semaines : des traversées compromises
Ce n’est pas un incident, c’est une suite. À Marseille comme à Alicante, les motifs sont les mêmes, contrôles de sécurité dans le cadre du mémorandum de Paris, accord qui donne aux États portuaires européens le droit de retenir tout navire jugé non conforme aux standards maritimes internationaux.
Dans les bases de données de l’EMSA, le El Venizelos est décrit comme ayant peu navigué ces dernières années. Son rachat ou sa location à la dernière minute par Algérie Ferries était censé soulager la compagnie pour une saison critique. Elle fait tout l’inverse, il pèse sur elle.
Algérie Ferries sort d’un été 2024 marqué par les retards, les annulations et une communication au point mort. Pour 2025, elle a promis mieux. Des traversées plus nombreuses, un service plus fluide, des promotions affichant jusqu’à 60 % de réduction. Des gestes pour faire revenir la confiance, notamment au sein de la diaspora.
Mais un ferry à l’arrêt, c’est des liaisons décalées, des passagers bloqués, et surtout une compagnie qui semble de nouveau surprise par ses propres choix. Pas de communiqué officiel. Pas d’explication. Pas même un mot pour les passagers qui attendaient ce navire à Alger ou Oran. En mer, le silence coûte cher.
El Venizelos, un navire à contretemps
El Venizelos n’est pas un inconnu, ancien navire grec, il a longtemps navigué pour d’autres compagnies avant d’être remis à flot pour l’occasion. L’idée d’un affrètement semblait logique. Sur le papier, ses capacités étaient séduisantes. Mais dans les faits, le temps de mise en conformité, les procédures techniques, et les exigences portuaires européennes sont venues briser l’élan.
Et surtout, les ports européens ne sont pas tendres. L’Espagne, la France et l’Italie multiplient les inspections, notamment pour les navires opérant entre le Maghreb et l’Europe. Ce n’est pas une nouveauté. Ce qui l’est, c’est qu’un navire non préparé ait été mis en ligne aussi vite.
La saison estivale est une course contre la montre. Chaque semaine compte. 320 traversées sont programmées cet été. Mais déjà, certaines risquent de ne pas être assurées. Affréter un nouveau navire en plein mois de juillet est illusoire, tout le monde est déjà engagé. Et sans solution rapide, ce sont des milliers de voyageurs qui seront affectés.
Selon les données du système Thétis de l’Agence européenne de sécurité maritime (EMSA), la nouvelle rétention est intervenue dans le cadre du mémorandum de Paris, qui encadre les inspections des navires étrangers dans les ports européens. Des non-conformités ont été relevées, sans que le détail ne soit communiqué publiquement.
Les conséquences dépassent le simple retard, elles touchent l’image, la fiabilité, et le lien déjà fragile entre Algérie Ferries et ses usagers. La confiance, dans ce secteur, ne se construit pas avec des prix cassés mais avec des bateaux qui partent et arrivent à l’heure.
Ce n’est pas juste un problème technique. C’est un symptôme. Celui d’une gestion à courte vue, où l’urgence prend le pas sur la préparation, où les annonces précèdent les vérifications. Les ports européens, eux, ne font pas crédit. Ils appliquent. Ils inspectent. Et ils retiennent.
Et pendant que le le nouveau navire d’Algérie Ferries reste à quai, ce sont des familles qui attendent, des billets qui se décalent, et une compagnie qui, une fois de plus, peine à tenir ce qu’elle promet.