La réserve d’or de la Banque d’Algérie dépasse désormais celle de toutes les autres banques centrales du continent. Avec 173,5 tonnes recensées au 1er trimestre 2025, elle place l’Algérie en tête de l’Afrique.
À en croire les données du Conseil mondial de l’or, la Banque d’Algérie concentre désormais le trésor aurifère le plus important d’Afrique. Mais derrière ce chiffre impressionnant se cache un sous-sol prometteur, des défis technologiques et une opportunité majeure pour diversifier l’économie nationale. Mais cette richesse, si elle reste dormante, soulève une question essentielle, comment en faire un véritable levier économique ?
Une réserve d’or de la Banque d’Algérie encore sous-utilisée
Au cœur des coffres de la Banque d’Algérie repose une richesse discrète mais puissante, 173,56 tonnes d’or. Ce chiffre fait de l’Algérie le pays africain disposant de la plus grande réserve d’or au 1er trimestre 2025, selon les données du Conseil mondial de l’or. À titre de comparaison, la Libye suit avec 146,6 tonnes, puis l’Égypte avec 128 tonnes.
Ce stock ne doit rien au hasard. Depuis 2020, la Banque d’Algérie a renforcé ses avoirs en or pour diversifier ses réserves et se prémunir contre la volatilité des marchés pétroliers. Dans un contexte où l’once d’or a frôlé les 3 500 dollars, ces lingots représentent un précieux filet de sécurité.
Au tout début de 2025, la réserve d’or de l’Algérie affichait 173,56 tonnes, devant la Libye et l’Égypte, réunissant près de 70 % des réserves aurifères officielles du continent. Ce positionnement stratégique vient s’inscrire dans une politique délibérée : limiter les risques liés à des revenus dépendants des hydrocarbures et stabiliser les actifs financiers de l’État. L’or, qui a flirté avec des sommets à 3 500 $ l’once en avril, se révèle être un actif refuge, notamment en période d’incertitudes géopolitiques et économiques.

Classement Africain de réserve d’or
Pays | Réserve d’or (tonnes) | Classement Africain | Classement mondial |
---|---|---|---|
🇩🇿 Algérie | 173,56 | 🥇 1er | 25e environ |
🇱🇾 Libye | 146,65 | 2e | 30e |
🇪🇬 Égypte | 128,00 | 3e | 33e |
🇿🇦 Afrique du Sud | ~125,00 | 4e | 34e |
🇳🇬 Nigeria | ~21,00 | 5e | 70e+ |
Si l’Algérie domine le continent, elle reste très loin des géants mondiaux comme :
- 🇺🇸 États-Unis (8 133 tonnes),
- 🇩🇪 Allemagne (3 352 tonnes),
- 🇨🇳 Chine (2 262 tonnes).
Sous-sol algérien : un trésor, mais à quel coût ?
Les études géologiques font état d’un potentiel d’environ 121 tonnes d’or exploitables, contenu dans des roches quartzifères complexes, contrairement aux gisements détritiques plus classiques et simples à extraire. Le professeur Abdelhak Boutaleb, géologue de renom, explique que ce type d’or exige des technologies avancées et des compétences pointues pour être exploité efficacement. «Nos installations minières peuvent être modernisées pour répondre aux standards internationaux, notamment grâce à des investissements publics et privés, en partenariat avec des acteurs expérimentés», suggère le professeur, Malgré ces barrières techniques et logistiques, des sites comme Tirek et Amesmessa, dans le massif du Hoggar, témoignent d’une richesse réelle et sous-exploitée.
Si la Banque d’Algérie possède les plus grosses réserves, ces dernières restent enfermées dans des coffres elles ne créent ni emplois ni valeur locale. Transformer cet or en moteur économique passe par la modernisation minière, exploration plus fine, infrastructure logistique adaptée, exploitation raisonnée et ouverture à des partenariats internationaux. Une stratégie bienvenue alors que les revenus du secteur pourraient atteindre 6 à 7 milliards de dollars, selon certaines estimations, dépassant potentiellement les retombées du pétrole sur le long terme.
Une opportunité pour la diversification économique
Transformer cette manne potentielle en richesse réelle exige une mobilisation d’envergure. Il s’agit de mener des campagnes géologiques plus fines, cartographier précisément les zones prometteuses, déployer routes et installations électriques dans des régions isolées. Il faudra surtout bâtir un environnement législatif et sécuritaire stable : modernisation du cadre juridique des mines, accompagnement des orpailleurs, transparence financière et confiance des investisseurs publics comme privés.
Pour l’Algérie, l’or n’est pas seulement une réserve de valeur, c’est un levier puissant pour diversifier une économie encore marquée par les hydrocarbures. Le développement d’une filière aurifère bien encadrée pourrait créer des emplois durables, dynamiser des zones désertiques, attirer des investissements étrangers et stimuler des industries annexes comme la transformation, la logistique, la formation technique ou la technologie minière.
Avec 173 tonnes d’or, la Banque d’Algérie détient la plus grosse réserve africaine. Mais au-delà de ce chiffre historique, se profile une réalité géologique et économique complexe. Il reste à transformer cette réserve en atout stratégique, via un plan d’exploitation respectueux, une infrastructure adaptée et des partenaires de confiance. Si l’enjeu est immense, le potentiel l’est tout autant : pour l’économie algérienne, c’est une occasion rare de rebondir avec l’or comme catalyseur de croissance et de nouveau modèle de développement.