Depuis quelques jours, les réseaux sociaux s’enflamment autour d’une information choc, l’euro bientôt à 270 dinars algériens sur le marché noir. Une nouvelle qui alimente l’inquiétude des ménages et des voyageurs, mais qui reste à vérifier face aux données réelles des cambistes et de la Banque d’Algérie.
Le square Port-Saïd à Alger, véritable baromètre du marché parallèle, est au centre de toutes les spéculations. Entre rumeurs virales et réalité des transactions, l’euro continue de grimper sans toutefois franchir la barre symbolique des 270 dinars. En parallèle, le dollar suit une trajectoire similaire sur le marché noir, alors même que les cotations officielles affichent une tendance inverse. Cette contradiction alimente le débat sur l’écart grandissant entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle, reflet des déséquilibres structurels de l’économie algérienne.
L’euro bientôt à 270 dinars algériens, rumeurs et réalité autour du marché noir
Des captures d’écran circulent : « 1 € = 270 DZD sur le marché noir ». La panique s’installe parmi les petits commerçants, les importateurs et le grand public. Mais cette affirmation se heurte aux faits vérifiables. À Alger, les cambistes du Square Port-Saïd proposent l’euro autour de 264,5 dinars au 22 septembre 2025, un peu en retrait de ses records observés plus tôt dans l’année.
Le marché parallèle, totalement hors de contrôle officiel, fonctionne sur la spéculation, l’offre rare de devises, et surtout des flux d’informations parfois trompeuses. Le seuil de 270 DZD est souvent brandi pour créer un sentiment d’urgence, vendre maintenant, acheter vite, remonter les prix. La nature opaque du marché favorise ce type de manipulations.
Mais les cambistes ne confirment pas ce cap. Le livre noir des devises, version informelle, affiche des niveaux élevés. de 256 à 265 DZD, mais pas ce seuil “inédit”. Certains médias économiques locaux soulignent même un léger repli, l’euro est redescendu après avoir flirté avec ses maxima.
Cours réels, où en est l’euro aujourd’hui ?
Le jeudi 25 septembre, le billet de 100 euros s’échangeait à 26.500 dinars sur le marché noir, soit un taux de 265 dinars pour un euro. Cela représente une hausse de 0,5 dinar par rapport au début de la semaine.
Après avoir connu un repli lundi 22 septembre (256 DZD), l’euro est remonté progressivement, atteignant ainsi son plus haut niveau historique, mais sans jamais franchir le cap des 270 dinars.
Le dollar suit la même tendance
À côté de l’euro, le dollar américain enregistre lui aussi une légère progression sur le marché parallèle.
- Jeudi 25 septembre : 22.950 DZD pour 100 USD, soit 229,5 dinars l’unité.
- Lundi 22 septembre : 229 dinars l’unité.
Si la hausse reste modeste, elle illustre la corrélation entre les deux devises, toutes deux très demandées par les particuliers et les opérateurs économiques.
Comparatif marché noir et taux de change officiels
Les écarts entre le marché noir et la Banque d’Algérie demeurent abyssaux. Alors que le square d’Alger flirte avec des records, les taux bancaires officiels suivent une tendance inverse.
Tableau comparatif : marché officiel vs marché parallèle (septembre 2025)
Produit / contexte | Taux observé approximatif | Remarques / implications |
---|---|---|
Euro → Dinar (officiel) | ~151,50 DZD / € | Cours interbancaire / régulier stabilisé par la Banque d’Algérie. |
Euro → Dinar (parallèle, Port-Saïd) | 264,50 DZD / € | Proposition de cambistes à Alger, le 22 sept. 2025. |
Dollar → Dinar (parallèle) | 229 DZD / $ | Le dollar monte aussi mais reste loin des taux euphoriques affichés. |
Rumeur largement diffusée | 270 DZD / € | Pas confirmé par les acteurs du marché ni documenté comme taux stable. |
L’euro s’échange ainsi à près de 75 % de plus sur le marché noir que dans les banques. Cet écart massif traduit le déséquilibre entre l’offre et la demande de devises dans le pays, aggravé par les restrictions sur les allocations touristiques et les transferts à l’étranger.
Pourquoi cet écart important entre marché officiel et marché noir ?
- Offre de devises comprimée : contrôles des changes, restrictions d’importation et baisse des entrées de devises (exportations non converties, recettes pétrolières cycliques) réduisent l’offre légale.
- Demande soutenue : importateurs, entreprises, diaspora et voyageurs cherchent des euros/dollars pour paiements, achats ou transferts.
- Absence de cadre légal pour le parallèle : le marché noir réagit aux chocs d’offre/demande sans filet ni intervention systématique ; il est donc volatile et sensible aux rumeurs.
Ces éléments amplifient la spéculation locale : une information anxiogène suffit pour pousser la cotation à la hausse pendant quelques heures ou jours.
Pourquoi la rumeur des 270 dinars ?
Plusieurs facteurs expliquent la circulation de cette rumeur :
- Spéculation : certains cambistes entretiennent volontairement l’idée d’une flambée pour pousser les acheteurs à anticiper.
- Réseaux sociaux : des publications virales amplifient de simples fluctuations quotidiennes.
- Contexte économique : inflation, restrictions bancaires et incertitudes alimentent la croyance d’une hausse inévitable.
Même si l’euro n’a pas encore franchi la barre des 270 dinars, sa trajectoire ascendante reste préoccupante. Les experts estiment que sans réformes profondes du système bancaire et sans alternatives crédibles au marché parallèle, l’écart entre le taux de change officiel et le marché noir risque de persister, voire de s’aggraver.
L’euro à 270 dinars sur le marché noir ? Une rumeur qui ne correspond pas encore à la réalité, mais qui traduit une crise de confiance dans le système monétaire algérien. Entre spéculations, restrictions et forte demande, le marché parallèle continue d’imposer sa loi, loin des cotations officielles.