Le prix de 100 euros en DZD connaît un écart notable entre le marché officiel et le square d’Alger. Ce différentiel s’observe aussi sur d’autres devises étrangères échangées dans la capitale. État des lieux actualisé des taux pratiqués et éléments d’analyse.
À Alger, le square Port-Saïd reste un point de référence pour de nombreux particuliers souhaitant convertir des devises étrangères. Bien que ce marché parallèle ne soit pas reconnu officiellement, il constitue pour beaucoup une source accessible face aux contraintes du circuit bancaire formel. En mai 2025, la situation montre une fois de plus un écart important entre les deux circuits, tant pour l’euro que pour d’autres monnaies.
Dans le détail, les taux pratiqués ne suivent pas ceux du marché interbancaire, et le différentiel reflète à la fois des arbitrages individuels et des dynamiques liées à la demande en devises. Ce constat concerne particulièrement l’euro, mais aussi le dollar américain, la livre sterling ou encore le franc suisse.
Prix de 100 euros en DZD écart entre square d’Alger et marché officiel
Sur le marché parallèle de Port-Saïd, le prix de 100 euros en DZD s’établit à 25 800 DZD à la vente et 25 600 DZD à l’achat, soit un taux de 258 DZD/1 EUR et 256 DZD/1 EUR respectivement. À titre de comparaison, le taux officiel publié par la Banque d’Algérie est de 149,10 DZD pour 1 euro, soit un écart de 73% entre les deux marchés.
Ce différentiel de taux entre les deux circuits impacte directement les calculs de conversion, notamment pour les transactions de faible ou moyenne valeur. Il s’applique aussi bien à l’achat de devises pour les voyages qu’au transfert informel de capitaux.
Le cours spot affiché sur le marché parallèle reflète principalement l’évolution de la demande locale, sans lien direct avec le taux directeur de la Banque centrale. La cotation du dinar sur le marché interbancaire reste indexée à des régulations strictes, alors que le square réagit à des logiques de circulation réelle des devises physiques.
Comparatif des autres taux euro dollar livre et autres devises
Outre l’euro, les autres principales monnaies échangées au square d’Alger présentent également un spread significatif par rapport au marché officiel.
- Dollar US : 236 DZD (vente), 233 DZD (achat) au square, contre 133,40 DZD sur le marché officiel. Un écart de l’ordre de 77%.
- Livre sterling (GBP) : 302 DZD (vente), 299 DZD (achat) au square, contre 177,40 DZD officiellement.
- Dollar canadien (CAD) : 162 DZD (vente), 158 DZD (achat) contre 95,51 DZD selon la cotation interbancaire.
- Franc suisse (CHF) : 275,5 DZD (vente), 272 DZD (achat), à comparer aux 159,52 DZD du marché officiel.
- Riyal saoudien (SAR) : 61,5 DZD (vente), 61 DZD (achat) contre 35,56 DZD officiellement.
- Yuan chinois (CNY) : 32 DZD (vente), 31,5 DZD (achat) contre 18,51 DZD sur le marché officiel.
- Dinar tunisien (TND) : 76,5 DZD (vente), 75,5 DZD (achat), taux officiel à 44,21 DZD.
- Dirham des Émirats arabes unis (AED) : 63 DZD (vente), 62,5 DZD (achat) contre 36,32 DZD au marché interbancaire.
L’ensemble de ces taux révèle un écart moyen compris entre 65% et 85% selon la devise considérée. Ce différentiel n’est pas uniquement structurel : il peut varier en fonction de l’offre disponible et des flux de billets physiques dans la capitale.

Lecture technique des écarts taux euro dollar dinar sur les deux marchés
L’analyse des écarts s’appuie sur deux mécanismes principaux. D’abord, la déconnexion entre le marché informel et le système bancaire limite la convertibilité des devises selon les besoins des usagers, créant une demande excédentaire hors circuit officiel. Ensuite, la réglementation des importations, couplée à une restriction de la disponibilité des devises étrangères, génère un ajustement par les prix sur les places non régulées.
Le spread euro/dinar s’explique également par la stabilité relative de l’euro sur les marchés internationaux face au dinar algérien, dont la dépréciation nominale reste contenue dans le cadre du régime de change administré. Cette dualité des marchés (officiel / parallèle) crée des repères de prix différents, avec des volumes échangés qui ne sont pas comptabilisés dans les statistiques officielles de la balance des paiements.
À noter que le taux officiel est utilisé pour les transactions bancaires, les importations régulées et les transferts supervisés, tandis que le taux parallèle est davantage utilisé dans les opérations de change au comptant entre particuliers.
Sur les marches du square, une petite foule s’est rassemblée autour d’un vendeur discret. Une voix s’élève : « C’est combien pour cent euros aujourd’hui ? » La réponse, quasi immédiate, ne laisse pas de place au doute : « Deux cent cinquante-huit. Pas un dinar de moins. »