L’euro pique du nez et subit une forte pression sur le marché des devises après l’annonce d’un accord commercial temporaire entre les États-Unis et la Chine. Ce compromis inattendu, visant à réduire massivement les droits de douane bilatéraux, provoque un rééquilibrage rapide des flux financiers mondiaux, avec un net retour des investisseurs vers le dollar américain.
L’accord commercial provisoire signé entre les États-Unis et la Chine bouleverse l’équilibre fragile des marchés financiers internationaux. Annoncée ce 12 mai 2025, la réduction massive des droits de douane réciproques provoque un net redéploiement des capitaux, avec un retour marqué vers le dollar. Dans ce contexte, l’euro plonge après l’accord sino-américain, subissant un recul significatif sur le marché des devises. Cette évolution, inattendue dans son ampleur, témoigne des tensions sous-jacentes entre réalités économiques et décisions géopolitiques.

L’euro pique du nez, chute inattendue de la monnaie unique
L’accord entre Pékin et Washington, annoncé ce lundi 12 mai 2025, a provoqué une onde de choc immédiate sur les marchés. Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a officialisé une trêve de 90 jours sur les barrières douanières réciproques, assortie d’un abaissement conséquent des tarifs appliqués jusque-là. Dans les faits, les droits de douane américains et chinois, qui atteignaient jusqu’à 125 %, seront ramenés à 10 %, avec quelques exceptions, notamment sur des produits sensibles comme le fentanyl.
Les marchés, qui anticipaient un allègement progressif, ont été pris de court par l’ampleur de la baisse immédiate. Ce compromis, qualifié de « réaliste » par plusieurs stratèges, est perçu comme un tournant majeur dans un climat géopolitique tendu depuis des mois. Tai Hui, stratégiste chez JP Morgan à Hong Kong, estime que « cette détente tarifaire marque une reconnaissance mutuelle : les droits de douane pèsent sur la croissance mondiale, et une désescalade devient une nécessité ».
L’euro, victime collatérale du retour en grâce du dollar américain
En première ligne de ce réalignement, la monnaie unique européenne encaisse un recul marqué, chutant de près de 1 % face au dollar pour repasser brièvement sous la barre des 1,115 dollar dans les échanges interbancaires. Un plus bas depuis plusieurs semaines. Ce mouvement s’inscrit dans un contexte de désaffection pour les actifs considérés comme “refuges alternatifs”, tels que le yen japonais, le franc suisse ou même certaines obligations d’État européennes.
L’euro, qui avait profité ces dernières semaines de l’incertitude sur les marchés américains, perd rapidement de son attrait face au retour en force du billet vert. L’apaisement des tensions commerciales, même temporaire, redonne un coup de fouet à la confiance des marchés dans les actifs libellés en dollars américain, tout en affaiblissant les monnaies qui avaient bénéficié d’un effet refuge temporaire.
Conséquences pour les marchés européens
La réaction ne s’est pas limitée aux seules devises. Les obligations souveraines européennes, qui avaient vu affluer les capitaux en quête de sécurité ces derniers mois, accusent également le coup. Les taux se tendent légèrement, reflet d’un désengagement progressif. En parallèle, les places boursières européennes restent prudentes : si une détente commerciale mondiale est une bonne nouvelle sur le long terme, le réajustement brutal des flux de devises pourrait entraîner une période de volatilité accrue à court terme.
Un accord stratégique mais fragile
Malgré l’enthousiasme apparent du marché de change, les analystes restent prudents sur la durabilité de cet accord. Le compromis sino-américain reste conditionné à des engagements mutuels encore flous, et les contentieux structurels entre les deux puissances (technologie, propriété intellectuelle, subventions d’État) demeurent entiers.
De plus, la fenêtre de 90 jours pourrait s’avérer courte pour engager des réformes de fond. En attendant, les investisseurs surveilleront de près les prochains indicateurs économiques, notamment en zone euro, où les problèmes structurels de croissance et d’inflation faible continuent de freiner la Banque centrale européenne dans son action.
Ce recul brutal de l’euro ne peut être lu comme un simple soubresaut de marché. Il révèle, en creux, les fragilités persistantes de la zone euro dans un monde où les rapports de force monétaires évoluent vite, parfois brutalement. L’accord entre Pékin et Washington a fait l’effet d’un électrochoc : il redistribue les cartes et rappelle que la puissance monétaire se joue aussi dans les coulisses diplomatiques.
Si certains y verront une aubaine temporaire pour les exportations européennes, d’autres y liront un signal plus préoccupant : celui d’une monnaie unique vulnérable, réactive plus que proactive, tributaire des choix des autres grandes puissances. Reste à voir si l’Europe saura transformer ce choc en opportunité stratégique, ou si elle continuera de suivre, un pas derrière, les rythmes imposés par les titans économiques du globe.