En 2026, le projet de loi de finances prévoit une hausse inédite des droits de timbre liés aux titres de séjour et à la naturalisation française. Présentée comme une harmonisation européenne, cette mesure risque surtout d’accentuer la précarité des personnes étrangères, déjà confrontées à des démarches longues, coûteuses et complexes.
Une hausse des droits de timbre qui fragilise les personnes étrangères
Le gouvernement français s’apprête à franchir un nouveau cap avec le projet de loi de finances 2026 : une hausse des droits de timbre appliqués à toutes les démarches liées au séjour, à la régularisation et à la naturalisation. Cette mesure, justifiée par une prétendue « harmonisation européenne », inquiète profondément les associations de défense des droits humains. Pour La Cimade, le Gisti et le Syndicat des avocat·es de France, cette politique revient à taxer le droit de vivre et de travailler en France.
La hausse des droits de timbre intervient alors que la France est déjà l’un des pays d’Europe où le coût du titre de séjour est le plus élevé, surtout au regard du pouvoir d’achat des personnes concernées. Un rapport parlementaire de 2019 avait pourtant alerté sur ces excès, entraînant une réduction partielle des taxes. Mais en 2026, le gouvernement opère un retour en arrière qui pourrait plonger de nombreuses familles dans une nouvelle précarité administrative.
Des titres de séjour plus chers, une naturalisation hors de portée
La réforme prévue pour 2026 prévoit une explosion du coût des titres de séjour, mais aussi du visa de régularisation et des frais de naturalisation française. Chaque étape du parcours administratif devient ainsi un poste de dépense majeur : renouveler un titre, régulariser sa situation ou demander la nationalité française coûtera bientôt bien plus cher qu’auparavant.
Ces nouvelles taxes sont perçues comme injustes et discriminatoires. Pour les associations, il s’agit d’un obstacle financier délibéré, ajouté à un système déjà complexe : dématérialisation des démarches, lenteur des préfectures, files d’attente numériques, ou encore délivrance systématique de titres d’un an seulement, qui obligent à repayer chaque année.
La précarisation administrative : un système entretenu
Depuis la loi Darmanin de 2024, l’accès à un titre de séjour pluriannuel est devenu plus rare. La plupart des étrangers doivent désormais renouveler leur titre tous les douze mois, ce qui multiplie les frais et l’incertitude. Avec cette hausse des droits de timbre 2026, le coût du séjour légal devient presque insoutenable pour beaucoup.
Cette précarisation n’est pas un hasard, elle est le fruit d’une politique qui rend volontairement l’accès aux droits difficile. Démarches dématérialisées, guichets fermés, sites inaccessibles… Les personnes étrangères doivent désormais maîtriser des procédures numériques complexes pour simplement obtenir ou renouveler un document essentiel à leur survie sociale et professionnelle.
Un « racket institutionnel » dénoncé par les associations
Le communiqué publié par La Cimade, le Gisti, le SAF et Avocats pour la défense des droits des étrangers parle sans détour d’un « racket institutionnel ». En rendant les titres de séjour plus chers, l’État transforme un droit fondamental en source de revenus. Les associations rappellent que ces taxes frapperont en priorité des femmes, des hommes et des familles déjà en situation économique fragile.
Pour elles, cette mesure s’inscrit dans une logique d’exclusion, la politique migratoire actuelle tend à dissuader plutôt qu’à intégrer, à soupçonner plutôt qu’à accompagner. Derrière les chiffres et les décrets, ce sont des vies entières qui basculent, un étudiant qui abandonne son cursus faute de moyens, un parent séparé de sa famille à cause d’un titre expiré, un salarié licencié pour absence de régularisation à temps.
Une cohérence budgétaire au détriment des plus pauvres
La hausse des droits de timbre 2026 n’est pas un cas isolé. Elle s’ajoute à d’autres mesures comme la hausse des franchises médicales ou la suppression de l’APL pour les étudiants étrangers, autant de décisions qui font payer aux plus vulnérables le prix de l’austérité budgétaire.
Loin d’encourager l’intégration, cette politique nourrit la précarité et le sentiment d’exclusion. Le droit au séjour devient un luxe administratif, et l’obtention de la nationalité française un objectif hors de portée pour des milliers de personnes pourtant installées et actives en France depuis des années.
Les associations signataires appellent le gouvernement à revenir sur cette mesure et à garantir un accès équitable aux droits. L’obtention d’un titre de séjour ou de la naturalisation française ne doit pas dépendre du revenu, mais du respect des principes d’égalité et de dignité.
La hausse des droits de timbre 2026 est plus qu’une décision technique, c’est un choix de société. Une société juste protège les plus fragiles, elle ne les taxe pas pour exister.