Le taux de change de 100 euros en baisse face au dinar reflète un mouvement notable sur le marché informel, avec un recul enregistré ce jeudi 15 mai 2025. La demande en devises fléchit, entraînant des ajustements sur les principales monnaies étrangères à Alger.
Le billet de 100 euros connaît une dépréciation inhabituelle sur le circuit informel algérien en ce milieu du mois de mai. Coté à 259 DZD à la vente au square Port-Saïd d’Alger, il pourrait poursuivre sa baisse jusqu’à 255 DZD, voire 250 DZD selon plusieurs opérateurs de change informels. Cette tendance s’explique principalement par une diminution de la demande en devises sur le marché parallèle.
D’après les cambistes, la dynamique actuelle du change euro/dinar pourrait se maintenir à court terme. L’achat de l’euro est actuellement proposé autour de 256 à 257 DZD, ce qui traduit un resserrement de la marge d’échange. Le reflux de la demande s’inscrit dans un contexte de transition entre deux périodes de forte activité économique : la fin du ramadan et l’approche de l’Aïd El-Adha, qui pourrait inverser cette tendance dès le début juin.
100 euros en baisse face au dinar : une variation influencée par la saisonnalité
La valeur de l’euro sur le marché parallèle n’évolue pas en vase clos. Les fluctuations observées s’expliquent souvent par des facteurs conjoncturels. En ce moment, la baisse du billet de 100 euros s’inscrit dans une phase de creux saisonnier. Historiquement, les flux de devises connaissent une accalmie entre deux pics de demande : les fêtes religieuses, le pèlerinage et les vacances estivales.
À la veille de l’Aïd El-Adha, prévu dans la première quinzaine de juin 2025, la diaspora algérienne n’a pas encore enclenché ses transferts massifs de devises. Cette absence temporaire de pression sur le dinar alimente sa légère appréciation. Ce contexte permet d’envisager une remontée du taux euro/dinar dès la fin du mois.
État des lieux du marché informel et officiel des devises
Un tour d’horizon des devises étrangères permet de mieux situer la position de l’euro dans le spectre monétaire actuel. Sur le marché informel d’Alger, les cotations affichées ce 15 mai sont les suivantes :
- Euro (EUR) : 259 DZD à la vente / 256 DZD à l’achat
- Dollar américain (USD) : 236 DZD à la vente / 233 DZD à l’achat
- Livre sterling (GBP) : 301 DZD à la vente / 298 DZD à l’achat
- Dollar canadien (CAD) : 162 DZD à la vente / 158 DZD à l’achat
- Franc suisse (CHF) : 276 DZD à la vente / 273 DZD à l’achat
- Riyal saoudien (SAR) : 62 DZD à la vente / 61 DZD à l’achat
- Yuan chinois (CNY) : 32,5 DZD à la vente / 32 DZD à l’achat
- Dinar tunisien (TND) : 77 DZD à la vente / 76 DZD à l’achat
- Dirham des Émirats (AED) : 63 DZD à la vente / 62,5 DZD à l’achat

En comparaison, les taux officiels publiés par la Banque d’Algérie présentent des écarts notables, reflet du différentiel entre offre formelle et informelle :
- Euro : 148,67 DZD
- Dollar américain : 133,05 DZD
- Livre sterling : 176,43 DZD
- Dollar canadien : 95,15 DZD
- Franc suisse : 155,98 DZD
- Riyal saoudien : 35,47 DZD
- Yuan chinois : 18,47 DZD
- Dinar tunisien : 43,80 DZD
- Dirham EAU : 36,22 DZD
Fluctuation des devises et comportement du marché parallèle
La baisse temporaire de certaines devises, dont l’euro, s’explique également par une moindre demande structurelle. Sur le marché informel, cette dynamique se vérifie pour d’autres monnaies comme le dollar canadien et le franc suisse, tous deux en léger repli. À l’inverse, la livre sterling conserve un niveau élevé, approchant les 300 DZD, soutenue par une présence stable de demandeurs spécifiques, notamment pour les transferts universitaires et médicaux.
Il est important de noter que le différentiel entre le marché officiel et parallèle dépasse les 100 DZD pour 1 euro, ce qui souligne l’ampleur de l’écart entre les deux circuits. Ce phénomène persiste malgré les mesures de régulation et reflète la dépendance du marché informel aux flux physiques de devises.

Vers une nouvelle tendance avec le retour de la diaspora
La situation actuelle pourrait évoluer rapidement. La période estivale, combinée aux célébrations de l’Aïd, est traditionnellement marquée par un afflux important de capitaux en provenance de la diaspora algérienne. Ce phénomène saisonnier est susceptible de stimuler la demande en devises, en particulier l’euro, ce qui pourrait renverser la courbe actuelle.
L’impact sur le dinar algérien dépendra alors du volume global des échanges et du comportement d’achat dans les grandes villes comme Alger, Oran et Constantine. À court terme, la vigilance s’impose pour les acteurs économiques opérant avec des monnaies étrangères, en raison de la volatilité inhérente au marché informel.